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Olivier Barlet
294 abonnés
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2,5
Publiée le 7 janvier 2020
Fascinant et hallucinant dans ses visions imaginaires, cultivant l’ambivalence de bout en bout, le film s’affaiblit quand il puise trop longuement dans le film d’horreur. Cette distance est à la base de l’écriture du film, qui empêche toute identification aux personnages dans cette esthétique sophistiquée : ils représentent le doute et la désespérance qui s’impose à cette époque pour ne plus lâcher le pays. (Africultures)
Imaginez David Lynch évoquant la décennie noire de l'Algérie. Abou Leila, premier long-métrage d'Amin Sidi-Boumédiène, ressemble un peu à la vision que l'on pourrait imaginer de la part du cinéaste américain. Mais Abou Leila n'est pas qu'un film où les limites entre la réalité et la fiction s'estompent peu à peu, c'est aussi un road-movie, un thriller psychologique, un film politique, un western et même ... un Buddy Movie. Le film fonctionne surtout de manière allégorique et métaphorique, réincarnant la folie et la sauvagerie de tout un pays, durant les années 90, dans l'esprit malade d'un homme qui a trop vu d'horreurs pour ne pas en perdre la raison. Le propos est sacrément ambitieux mais le pari est spectaculairement tenu, nonobstant une longueur peut-être excessive du métrage, bien que peu de scènes paraissent véritablement inutiles. Porté par une mise en scène brillante et les paysages somptueux du Sahara, le film s'enfonce toujours plus au sud, là où les cauchemars et les hallucinations ont de l'espace pour s'exprimer, jusqu'à faire se rejoindre animalité et humanité dans plusieurs scènes choquantes et remarquables par leur intensité. Amin Sidi-Boumédiène est scénariste mais aussi monteur, et très talentueux en ce dernier domaine, gardant au film, malgré ces changements de direction incessants, une fluidité sidérante. S'y ajoute une direction d'acteurs parfaite, permettant au déjà connu et charismatique Lyes Salem (également réalisateur) et à l'inconnu Slimani Benouari de montrer leur palette étendue de comédiens. Avec ce film, Amin Sidi-Boumédiène souhaitait également remettre en question la masculinité algérienne et montrer la fragilité des hommes. Mais ce n'est que l'une des innombrables facettes d'Abou Leila, d'une richesse thématique inépuisable.
Ce premier film signé Amin Sidi-Boumedine est une bombe sans mauvais jeu de mots Il y est question de l’Algérie des années quatre-vingt-dix, au moment de la guerre civile. Mais la manière d’évoquer cette époque est explosive, à l’opposé des narrations classiques du genre . Elle se confine quasiment dans un espace désertique où deux hommes loin d’Alger disent rechercher un terroriste. Un prétexte pour l’un conscient de la vacuité de la mission, une obsession pour son camarade persuadé que l’homme se trouve dans les parages. Dans sa confusion mentale de plus en plus évidente, il va se perdre et perdre la propre histoire qui nourrissait son mal de vivre. C’est raconté par ellipses, énigmes et beauté ,à la manière d’un conte philosophique. La confusion inhérente au mode opératoire du réalisateur laisse toujours avec assez de marge pour imaginer des contours moins abstraits. Il y a d’ailleurs quelques scènes assez cruelles, puisées dans le cauchemar du héros, où la réalité se fracasse contre les hallucinations et les mirages du héros. Le spectateur s’y perd un peu mais la fascination l’emporte sur les délires des protagonistes. Lyes Salem et Slimane Benouari aussi insaisissables qu’énigmatiques , parfaits ! Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Un bon moment de cinéma, dans des paysages de désert grandiose, avec une sorte de road movie, de deux individus au passé incertain....Le film semble une fable politique sur l'Algérie des années 1990, une époque sanglante où le crime était à chaque coin de rue, voire coin du désert....La fin du film précise ce que sont ces deux individus, et il semble que les passages les plus étranges, nous parlent de leur passé, de leur psychoses même (l'un revoit son enfance, sa mère, son père) de façon lancinante....spoiler: Le massacre des chèvres semble en rapport avec le massacre de petites filles dans un hôtel) ...c'est un film symbolique, parfois hermétique qui possède un côté angoissant, un côté thriller, accentué par une bande son élaborée....IL parlera parfois davantage aux algériens qui ont vécu ces sinistres années politiques....Même si le film possède quelques longueurs dans sa deuxième moitié, il reste prenant d'un bout à l'autre dans une ambiance marquée et laisse beaucoup d'interprétations possibles;;..J'ai aimé
1994. Un homme est abattu dans les rues d’Alger. Deux autres traversent en voiture le Sud algérien. L’un, sous médicaments, est dans un sale état, les nuits peuplées de cauchemars, les jours plongés dans un brouillard nébuleux. L’autre inlassablement le soigne et l’encourage. On comprend qu’ils sont flics et qu’ils traquent Abou Leila, l’auteur du meurtre commis à Alger.
"Abou Leila" est un film ambitieux. Il voudrait évoquer la décennie noire en Algérie – qui opposa le gouvernement aux islamistes et fit environ une centaine de milliers de victimes – à travers la paranoïa d’un homme. La thèse est simple et forte : la guerre civile a fait basculer l’Algérie et sa population dans la folie. Elle est illustrée avec une maîtrise impressionnante pour un premier film. Le travail du son est en particulier remarquable. Les paysages du Sahara offrent au dernier tiers du film un écrin majestueux et presque trop écrasant.
Mais "Abou Leila" a le défaut de s’étirer en longueur. Le film dure deux heures et quinze minutes. Il aurait aisément pu être amputé d’un tiers sans nuire à son sujet. L’attention du spectateur ne se serait peut-être pas perdue dans les sables.
Le film commence par l'assassinat d'un intellectuel en Algérie en 1994, où la guerre bat son plein. Ensuite, on peut suivre deux hommes, Lofti, et son compagnon en proie à des hallucinations et des crises d'angoisse qui demandent une attention de tous les instants. La première heure est intéressante avec les questionnements sur la suite de ce périple. Malheureusement, le film s'étire en longueur pour peu à peu sombrer dans le fantastique et l'horreur. Certaines scènes sont hyper dures, chose peut-être voulue par le réalisateur pour créer une confusion à l'image de l'Algérie de cette époque. Très déstabilisant.
Abou Leila manifeste une ivresse de soi, la certitude que son geste artiste est virtuose qui le conduisent à faire se succéder les poses, les déluges de violence entre deux voyages dans des paysages désertiques sans penser son film en termes d’évolution : dans la caractérisation des personnages, dans la montée en puissance du récit, dans l’économie des moyens au diapason des étendues désolées qu’il traverse. Nous avons l’impression fâcheuse d’observer un disciple de Nicolas Winding Refn se complaire dans du gore sous néons et dans une esthétisation emphatique et autosuffisante des plans-séquences – pensons à l’ouverture ou à l’embuscade autour de la voiture –, attribuant d’ailleurs à son personnage principal une noirceur proche de celle du chauffeur de Drive (2011). Quelques figures plus cocasses retiennent davantage l’attention, à l’instar d’un fou déguisé en chef militaire qui arbore fièrement costume et lunettes de soleil dans un bar. Pas de quoi, néanmoins, justifier le visionnage d’une œuvre qui aurait gagné à s’affranchir de modèles trop lourd à porter pour creuser son propre sillon.
Une atmosphère oppressante, des séquences oniriques impressionnantes et une mise en scène maîtrisée. Un film difficile à tous les niveaux mais fascinant.
Magnifique mise en scène du cauchemar que constitua la décennie dite noire de l'Algérie. Le travail sur le son est remarquable, avec des changements de phase réalité versus "cauchemar" allant crescendo, arrivant sur la fin à ne plus distinguer l'un de l'autre. Petit bémol : le film aurait mérité à être un poil plus court, avec quelques scènes un peu plus condensé pour atteindre l'allégorie de la violence comme on peut le voir dans le cinéma de… David Lynch !
Sidi-Boumediène a sorti tout ce qu'il avait dans les tripes depuis son enfance, baignée par la terreur des années 90 à Alger. Abou Leila est un coup de poing aussi violent que Voyage au bout de l'enfer, mais sur le thème de la décennie noire. Ce voyage au bout du désert en une réussite à beaucoup de points de vue. Le traitement du basculement vers la folie, la perte des repères, la fausse culpabilité que l'on ne peut pas évacuer ni expliquer. S'il fallait trouver un bémol, ce serait peut-être la longueur, encore que cela ne compte guère dans le désert! Les deux acteurs sont excellents, la mise en scène élaborée, le montage réussi, et la bande son accompagne subtilement les aller-retours entre hallucination et réalité. Et quand on connait le Sahara et ses paysages sublimes, la plongée en arrière est encore plus remarquable… Mais aussi douloureuse, car le gâchis apparait dans toute son immensité. L'homme était devenu un lion pour l'homme. Abou Leila ne cherche pas à expliquer mais à illustrer la paranoïa qui s'est abattue sur tout un pays pendant cette décennie, et qui laissera des traces pour une ou deux générations au minimum. D'un point cinématographique, l'homogénéité de ses qualités donne au film un caractère très abouti surprenante pour un premier long métrage. Un réalisateur à suivre. Festival Cinémas du Sud - Lyon - juillet 2021
“Abou Leila” est un thriller policier qui se déroule dans l’Algérie de 1994. On y voit deux amis d’enfance traverser tout le désert à la recherche d’un dangereux criminel. Mais comment trouver quelqu’un dans l’immensité ? La santé mentale vacillante de l’un le pousse pourtant dans sa quête et le second cherche surtout à éloigner son ami de la capitale. Entre fausses pistes et paranoïa, “Abou Leila” s’avère surtout un polar psychologique. Mais pour ne jamais tuer la patience du spectateur dans ce long silence ensoleillé, Amin Sidi-Boumedine n’hésite pas à placer des séquences chocs et violentes. Dans ce grand cauchemar, “Abou Leila” est aussi la belle histoire d’amitié de deux âmes fatiguées. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Il y a déjà beaucoup de cinéma dans ce premier long-métrage d'Amin Sidi-Boumédiène : originalité du scénario, idées de mise en scène, intéressant travail de l'image et du son… Dans un contexte de guerre civile algérienne, d'instabilité et de tension qui poussent à la folie, l'histoire du film est d'une certaine puissance en matière d'expression de traumatisme et d'horreur. Le problème, c'est que le scénario, à force de cultiver le mystère, n'en finit plus de brouiller les pistes de compréhension, de naviguer entre réalité et cauchemar, de charger la symbolique, au point de rendre le propos peu clair et de lasser. On met du temps, beaucoup de temps, avant de raccrocher les wagons de l'histoire, et encore, pas tous… Cela dit, par son inspiration et son ambition, le cinéaste algérien donne envie de le suivre à l'avenir.
Algérie, années 90 Film où les clefs de compréhension, nous manquent parfois. Elles nous sont émiettées une à une, mais on risque aussi de rester au bord de la route… Les images, particulièrement dans le Hoggar (?), sont superbes !
Cette parabole où les scènes de sauvagerie, évoquent sans doute les années sombres de l’Algérie, 20 ans après l'indépendance (front islamiste et armée); Le film d’une grande beauté m’a semblé difficile à notre compréhension
Un choc ! Aux heures sombres de l'Algérie des années 90, un assassinat maladroit en pleine rue donne le départ à un scénario ... disparate. Puis prend place un "road-movie" qui nous mène vers le sud algérien. Assez rapidement, une intrigue policière fait surface. Mais là n'est pas l’intérêt du film. Les deux protagonistes tissent la toile improbable d'une histoire folle où la santé mentale de l'un d'eux est prise à défaut. De cauchemars en délires, de scènes réalistes en scènes oniriques on explore les failles et les cicatrices causées par le terrorisme. L'un reste rationnel, l'autre perd la raison dans les conséquences post-traumatiques de son vécu douloureux. Évocation touchante d'une nation dont on peut se demander pourquoi elle fût atteinte par une folie meurtrière. Le désert sert magnifiquement cette parabole irréelle sur les cicatrices mentales, sur les capacités de chacun à résister psychiquement à la folie meurtrière, à la mort brutale. Sans certaines longueurs, j'aurais mis cinq étoiles !