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Yves G.
1 464 abonnés
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3,0
Publiée le 11 janvier 2020
Nina a quitté depuis plusieurs années sa ville d'origine, sa famille, sa fiancée pour s'installer à Taipei et y faire l'actrice. Mais la célébrité tarde à venir : elle n'a guère tourné que dans quelques courts métrages et quelques publicités. Aussi, quand son agent lui propose le casting du rôle titre d'un film à grand budget, Nina n'hésite pas, même si le tournage s'annonce exigeant.
"Nina Wu" est un film spirale qui s'enroule autour d'un événement traumatisant qui ne sera révélé qu'à son tout dernier plan. En parler n'est pas simple car ce qui fait son intérêt est précisément l'attente de sa révélation et sa découverte sidérante. Aussi, cher lecteur qui hésitez à aller voir "Nina Wu" et ne voulez pas être privé de ce plaisir-là, interrompez ici votre lecture et venez l'achever après la séance.
spoiler: "Nina Wu" est donc un film #MeToo qui sort en plein procès d'Harvey Weinstein et qui met en scène une actrice violée durant un casting par le producteur qui l'auditionne. Le viol se déroule dans la chambre 1408 d'un grand hôtel taipéien - "Chambre 1408" étant précisément le titre d'un film d'horreur avec John Cusack et Samuel L. Jackson produit par Weinstein en 2007.
Il sera vite éclipsé par "Scandale" qui sort mercredi prochain en France, en lice pour l'Oscar du meilleur film, de la meilleure actrice (Charlize Theron) et du meilleur second rôle féminin (Margot Robbie), qui traite du même sujet.
spoiler: Comment raconter un viol et le traumatisme qu'il provoque chez une actrice ? Midi Z opte pour un parti pris doublement réussi en en retardant la révélation. Il tisse un scénario complexe où se mêle les flash-back et les cauchemars de Nina. Cette construction à laquelle on pourrait reprocher son inutile sophistication colle au contraire à l'état de confusion dans laquelle cette femme est plongée, qui essaie en vain de refouler un traumatisme qu'elle aimerait oublier.
À la différence de "Scandale" qui joue sur l'empathie avec les personnages, Midi Z et sa scénariste Wu Ke-Xi (qui interprète le rôle titre) ont peint une héroïne glacée et glaçante, une cousine asiatique des héroïnes des films de David Lynch. Nina est sur le fil du rasoir, manifestant une volonté de fer pour mener à terme un tournage éprouvant avec un réalisateur sadique et résistant de toutes ses forces à l'effet dévastateur d'un stress post-traumatique. Elle n'est pas "sympathique" et ne cherche pas à l'être, compliquant le processus d'identification qui attache le spectateur aux héros d'un film. Nina n'en reste pas moins un personnage perturbant dont les pulsions contradictoires ne s'effaceront pas de sitôt de nos mémoires.
Nombreux films ont déjà traité le métier d'actrice et les difficultés s'y affairant dans un monde et un milieu patriarcal. Avec en toile de fond l'affaire Weinstein et #metoo, voici sans doute l'un des meilleurs films que l'on ait vu dans le genre depuis longtemps. Tout est à la fois très maitrisé et à la fois parfois en roue libre (mais sans grande incidence sur le résultat final) dans cette intrigue fascinante mêlant réalité, rêves et fantasmes. Comme l’héroïne, on est souvent perdu aux confins de ces trois états. Celle-ci est interprétée de manière intense par Wu Ke-Xi (elle-même victime d'un metteur en scène) aussi co-scénariste du film. Déjà l'une des meilleures performances de l'année. Toute aussi touchante qu'émouvante, on a aucun mal à s'attacher au personnage et à facilement la comprendre. Bien aidés en cela par une mise en scène brillante et virtuose au service d'un scénario aussi puissant qu'étrange et dérangeant (et vice-versa). En plein dans l'actualité ce Nina Wu est donc un film aussi glaçant que fascinant et hypnotisant. Après Séjours dans les monts Fuchun, mais dans un genre radicalement opposé, un autre grand film (qui se mérite) venant d'Asie en ce début d'année. Magnifique et troublant.
Le film m'a un peu perturbé. Comme beaucoup de films asiatiques, la structure de récit ne suit pas la structure classique que l'on connait, on alterne ici de façon un peu décousue, des scènes de rêve traumatique à des scènes en flashback puis des scènes en continuité. On ne comprend pas tout, plus on avance, plus le film semble partir dans diverses directions spoiler: (l'abus de pouvoir des hommes sur les tournages de cinéma, le rapport à soi avec la nudité au cinéma, la vengeance d'une actrice dans un esprit concurrentiel maladif, quelques trips lesbiens illustrant des abus sexuels, puis au final abus sexuel aggravé avec le viol...) mais en réalité le propos fait ensuite sens et l'impact réel du film trouve sa source à la toute fin. Et quelle scène finale, difficilement supportable, sans ménager un seul instant le spectateur puisque le générique de fin arrive tout aussi brutalement nous laissant avec le choc de cette dernière image. Le film dépeint le pouvoir du "patriarcat" et le pouvoir de "soumission" dans le milieu du cinéma, et interroge notamment sur la question "Jusqu'où on est prêt à aller pour obtenir un rôle ou obtenir ce que l'on veut...", ce qui illustre également toutes les affaires #METOO, sans y aller avec le dos de la cuillère ! L'ambiance y est donc très angoissante et malaisante. L'actrice principale Wu Ke-Xi, qui s'avère être aussi la scénariste du film, est assez bluffante dans sa prestation et dans son engagement émotionnel. Aidé par une mise en scène efficace et brute elle aussi, aidé par une lumière très appuyée, où le rouge domine de plus en plus au cours du film pour finalement en comprendre la raison à la toute fin. Même si le film est un peu confus dans sa narration, la dernière partie ramène le film à la hauteur des enjeux qui sont difficilement mis en place, et arrive au final à nous choquer et donc à nous interroger.
Il y a quelques années, certains spectateurs privilégiés ont pu voir les premiers films du cinéaste taïwanais Midi Z, d'origine birmane, au Festival de La Rochelle, avant même que Adieu Mandalay ne soit distribué en France. Nina Wu marque un radical changement de style pour le réalisateur avec un scénario écrit par son actrice principale, Wu Ke-Xi, dont l'inspiration se trouve du côté de l'affaire Weinstein. Mais Midi Z abandonne ici sa manière intégralement réaliste en épousant les traumatismes d'une comédienne qui accède à son premier grand rôle et dont l'état mental va en se dégradant après un tournage éprouvant. Si le film décrit parfaitement les humiliations subies par les femmes pour se faire une place dans le monde machiste du cinéma, c'est autant à travers les fantasmes et les délires de son héroïne que par la crudité de situations qui créent un immense malaise. Avant la dernière scène, insupportable et qui peut apparaître comme presque complaisante, Nina Wu glisse dans un univers glacé et déplaisant, dont l'élégance de la mise en scène de Midi Z ne parvient pas complètement à faire oublier le côté parfois bancal de l'architecture narrative dont certains éléments, disons classiques (vie privée et familiale) versent dans la banalité. En revanche, la cohérence esthétique du film (avec une prédominance de rouges) est assez remarquable sans pour autant convaincre de la réussite d'un scénario alambiqué et pouvant apparaître comme illisible ou même inutilement choquant pour certains.
C’est je crois l'un des tous premiers films qui réellement traite du harcèlement sexuel et pire encore dans le milieu du cinéma, voire plus largement, celui de la culture. Wu Ke-Xi qui a écrit le scénario l’interprète également avec sinon un vécu, tout du moins un ressenti qui à l’écran échafaude un univers complètement inhumain. A Taipei une actrice et une romancière se sont suicidées après des traitements sexistes à leur égard. Wu Ke-Xi a pu s’inspirer de leur calvaire pour rapporter celui de cette jeune femme dont le rêve est de jouer un personnage conséquent dans un film. Pour obtenir le rôle il lui faudra passer par bien des étapes dégradantes, humiliantes face à une autorité sans limite. On pense bien évidemment à l’affaire Weinstein avec un final très éloquent en la matière. Je crois personnellement qu’il n’était pas nécessaire, tant la mise en scène explicite et le jeune inébranlable de Wu Ke-Xi ont su nous mener dans ces coulisses post-#MeToo. Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Né en Birmanie en 1982, Midi Z vit à Taïwan depuis l’âge de 16 ans. "Nina Wu" est son 5ème long métrage de fiction, mais, jusqu’à présent, seul son film précédent," Adieu Mandalay", avait eu droit à une sortie en salles dans notre pays. "Nina Wu" est le premier film qu’il réalise à partir d’un scénario dont il n’est pas l’auteur, même si, y ayant apporté quelques retouches, il est quand même crédité comme étant co-scénariste. La véritable scénariste est l’actrice principale du film, Wu Ke-Xi, laquelle, profondément marquée fin 2017 par l’affaire Weinstein, a repris une ébauche de scénario écrite en 2016 pour aboutir à l’histoire de Nina Wu. Nina Wu faisait partie de la sélection Un Certain Regard de Cannes 2019. Très réaliste dans "Adieu Mandelei", Midi Z a complètement complètement changé son fusil d’épaule dans sa réalisation de "Nina Wu". Un peu comme si les frères Dardenne se mettaient à réaliser un film qu’on pourrait comparer à des œuvres de David Lynch ! Changement judicieux ? Sûrement pas pour celles et ceux qui trouvent le cinéma de David Lynch trop intellectuel, trop artificiel. Peut-être pas pour les fans de David Lynch qui trouveront peut-être que, dans ce genre, l’original sera toujours supérieur.
spoiler: Jusqu'où faut-il aller pour obtenir un rôle dans le monde du cinéma pour une femme? C'est un peu la question que pose ce film mais de manière assez maladroite. En effet, le réalisateur Midi Z se perd en même temps que le spectateur dans les cauchemars de Nina. C'est déstabilisant dans le mauvais sens du terme tellement il y a un côté cérébral qui retire l'intérêt principal du film et la bonne idée de filmer un tournage et des casting.
J’ai passé une très mauvaise séance lors du film Nina Wu, peut-être est-ce le genre de film que je déteste ? Ce qui est sûr c’est que je n’ai pas adhérer aux parties pris du film (j’admet quand même de grosse qualités comme l’actrice principale).
Actrice plutôt bluffante dans le role d'une actrice en mai de role. Actrice qui est d'ailleurs la scénariste du film et qui s'inspire d'histoires qu'elle a proprement vécu. Cette fiction s'inspire parfois de du cinéma de David Lynch ... étrange et complètement barré ! Un film à voir ... intriguant !
Ce film se situe dans le milieu du cinéma à TAIWAN où une jeune actrice réussit à devenir une star mais à quel prix. Il s'inspire un peu de l'affaire WENSTEIN dans le scénario et décrit un milieu pas très sympathique où l'on découvre les conditions dans lesquelles sont traitées les jeunes actrices. L'actrice principale également scénariste du film interprète fort bien le rôle de NINA. Mais j'ai trouvé le scénario et le montage assez chaotiques. En effet, c'est un mélange entre le passé, le présent, le futur et entre la réalité et le rève et au final, le spectateur a du mal à s'y retrouver.
Les tribulations d une apprentie starlette assez nulle et aussi expressive qu un poisson mort prête à tout pour avoir un rôle et qui répète inlassablement la même scène dans tout le film. Cela a été très pénible et très décevant de rester jusqu'à la fin. Peut être un film à réserver aux chinois....
Nina Wu est une jeune femme qui a tout laissé derrière elle pour tenter sa chance à Taipei dans l'espoir de devenir actrice. Les années passent, mais à part quelques courts-métrages et des publicités, sa carrière n'a pas avancé. Un jour, elle passe un casting pour un grand rôle qui pourrait changer sa vie, mais pour l'obtenir, elle doit faire quelques sacrifices et surtout abandonner une part d'elle... "Nina Wu" est une critique assez dure sur le milieu du cinéma qui parle d'abus de pouvoir, de harcèlement et qui met en avant le désespoir de certaines personnes qui sont malheureusement prêtes à tout pour réaliser leurs rêves. Bien sûr, il ne faut pas faire de généralité, mais ce film raconte une histoire qui est d'actualité. On assiste tout simplement à la descente aux enfers d'une femme qui pense avoir réussi alors que ce n'est que le début de ses problèmes. Tout le film se déroule dans une ambiance paranoïaque assez troublante. En fait, on n’a pas toujours idée de ce qui se passe. Il s'agit d'une sorte de mise en abyme plutôt réussie. La phrase : "Ils ne font pas que prendre mon corps, ils détruisent mon âme" que prononce la jeune femme à plusieurs reprises résume bien ce qui se passe dans le film. Le film est perturbant, troublant et éprouvant, mais surtout prenant. Un exercice de style assez réussi même si le film aurait pu être plus efficace si la construction était moins «éclatée». En tout cas, le film est vraiment pas mal. Il est visuellement impressionnant par moment et Wu Ke-xi est très convaincante.
« Nina Wu » pourrait être considéré comme le pur produit de l’après scandale de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo qui en suivi. Le titre du film est également le nom de notre protagoniste, une comédienne en galère qui enchaîne les figurations et publicités. L’actrice finit par gagner de l’argent en s’exhibant sur Internet sur des sites de webcams. C’est alors qu’on lui offre enfin une chance en lui ouvrant les portes d’une audition pour un grand rôle. Midi Z nous montre l’univers du cinéma avec ses belles robes, le Festival de Cannes et son tapis rouge, ses soins de beauté et ses massages ainsi que la relation avec les journalistes et les articles qui en ressortent. Le cinéaste rend également hommage aux figurants et dresse le portrait de réalisateurs bien connus qui poussent leurs actrices à bout pour qu’elles donnent le meilleur d’une scène. Le film s’avère alors être une comédie maline par ses clins d’œil référentiels. Mais « Nina Wu » ne serait pas un thriller s’il s’arrêtait ici, le film va plus loin dans les repères acerbes du milieu caché du cinéma. Entre humiliation, soumission et viol, « Nina Wu » ouvre le débat. Jusqu’où sommes-nous prêt à aller pour obtenir quelque chose ? La notion de consentement ne sera pas reçue de la même façon d’un spectateur à l’autre et c’est toute la réussite de Midi Z, s’être arrêté au bon moment. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Quand le cinéma brise son propre miroir et nous renvoie la lumière glaçante d'un rêve d'ombres, nous franchissons quelque chose qui s'apparente à des frontières dont toute trace s'efface au fil d'un temps pelliculaire. Un temps au cours duquel les rêves et cauchemars, les mises en scène et le "réel" deviennent un seul et même monde dans lequel s'immisce la beauté du "diable"... La magie réussie du 7ème art !