Michael Angelo Covino et Kyle Marvin se sont rencontrés il y a dix ans à New York en tournant des spots publicitaires. Une expérience qui leur a permis de se constituer un solide réseau d'amis réalisateurs et techniciens. Le premier se rappelle :
"J'ai écrit un long métrage avec un copain à nous, Sam Kretchmar, et on a décidé de tourner une bande-annonce du film. Grâce à cette bande-annonce, on a réuni des financements et tourné notre premier long métrage, Keep In Touch. Ensuite, on a eu la chance de pouvoir travailler avec le même financeur sur plusieurs autres projets. Avec Kyle, on assurait toujours la production parce qu'on était entourés de réalisateurs talentueux avec qui on souhaitait travailler. Le court métrage The Climb était l'occasion de mettre en œuvre une de nos idées, de A à Z."
The Climb est d'abord un court métrage du même nom (sélectionné à Sundance) né de la volonté de Michael Angelo Covino d'exploiter les qualités de comédien de son comparse Kyle Marvin. Le metteur en scène explique : "Le défi consistait à savoir si on pouvait réaliser un court métrage captivant et drôle en ne filmant que nous deux en train de parler. Nous sommes allés dans beaucoup de festivals et les courts métrages qui me plaisent le plus sont ceux qui reposent sur une idée et qui sont très bien mis en scène : ils sont concis, simples et ne dépassent jamais dix minutes."
Michael Angelo Covino pratique le cyclisme depuis plusieurs années. Une activité qui lui a fourni de la matière pour The Climb : "Quand on fait du vélo, on a le temps de réfléchir. Je me suis aussi retrouvé confronté à un de mes plus proches amis qui avait couché avec mon ex-petite copine – et j'ai repensé à ça au cours d'une balade à vélo. C'est comme ça qu'est né le court métrage."
Les personnages de The Climb s'accrochent et idéalisent le passé. Michael Angelo Covino voulait qu'ils se retrouvent au début du film dans un endroit sur lequel ils seraient amenés à fantasmer et qui hanterait leur subconscient tout au long de l'histoire. D'où le choix de la France :
"J'ai de la famille en France et j'y ai passé pas mal de temps – et par ailleurs, mon ex-petite amie est française. J'ai découvert une passion et une fierté chez beaucoup de Français, et dans la culture française en général, que je trouve magnifique. Par ailleurs, je tenais vraiment à avoir un prétexte pour faire du vélo dans le sud de la France."
Après avoir fait le tour des festivals avec son court métrage The Climb, Michael Angelo Covino s'est offert une première nomination avec son adaptation en long métrage. Le film a en effet été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2019.
Michael Angelo Covino voulait que la mise en scène de The Climb soit assez théâtrale et que le film possède une esthétique stylisée (tout en privilégiant des personnages authentiques). "En prépa, on parlait essentiellement de mise en scène : il fallait que chaque scène soit justifiée, que chaque mouvement d'appareil – chaque angle de prise de vue – soit également justifié, puis on en a parlé avec notre chef-opérateur. On souhaitait que le film soit très chorégraphié, du début à la fin, en réglant minutieusement chaque mouvement de caméra et en suscitant des émotions palpables", confie le cinéaste.
Côté références, Michael Angelo Covino et Kyle Marvin avaient en tête les films de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Agnès Varda et Eric Rohmer. Le réalisateur raconte : "Il y a une vraie tradition cinématographique en France et il y a beaucoup de cinéastes dont on peut s'inspirer. Mais on tenait à transposer ces sources d'inspiration dans un contexte contemporain. Des réalisateurs comme Claude Sautet et Bertrand Tavernier ont été des révélations pour nous. Dans notre film, il y a une scène qui se déroule dans une salle de cinéma où nous rendons hommage à Pierre Étaix : c'est Le Grand amour qui est projeté."
Michael Angelo Covino souhaitait découper le film et s'éloigner d'une construction narrative classique. Il précise : "Le spectateur est extrêmement intelligent et il est capable de décrypter les ellipses et de comprendre, par exemple, ce qui se passe d'une année à l'autre et qui reste hors champ. Dans une scène de sept minutes entre deux personnages, on peut en apprendre beaucoup sur ce qui s'est passé sans révéler tout ce qui s'est déroulé dans l'intervalle. Quand je regarde une scène, j'adore essayer de comprendre comment on est arrivé là : tout à coup, on se dit "ah, voilà ce qui s'est passé !"