En vacances dans les tropiques dans un très chic hôtel avec vue sur l’océan, la famille Cappa s’offre une excursion qu’elle n’est pas près d’oublier. Sur les conseils du directeur du complexe hôtelier, la famille se rend sur une plage isolée que seuls les initiés connaissent. Une fois sur place, ils ne tardent pas à comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche et qui les fait vieillir rapidement, réduisant ainsi leur vie entière en une seule journée.
Pour celles et ceux qui ont connus les débuts du réalisateur au cinéma, on attend toujours son prochain film avec une certaine excitation et surtout, une appréhension. Elle est loin l’époque où il parvenait à nous bluffer avec des films tels que Sixième sens (1999), Incassable (2000) ou encore Le Village (2004). Ces dernières années, M. Night Shyamalan a plutôt tendance à alterner déceptions (Phénomènes - 2008 & After Earth - 2013) & réussites (The Visit - 2015 & Split - 2016).
Bien évidemment, lorsque le tout premier teaser est venu nous titiller, Old (2021) nous a directement donné l’eau à la bouche. Adapté du roman graphique "Château de Sable" du français Pierre Oscar Levy (et illustré par le suisse Frederik Peeters), le pitch de départ s’avérait alléchant et n’augurait que du bon. Sauf qu’une fois de plus, Shyamalan prouve qu’il n’est pas scénariste et son film en fait clairement les frais.
Non seulement le film est plombé par une intrigue mollassonne, mais en plus de cela, on doit se farcir des dialogues totalement à la ramasse à grand renfort d’explication méta inutiles & pompeuses (en gros, les protagonistes expliquent à haute voix ce qui se déroule sur l’île et les effets secondaires subits par chacun d’eux, afin de bien prémâcher les éléments auprès des spectateurs, comme si ces derniers étaient trop cons pour comprendre eux-mêmes les tenants et les aboutissants).
Ajouter à cela, un casting trop hétéroclite et décevant, avec lequel on n’y croit pas un instant (et où l’on ne ressent aucune alchimie), à commencer par le couple formé par le mexicain Gael García Bernal et la luxembourgeoise Vicky Krieps. Idem du côté de l’anglais Rufus Sewell et de l’australienne Abbey Lee (qui partent totalement en vrille). En fait, il n’y a réellement qu’Alex Wolff et surtout Thomasin McKenzie qui tirent réellement leurs épingles du jeu.
On ne pourra pas non plus se rabattre sur la mise en scène, puisque, pour une raison qui nous échappe, à de rares moments, Shyamalan nous offre de très beaux plans, puis à d’autres moments, des plans oniriques en travellings circulaires et d’autres complètement tronqués (filmant de dos qu’une partie des protagonistes). A qui la faute ? Au réalisateur lui-même ou bien à sa fille Ishana qui a été réalisatrice de seconde équipe ? Toujours est-il que l’on ne parvient pas à comprendre où il a voulu en venir et laisse un arrière-goût très mitigé.
Réalisé en un temps record (entre septembre & novembre 2020 en pleine période "Covid19"), le film alterne décors naturels en République Dominicaine & décors intérieurs (pour un huis-clos sur une plage, c’est osé). D’ailleurs, on regrettera le piètre rendu des VFX concernant la plage et sa paroi rocheuse. Peut-être aurait-il été judicieux de ne pas précipiter la sortie en salles pour affiner le rendu des effets-spéciaux ? Sans parler de la décevante photo signée Mike Gioulakis, un chef op’ qui nous avait habitué à bien mieux par le passé, c’est à n’y rien comprendre.
Clairement, de la part d’un film classé PG-13, il ne fallait pas s’attendre à des miracles, malgré une B.A et une affiche qui lorgnent vers l’épouvante-horreur. Shyamalan accouche ici d’un thriller familial qui s’échine à ne jamais faire la moindre vague où la violence et la putréfaction des corps sont soigneusement évités et cela saute aux yeux tant c’est ridicule (
le corps de la compagne de Mid-Sized Sedan, l’opération de la tumeur de Prisca ou encore Kara qui chute violemment de la falaise
, le film s’évertue à ne jamais choquer ou déranger. Et bizarrement, la seule fois où le film prend le risque de choquer et d’être dérangeant, il se vautre littéralement, notamment lorsque
Chrystal se retrouve avec l’intégralité des membres fracassés
). Alors que le film aurait justement pu nous offrir des effets dignes de ce nom en renforçant le côté « body horror » lié au vieillissement, le film fait complètement l’impasse.
L’exemple typique du film qui ne se repose que sur un high-concept et sur son cinéaste. Sauf que le résultat final s’apparente plus à un pauvre pétard mouillé qu’autre chose.
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