Tout avait commencé avec un film d’action humble et impactant devenu culte : la série B de luxe « John Wick », réalisée en duo par deux anciens cascadeurs. Une histoire simple à base de vengeance (le héros veut éliminer ceux qui ont tué son chien, ce qui a pour conséquence un effet boule de neige sur une organisation criminelle dont il fait partie) qui a révolutionné le cinéma d’action, notamment de combat à mains nues et de fusillades. Superbement réalisé, esthétiquement marquant, doté de scènes d’action parfaitement chorégraphiées en plus d’être agréables à regarder et dominé par un héros au charisme indéniable, ce fut une petite surprise et un sommet du genre. Le succès d’estime en salles et le bouche-à-oreille ont rendu le film de plus en plus culte, ce qui a immédiatement déclenché une suite qui a doublé le score de l’original au box-office tout comme ont été doublés les combats et la mythologie autour du héros et de cette organisation appelée la Table Haute. Des séquences encore plus impressionnants et nombreuses et un héros toujours plus crépusculaire mais l’aspect nouveauté en moins. Et, depuis, on tombe dans le syndrome « Fast and Furious » : toujours plus de succès en salles à chaque épisode et toujours plus de séquences de combats de toute sorte pour l’opus suivant. Et ce qui commençait déjà à pointer le bout de son nez dans le troisième épisode est ici extrapolé : la surenchère à tous niveaux, le manque de crédibilité, une mythologie densifiée de manière exagérée et prétentieuse ainsi qu’un héros tellement increvable que cela en devient presque ridicule. Alors on reste pour les sublimes cascades, uniques en leur genre, et la beauté des plans. Pour le reste, il faut se farcir près de trois heures de film aux combats exagérément longs et à l’histoire qui tient sur un ticket de métro (parisien). En somme, la magnificence du premier, un chef-d’œuvre du genre, se retrouve de plus en plus entachée sur l’autel du trop et du dollar.
« John Wick, chapitre 4 » n’est pas un mauvais film pour autant. Et il ravira les amateurs de combats à mains nues et de gunfights par sa préciosité et sa précision d’orfèvre a ce niveau. Si l’on accepte l’invincibilité presque christique de personnage principal (Keanu Reeves devenu presque robotique ou fantomatique, au choix), rescapé on ne sait trop comment de son tir de balles et de sa chute de plusieurs étages dans le précédent, on peut se prendre au jeu de ce tour du monde en trois actes qui veut remettre à zéro les compteurs du cinéma d’action. Le premier acte au Japon est le moins bon, surtout que le film peine à démarrer (sur trois heures c’est déjà mal parti...). Les combats sont plus classiques et on a déjà vu cela en mieux dans les épisodes précédents. Le second acte en Allemagne a de la gueule grâce à son esthétique et son combat dans un gros club berlinois (où la vie nocturne berlinoise est d’ailleurs totalement clichée et à côté de la plaque bien qu’apparaisse Sven, le mythique cerbère du Berghain). Mais c’est le dernier acte à Paris, et surtout son incroyable séquence devant l’Arc de triomphe à base de carambolages entre tueurs et véhicules (!) qui s’avère le point d’orgue du film. Après ce moment-là, même le final nous lasse tellement on est exténué par un tel tour de force. Normalement. Cet opus est le dernier et tant mieux, même si des spin-offs sont prévus. La mythologie finissait par tourner en rond, notre acteur à fatiguer et les séquences de combats devenant de plus en plus longues et redondantes. John Wick a marqué dix ans de cinéma d’action, il est temps de passer le relais. Et même si ce « John Wick, chapitre 4 » en met plein la vue et s’apparente presque à un jeu vidéo, un autre film du même genre garde la Palme d’or du jamais vu niveau action de ce type: il s’agit de « The Raid 2 ». Point et rendez-nous John Wick premier du nom.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.