Coup de cœur de Télérama mais assez peu distribué sur Paris (une demi-douzaine de salles). Pour ma part il m’aura permis de découvrir le Louxor, inscrit au titre des monuments historiques en 1981, construit par l’architecte Henri Zipcy dans les années 20 …ayant connu une histoire mouvementée avant d’être racheté par la ville de Paris sous la pression d’associations de quartier, et rénové sous la direction de l’architecte Philippe Pumain…La salle principale, refaite comme en 1921 dans un style néo-égyptien, a été baptisée du nom du réalisateur égyptien Youssef Chahine ,la salle no 2, baptisée Juliet Berto-Jean-Henri Roger, évoque avec son plafond étoilé les tombes de la vallée des Rois, la salle no 3 a une voûte en anse de panier dans les tons rouges . C’est dans cette salle qu’est présenté le film du réalisateur taïwanais Midi Z , Nina Wu…l’histoire n’est pas sans rappeler le scandale Harvey Weinstein et le mouvement #Me Too…une belle comédienne taïwanaise, jusqu’alors vouée aux petits rôles et aux films publicitaires, se laisse persuader de tourner un film avec des scènes de nu, pour percer ...Vêtue de rouge, elle se rend à l’audition , à ses risques et périls…Midi Z a adapté un scénario que lui avait proposé l’actrice taïwanaise Wu Ke-Xi qui avait elle-même vécue l’histoire évoquée dans le film…Après avoir cherché l’actrice principale pendant plusieurs semaines de casting, Midi Z a finalement trouvé que Wu Ke-Xi était la mieux à même de jouer le rôle, elle qui avait tant mis d’elle dans cette histoire. Nina Wu est un film sophistiqué et très esthétique…le montage volontairement éclaté entre différentes temporalités, n’a absolument rien de linéaire, brouille la frontière entre rêve et réalité, présent et passé, visant à rendre l’effet d’un syndrome de stress post-traumatique sur la victime…Ce type de montage déconcerte et bouscule nos habitudes de spectateurs….C’est aussi un film esthétiquement très beau et on sent le dialogue permanent entre le réalisateur, le directeur de la photographie et le directeur artistique….Le film peut exister sans référence à l’affaire Weinstein tant les évènements peuvent refléter une certaine vision souvent malsaine, de ces milieux…seul clin d’œil à l’affaire, la chambre 1408 où l’héroïne s’est fait piéger lors de l’audition, et qui revient en leitmotiv, est le titre d’un film d’horreur produit par Weinstein…Si on accepte d’entrer dans le labyrinthe des pensées de Nina sans trop essayer de comprendre sur le champ, on ne peut qu’admirer la performance de Wu Ke-Xi, présente de bout en bout sur l’heure trois quart du film…