Il ne faut pas s'étonner que beaucoup de films féministes ou militants viennent de Tunisie, pays où la pensée reste relativement libre. Cette coproduction franco /belge /tunisienne (la réalisatrice Hinde Boujemaa a ces deux nationalités) nous montre donc sans fard la situation des femmes dans la société tunisienne.
Elle rêve, Noura (la très talentueuse Hend Sabri, voluptueuse et ravissante). Travaillant dans la buanderie d'un hôpital, elle traverse la vie sans complexe, soigneusement maquillée, marchant à grands pas dans ses jeans serrés et ses baskets. C'est qu'elle va enfin pouvoir vivre avec son amant! Son mari Sofiane (Lotfi Abdelli), petit délinquant récidiviste, voleur, trafiquant, est en tôle, et elle va obtenir le divorce dans quelques jours. Un peu inconsciente, Noura. Elle parle de ses amours avec sa meilleure amie, une enfoulardée au visage sinistre qui vole les draps de l'hôpital pour donner de l'argent à son fils, délinquant lui aussi....
A vrai dire, nous autres spectateurs ne sommes pas vraiment persuadé que le beau Lassad (Hakim Boumsaoudi) fera, lui, un excellent mari. Jaloux, possessif, voire violent, il empêche Noura de fumer et veut la convaincre de s'enfuir avec lui en abandonnant ses trois enfants (pour les enfants, il est le gentil Tonton qui s'occupe d'eux quand Papa est en prison)
Mais, patatras! à la suite d'une grâce présidentielle, Sofiane sort prématurément! Et si l'adultère éclate, ce sont cinq ans de prison pour les coupables. De quoi refroidir les amoureux clandestins.... On suit donc Noura pendant ces cinq jours où elle va essayer de gérer la situation, de calmer l'un, de mentir à l'autre, oui, de gérer la violence de ces deux hommes entre lesquels elle est prise en tenaille, n'ayant absolument rien à attendre d'une police elle même brutale et complètement corrompue, comme on le découvrira au hasard de l'intrigue du film, qui est aussi une forme de thriller.
Elle nous touche, Noura, parce qu'au delà du cas d'un pays de tradition musulmane doué d'une législation effrayante en ce qui concerne les moeurs (quoique légère par rapport à d'autres pays où la femme adultère peut être carrément condamnée à mort...), elle est représentative de toutes les femmes prises entre deux hommes qui la désirent mais sont incapables de l'aimer pour elle même.