vu ce soir (en compagnie d'Isabelle Huppert et Jane Campion)
sans égaler The Piano, The Power of the Dog est un des meilleurs films de l'année
déjà comme toujours chez la réalisatrice : la mise en scène c'est du velours. Capable aussi bien de capturer la beauté des décors naturels du Montana aussi bien que la puissance d'interprétation des acteurs, cette symbiose micro-macro se retrouve tout au long du métrage.
On y suit Phil et George Burbank en 1925, deux frères propriétaires d'un immense ranch, et au tempérament diamétralement opposés.
Le 1er est la figure patriarcale du cowboy rustre, viril et,colérique et brut de décoffrage.
L'autre est plus raffiné, insouçiant et bienveillant.
Lorsque ce dernier épouse Rose (une excellente Kirsten Dunst), Phil voit son quotidien bouleversé, et souhaite mettre en l'air le nouvel équilibre familial. Il décidera par ailleurs à s'en prendre à Peter, le fils sensible et un brin efféminé de Rose.
De ce pitch de base, Campion livre un très beau récit à infusion lente, au rythme lancinant et porté par une superbe performance de Benedict Cumberbatch (un de ses meilleurs rôles indéniablement). Un personnage plutôt détestable d'entrée de jeu, qu'on apprendra à connaître de manière beaucoup plus subtile qu'il n'y parait,notamment via sa mystérieuse relation passée avec un certain Bronco Henry.
A travers The Power of the Dog, Campion traite à merveille la confrontation interne d'une Amérique à une période charnière : il s'agit à la fois de la fin du Far West et le début de l'ère moderne industrielle.
Une confrontation qui se ressent à la fois visuellement mais surtout dans le traitement des personnages.
Phil n'utilise pas la baignoire, se lave dans la nature, castre des bêtes sans gants, ne se promène jamais sans ses vêtements de cowboy. Il brutalise même verbalement Peter, qui lui assume son identité à l'opposé des carcans de l'époque, et souhaite devenir médecin loin des tâches plus "terriennes".
Au niveau personnages Jesse Plemons et Kirst Dunst sont très bons (cette dernière est intéressante d'ailleurs vis-à-vis de la manière de dépeindre une femme roturière dans un monde masculiniste) mais finalement délaissés au fur et à mesure de l'intrigue au profit de Benedict et Kodi Smith-McPhee.
Un constat dommageable tant il aurait pu permettre une apothéose de confrontation entre ces divers personnages. Mais in fine, on retiendra avant tout le très beau personnage de Cumberbatch, dont la majorité de la caractérisation est dans le non-dit, via une dichotomie entre une sensibilité intérieure et la brutalité externe qu'il véhicule (le tout culminant dans une très belle conclusion qu'on retient après le visionnage)
Mention spéciale à la BO de Johnny Greenwood, qui lorgne beaucoup sur son travail sur There Will Be Blood. C'est une des meilleures bandes-originales de l'année à ne point douter.
Bref, The Power of the Dog est une très belle proposition de cinéma, une étude de personnage précise, et un travail pictural de toute beauté.