On est habitué à un cinéma géorgien austère, noir, qui laisse à penser un pays encore hanté par son passé communiste. "Et puis nous danserons" certes a pour fond le contexte culturel de cet ex pays soviétique, qui se débat entre la référence à la tradition et l'appétence de la jeune génération à dépasser le cadre. Pourtant, c'est d'abord le récit d'une adolescence qui s'amuse, vibre, tombe amoureuse, et se cherche un avenir. Le long-métrage affirme une posture absolument attachante, proposant des personnages complexes, hauts en couleur, et regardés avec beaucoup de tendresse et de pudeur.
L'autre sujet du film est l'homosexualité. En Géorgie, elle est très réprimée et ne se vit que sous l'apparat de la prostitution ou de la transsexualité. "Et puis nous danserons" reconstitue une sorte d'éducation sentimentale où le jeune héros, danseur au sein d'un ballet traditionnel de Géorgie, apprend à composer avec ses sentiments et ses désirs à l'égard d'un nouveau qui débarque dans la troupe de danse. Homosexualité rime mal avec la virilité affichée de ces danses traditionnelles, très sportives, même si, et la séquence finale le montre très bien, la sensibilité féminine apportée au geste de danse transforme cet art.
"Et puis nous danserons" est une belle surprise de cet automne. On se plait à regarder cette jeunesse qui se débat dans un monde encore habité par son passé, tout en cultivant le secret espoir d'accéder à la liberté et à la modernité.