La note moyenne de ce film est sévère, car c’est ni pire ni meilleur en définitive que le The Killer de Fincher, mais comme c’est pas Fincher à la caméra, tout le monde va encenser l’un et pas l’autre. Si encore le film de Stagliano était sorti après, je dis pas, mais en plus il est sorti avant le film de Fincher, et c’est limite si ce dernier ne lui a pas fauché des idées ! Les ressemblances sont en effet légion. La scène d’ouverture est assez semblable, la voix off omniprésente qui nous met dans la tête du tueur aussi, et la trajectoire du film nous met un peu dans la même configuration également, même si ce métrage choisi une approche plus dans l’esprit d’un frères Cohen. Evidemment sans la même virtuosité ! Le souci du film, c’est qu’il est linéaire, relativement prévisible, et mou. Les scènes s’étirent en longueur abusivement, ça bavarde beaucoup pour pas grand-chose (le monologue d’Hopkins est interminable et inutile), puis le titre n’est pas hyper adapté, car ce virtuose ne l’est pas du tout (comme le tueur de Fincher franchement bon à rien !). Il foire à peu près tout ce qu’il entreprend, si bien que je me suis demandé si le film n’était pas semi-parodique !
Côté casting, le film est étrangement solide. J’ai du mal à comprendre comment Stagliano a pu embarquer dans son métrage des Hopkins, Marsan, Cornish, Morse… La galerie des têtes connues est interminable ! Malheureusement, malgré ce casting j’ai pas trouvé que c’était mémorable. Hopkins ne fait pas grand-chose, il est vraiment là pour mettre son nom. Marsan idem, Morse est transparent, il reste heureusement Cornish qui s’en tire vraiment et livre une prestation réussie (et je ne dis pas ça parce qu’elle nous offre une scène de nu). Quant au héros, il est incarné par Anson Mount, une sorte de Ben Affleck du pauvre. Il est peu expressif, mais en définitive ni pire ni meilleur que Fassbender dans The Killer. J’ai même envie de dire qu’il est plus convaincant par certains aspects. Pour ma part, sans transcender son rôle, il le tient convenablement et on y croit, pas de souci. Mais il est vrai qu’il s’impose aussi par la relative mollesse des noms plus connus autour de lui.
Visuellement, ça sent la petite production fauchée. Les décors sont très limités, ça parle d’une ville mais on voit pas grand-chose et quasiment que des intérieurs. Cependant, le film, avec son ambiance à la Cohen et grâce à un certain soin apporté à la photographie arrive à peu près à faire illusion. De manière générale, le film est correctement réalisé, et la bande son, sobre mais très à propos parvient à créer un peu de tension.
Sincèrement, Le Virtuose ne cotoie pas les sommets, mais c’est loin d’être un film si raté que sa moyenne l’indique. C’est juste un petit film de tueurs à gage trop bavard et trop prévisible, qui tente de lorgner vers les frères Cohen, vers Tarantino, sans avoir les moyens de ses ambitions. Ca reste un petit film correct, et en tout cas moins prétentieux que le The Killer de Fincher, auquel il ressemble par bien des aspects. 2.5