Le scénario de Porte sans clef a été écrit en trois semaines à partir de notes du journal de Pascale Bodet, mais est une fiction. La réalisatrice explique : "Cette fiction n’est pas passée par les commissions d’aide, n’a pas été réécrite, je ne l’ai pas fait lire, je l’ai tournée dans la foulée en autoproduisant. Pour le tournage de Presque un siècle, il suffisait d’être très peu : les personnages, et moi. Pour celui de Porte sans clef, il a fallu être 48 : 48 collaborateurs qui n’ont pas gagné un euro. En post-production il y a eu d’autres collaborateurs, en premier lieu François Martin Saint Léon de Barberousse Films qui a payé la post-production de sa poche, sans contrepartie, puisque le film s’est fait hors de l’économie du cinéma et ne pouvait par conséquent bénéficier de l’agrément du CNC."
Porte sans clef est tourné essentiellement dans un appartement avec son vis-à-vis donnant sur un camp de migrants. Il s'agit du lieu où Pascale Bodet. Elle y a posé sa caméra pour des raisons financières. La cinéaste précise : "Et parce qu’en 2015 et en 2016 il y avait des migrants qui campaient à 20 mètres sous mes fenêtres. Comme tous les riverains, je voyais les bidonvilles se construire au jour le jour, les migrants survivre dans la promiscuité, la misère, parfois la violence, puis les évacuations. D’un coup, il n’y avait plus rien. Porte sans clef n’est cependant pas un film documentaire d’immersion, d’engagement, ou un film militant avec les protagonistes du camp. Ce n’est pas un film avec ce qui se passe, c’est un film d’après ce qui se passe, construit à partir d’une ligne de démarcation qui n’est jamais franchie."
Cet appartement abrite une drôle de communauté, qui va évoluer, avec des rituels particuliers, dans un contexte où le burlesque est très présent. Il s'agit d'un choix effectué par Pascale Bodet, dès l'écriture du scénario. La réalisatrice raconte : "Se marcher dessus, se taper dessus sont des ressorts burlesques qui vont bien avec le sujet. Il y a aussi de la comédie : pas seulement des corps maladroits ou agressifs, mais aussi des dialogues qui provoquent des malentendus et des vexations.J’ai souhaité susciter un rire un peu froid sur un sujet de société et de morale grave, alors j’espère que le ton du film est incertain. De cette « drôle de communauté », on pourrait dire de ses membres qu'« ils ne savent pas où ils habitent », une expression qu’on emploie pour dire qu’ils sont paumés."