Nous avons bien à faire à une "une jeune femme pleine de promesses".
Multi-nominé dans plusieurs catégories majeures (meilleur film, meilleure actrice principale et meilleure réalisatrice) lors de la 93ème Cérémonie des Oscars (un petit cru du fait de la crise sanitaire) et récompensé par l'Oscar du meilleur scénario original, Emerald Fennell, jeune réalisatrice britannique et scénariste de ce "Promising Young Woman", a, semble-t-il frappé fort avec son premier long-métrage.
Vendu comme "LE thriller féminin et frais qui change la donne", le film met en scène Cassandra, interprétée par Carey Mulligan (Drive, Gatsby...) une jeune femme en quête de vengeance à la suite d'un évènement traumatique et dramatique vécu au cours de ses années universitaire.
D'étudiante en médecine à l'avenir prometteur à serveuse dans un petit café d'Ohio prête à tout (les coups) pour faire payer les prédateurs à l'origine de cet évènement, il n'y a ici qu'un pas et personne n'en sortira indemne.
Intrigué, j'étais aussi quelque peu craintif à l'idée de me retrouver face à un film-étendard du féminisme que l'on pourrait qualifier de "bête et méchant". Celui qui, au lieu de prôner une égalité parfaite entre l'homme et la femme, prêche la supériorité de celle-ci se permettant parfois de cataloguer la plupart, ou l’entièreté des hommes, comme de simples prédateurs écervelés, à la recherche de véritables proies (lors de soirées trop arrosées dans ce film).
Après visionnage, l'on se retrouve en effet face à une véritable critique acerbe et frontale adressée à l'Homme-prédateur sexuel et un message lourd d'importance : le plaisir sexuel est un plaisir partagé et consenti, quelle que soit la situation bien évidemment. Ce message, aussi logique soit-il pour certains, ne l'est clairement pas pour tous : le film n'aurait jamais vu le jour si c'eut été le cas.
Message fort et important donc, mais éthiquement trop tranché par la réalisatrice selon moi : tous les hommes profiteraient-ils d'une femme bourrée lors d'une soirée ? Je ne pense pas ou, du moins, j'espère bien que tel n'est pas le cas (bien que le long-métrage et le carnet de note de Cassie puisse laisser penser le contraire au spectateur le plus crédule).
Cette critique sociétale, bien que pas approuvée dans son intégralité, se retrouve insérée derrière un scénario tranchant, bien qu'imparfait, écrit par Fennell en personne : personne ne sortira totalement indemne de ce film : ni Cassie, ni les divers antagonistes ni même le spectateur; et ce, notamment grâce à une fin surprenante et d'une noirceur assez rare dans le cinéma moderne américain.
Cependant, l'on regrette notamment que le twist majeur du film (
la culpabilité de Ryan, le copain de Cassie, dans l'affaire du viol de sa meilleure amie, Nina
) reste assez prévisible à l'inverse du dernier quart-heure qui, sous quelques phrasés et situation où l'humour noir règne, surprendra le spectateur que vous êtes.
Enfin, l'on peut également mettre en avant ce surprenant et détonnant casting où se mélange des acteurs confirmés (Mulligan, Mintz-Plasse, Brown), des quasi-néophytes (Bo Burnham en tête) et des acteurs perdus de vue (Coolidge, connu pour jouer la mère de Stifler dans la série de films American Pie). Mention spéciale à Clancy Brown, très touchant dans ce long-métrage et abordant son rôle de père avec justesse et brio.
Ambitieux, sincère dans son message et son approche, réussi : "Promising Young Woman" a donc tout de la bonne pioche et réjouira autant les amateurs de thrillers que les féministes en herbe. À nous de suivre désormais les pas et l'avenir cinématographique d'Emerald Fennell, une jeune femme pleine de promesses.