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    Armageddon Time
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Armageddon Time" et de son tournage !

    Cannes 2022

    Le film a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.

    Retour aux sources

    Les cinq premiers films de James Gray avaient pour cadre New York. Le réalisateur s'est ensuite aventuré dans la jungle avec The Lost City of Z puis dans l'espace avec Ad Astra. Armageddon Time marque un retour non seulement à New York, mais aussi dans le quartier de maisons mitoyennes de Flushing, dans le Queens, où il a grandi. "Je suis allé dans la jungle et dans le cosmos, et j’ai adoré ça. Mais à un moment donné, on comprend que l’infini est en soi. Et, si on parvient à s’exprimer sincèrement et sans détour, c’est ce qu’on peut faire de mieux. Je voulais rentrer à la maison, et faire un film qui serait le plus personnel possible."

    Le film le plus personnel de James Gray

    Avec Armageddon TimeJames Gray revisite son enfance. Il a grandi avec un frère aîné et des parents tous deux enfants d’immigrés juifs aux États-Unis. Son père, fils de plombier, n’a pas eu une enfance facile, mais il était parvenu à se hisser dans la classe moyenne en devenant ingénieur. Sa mère était enseignante et présidente de l’association des parents d’élèves. James Gray souhaitait inscrire cette histoire personnelle dans l’histoire américaine et les courants culturels des années 1980. Il s'était lié d'amitié avec un petit garçon noir, avec lequel il avait été surpris à fumer un joint dans les toilettes du collège. Cet incident n'a pas eu le même impact sur le parcours des deux enfants: "En tant que blanc, je n’avais pas conscience que ma race et ma classe sociale m’octroyaient le bénéfice du doute, me donnaient droit à une deuxième chance, voire une troisième. Le fait de ne pas se rendre compte, de ne pas relever, est un luxe et un privilège immérité. J’ai voulu que mon film scrute les lignes de fracture de classes et de races dans mon pays et les aborde en toute honnêteté." À cela s'est ajoutée la relation privilégiée qu'il entretenait avec son grand-père, qui lui a permis de développer sa conscience morale.

    Armagideon Time

    Le titre est une référence à la chanson de reggae Armagideon Time, (initialement écrite et composée par Willie Williams) reprise par les Clash en 1979. C'est aussi une façon d'évoquer la menace d'une guerre nucléaire. James Gray explique : "C’était dans la bouche de tous les hommes politiques, et derrière ce titre, il y a l’idée que cette "mise à l’écart" de Paul représente pour lui un Armageddon. Le fait d’aller dans une nouvelle école, d’entendre le mot "nègre" proféré sans retenue, d’assister aux interventions de la famille Trump leur expliquant qu’ils n’avaient jamais été des privilégiés, quand c’est tout le contraire, tout ça le choque profondément".

    Un tournage décalé

    Le tournage devait débuter en 2020 mais a dû être annulé à cause de la pandémie de Covid. Il a finalement fallu attendre l’été 2021 pour que la pré-production débute, avant le tournage en octobre 2021.

    Anne Hathaway

    Comme il avait écrit un scénario qui mettait en scène les membres de sa famille, James Gray n’avait pas d'acteurs précis en tête pour le casting. Le premier nom qui fut évoqué pour le rôle d'Esther Graff était celui d’Anne Hathaway. Le réalisateur se souvient : "J’ai trouvé l’idée intéressante. J’aime son travail, et ses interprétations, dans des films comme Rachel se marie, se sont avérées très audacieuses. Sa participation est un atout formidable." L’actrice a rejoint le projet au printemps 2020 après avoir lu le scénario : "J’ai tout de suite eu beaucoup de tendresse pour l’histoire. Connaissant la force de conteur de James, autant au niveau visuel qu’émotionnel, je pouvais imaginer la façon dont il allait faire de cette histoire personnelle, un film aussi touchant que dérangeant."

    Succession

    Quand le casting débuta en 2021, James Gray n’avait pas encore regardé la série Succession, dans laquelle joue Jeremy Strong. Sur les conseils d'un ami, il s'est lancé et a été aussi bien séduit par la série que par le comédien. Les deux hommes se sont rencontrés par Zoom puis l'acteur est venu à New York pour apprendre tout ce qu’il y avait à savoir sur son père mais aussi sur la vie et l’enfance du cinéaste. "Il y avait beaucoup de choses à emmagasiner : la musique qu’il écoutait, ses goûts et ses intérêts. On s’est baladés ensemble dans le Queens et c’était pour moi comme une visite guidée de son univers. Je l’ai bombardé de questions pour essayer de me faire un portrait composite de son père et d’en intégrer certains aspects, l’idée n’étant pas d’en faire une imitation, mais de comprendre la nature de cet homme, son essence."

    Un Britannique aux États-Unis

    Pour Anthony Hopkins, qui est britannique, faire un film sur une famille dans cette partie de l’Amérique était intrigant. Le grand-père de James Gray avait grandi en Angleterre où sa mère avait trouvé refuge après le meurtre de ses parents par les Cosaques. Le réalisateur se souvient : "Il avait une façon d’être très raffinée qui venait d’Angleterre et qui ne l’a jamais quitté. Il ressemblait beaucoup à Tony dans le film, avec sa chemise blanche boutonnée jusqu’au col, sa cravate. Il y avait quelque chose de très distingué chez lui, en toutes circonstances". 

    Le casting des enfants

    Trouver les jeunes interprètes de Paul et Johnny n'a pas été chose aisée, comme l’explique le producteur Marc Butan: "Quand on cherche de jeunes acteurs de cet âge (12-14 ans), les références sont minces, pas de longue filmographie ni de rôle majeur. Ce qui veut dire beaucoup plus de recherches et d’auditions. James Gray et Doug Aibel, le directeur de casting, ont ainsi fait un long et laborieux travail". Jaylin Webb avait très peu d'expérience au cinéma, tandis que Banks Repeta avait déjà fait ses preuves dans Le Diable, tout le temps (où il joue Tom Holland enfant) et Black Phone.

    À la recherche du temps perdu

    James Gray retrouve sur Armageddon Time le directeur de la photographie Darius Khondji, avec lequel il avait travaillé sur The Immigrant. Le réalisateur avait comme référence pour la tonalité de son film À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. "James voulait donner à son film cette impression de temps perdu, d’un lieu et de personnes qui ne sont plus, à travers la lumière, les mouvements de caméra. Il voulait que son film ait un peu l’air d’une histoire de fantômes. J’adore les fantômes et les histoires de fantômes, et c’est comme ça que j’ai interprété les choses. Je me suis mis en mode passéiste, sachant qu’il voulait aussi certains moments de comédie", explique le directeur de la photo.

    Les photographies couleur d’Helen Levitt et de Saul Leiter ont également servi de références au réalisateur et à son chef opérateur. Ils ont aussi regardé une sélection de films des années 70, voulant qu’Armageddon Time ressemble à un film tourné en 1979-1980 qui serait sur le point d’être restauré.

    Numérique

    James Gray voulait que le film ait l'air d'avoir été tourné en 1979-1980, avec un effet délavé et très peu de contraste. Ironiquement, il lui a fallu tourner en numérique pour obtenir le résultat voulu : "les supports argentiques ne réagissent plus de la même façon qu’à l’époque, parce que la technologie a tellement évolué depuis 1980, et la qualité de la pellicule est bien meilleure. On a dû avoir recours à un simulacre. On a tourné avec la caméra Arri Alexa 65, on a ensuite transféré les images numériques sur une pellicule photochimique pour les repasser ensuite en numérique." Le directeur de la photographie Darius Khondji détaille : "L’aspect du film est très différent de tout ce que j’ai pu faire jusqu’à présent. J’ai dû approcher les couleurs, les noirs, tout à fait différemment, parce que ce que James m’a dit de l’histoire était radicalement différent de tout ce qu’un réalisateur avait pu me dire avant. Le film est enraciné dans la réalité, presque comme un film d’anthropologie: l’étude d’une famille à un moment donné de l’histoire. Mais c’est en même temps totalement fictif et poétique, une sorte d’illusion. J’ai adoré l’approche très picturale de James, il m’a encouragé à peindre avec la lumière".

    Un adepte du "method acting"

    Dès le début du tournage, Jeremy Strong arrivait 30 min à 1h en avance dans son costume et parlait des nouvelles du jour, comme s'il vivait dans les années 80. Il sortait rarement de la peau de son personnage. Anne Hathaway lui a emboîté le pas, comme s'en souvient le producteur Marc Butan : "ils se mettaient à parler de Jimmy Carter et de Ronald Reagan, de la fermeture de tel ou tel commerce au coin de la rue. Les rôles secondaires arrivaient et entraient dans leur jeu, et quand l’équipe était prête à donner le premier coup de manivelle, ils étaient tous à fond dans leur personnage, et je crois que ça a beaucoup aidé les jeunes acteurs. On avait l’impression de passer le pas de la porte d’une maison de Flushing, à l’époque."

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