Puis, Dieu dit « Que la Lumière soit ». Et la Lumière fut. Et la Lumière fit l’Espace, et l’Espace sculpta le Temps.
En sortant du visionnage, un de mes meilleurs amis (qui avait détesté le film), se fendit d’une remarque incroyablement pertinente, dont il ne soupçonnait sans doute pas qu’elle allait me servir à construire une réflexion pour justifier du caractère sublime de ce projet fou : « En quoi est-ce que cette espèce de performance d’Art contemporain débile est un Space Opera ? »
En soit, il avait raison. Dire d’une œuvre qu’elle est un Space Opera légitime certaines attentes de la part du public. Tout un imaginaire surgit à la simple évocation du terme, avec ses codes, son imagerie, sa poésie. Les planètes, les galaxies, les Soleils et leurs morts irrémédiables, dansant à l’unisson dans une frénésie chaotique que Justice aurait célébré…
Et pourtant, cet Espace-là, n’est pas. IRIS est une matrice d’obscurité.
Des planètes, il y en aura. Parfois, rarement : comme des illustrations fugitives. Des distractions… Car IRIS, est un film sur la Lumière. Ses errements, ses danses, sa puissance évocatrice…. Son pouvoir de création. Un Monde où l’Espace n’existe que parce que la Lumière le dessine, le modifie, le pervertie au gré de ses fantaisies scénographiques : le haut, le bas, la droite, la gauche, le grand, le petit voilà que tout fusionne, mute, s’accouple devant la caméra d’André Chemetoff…. Et ainsi se construit l’odyssée, dans les abîmes d’un noir absolu où tout est possible. Un magma imprévisible. Ainsi débute la transe.
Car au milieu de ce déferlement abstrait, Gaspard et Xavier jouent, continuent de jouer comme si cette apocalypse n’avait pas lieu, comme si l’épilepsie n’était pas en train de gagner le spectateur. La nonchalance qui leur a tant été reprochée n’en devient qu’argument cinématographique. Alors que nous, spectateurs, sommes prisonniers du spectacle, prisonniers d’un monde vide qui se construit et se déconstruit perpétuellement, prisonniers de la lumière et de ses velléités : eux, sont libres.
Car si la Lumière est porteuse d’Espace, eux sont porteurs de Lumière. Ils jouent, et la Lumière est. Et lorsque la musique n’est plus, que le film s’arrête… Alors ils s’en vont, laissant la salle se rallumer, et apparaître dans toute sa laideur de hangar désert. Ils partent, nonchalants, car ce n’est pas le Monde qui est l’enceinte de leur musique, mais la musique elle-même qui est un Monde. Et il faut croire qu'ils n’ont plus envie de jouer.
Cet anti-climax qui parachève la démesure du show, laisse sur un sentiment bien étrange… ainsi ce Monde aussi s’achève, et meurt avec lui la Lumière créatrice d’Espace.
Tout ça n’était qu’une abstraction.