Il est facile de considérer Old de M. Night Shyamalan comme mauvais, de s'en prendre à un scénario contenant des trous aberrants ou de décrier des solutions tombées du ciel notamment
lors de la résolution à la fin du film où les deux personnages principaux arrivent à s'échapper
. Mais c'est alors oublier tout le travail de Shyamalan en terme de mise en scène, ainsi que d'une quête de profondeur chez les personnages, accompagné d'une réflexion abrasive sur le temps passé et le temps qui passe.
Premièrement, la mise en scène nous laisse, pour ne pas dire comblés, disons agréablement surpris, face à des travellings et panoramiques circulaires (les enfants jouant sur la plage, le tour du groupe après les premières découvertes intrigantes qui, à la fois sépare les personnages dans des espace-temps différent mais permet aussi de représenter cette notion de temporalité diffuse). Shyamalan nous donne alors les clés visuelles pour étoffer le film, en y ajoutant un sens méta particulièrement prenant grâce au rôle qu'il s'est gracieusement donné et qui reflète sa position en tant que réalisateur.
Mais au-delà d'une mise-en-scène intéressante, la question des personnages était probablement cruciale dans l'esprit du réalisateur. Car l'intrigue aurait pu stagner, par des jeux visuels, sur la vieillesse et ses dégâts physiques, mais dans Old, Shyamalan va bien plus loin. Il pousse ses personnages dans leurs retranchements, et, en partant de situations simplistes, comme celle des personnages principaux (un couple prêt à se séparer et des enfants encore jeunes), Shyamalan réussit à développer l'évolution des personnages sur une vie entière, puisque accélérée. C'est alors qu'on rencontre une certaine sagesse de fin de vie chez les parents, des promesses d'adolescents chez le plus jeune, des regrets, des remords, le chagrin et la déception de l'arrivée dans les monde des "adultes". Autant d'émotion qui rythment une vie dans un seul film, et le réalisateur qui les maîtrise parfois avec délicatesse, d'autres fois avec une pointe de maladresse, mais l'intention subsiste.
Quant au twist final, c'est un joli clin d'œil à notre société actuelle.
Les détails apparus plus tôt nous sautent alors aux yeux, et le lien avec certaines pratiques d'aujourd'hui ne rendent la réalité que plus écœurante.
Alors, malgré quelques moments de fouillis général, quelques longueurs et répétition au milieu du film, et des personnages aux caractères parfois peu perspicaces, on ne se lasse de découvrir une certaine force humaine, pleine de psychologie, dans les personnages de Shyamalan. C'est peut-être alors ce qui sauva le film.