VU EN AVANT-PREMIERE : Connue du grand publique pour ses performances, dans les séries "Call the Midwife" et "The Crown" : Emerald Fennell qu’on ne connaissait jusqu’ici que comme actrice et productrice se lance derrière la caméra, avec Promissing Young Woman. Une comédie noire annoncée comme un drame féministe. Véritable phénomène en Amérique, nous l’avons vu et vous livrons notre verdict.
"Promissing Young Woman" commence comme un doux drame social et très cliché. Une jeune femme qui traîne de bar en bar. En permanence bourrée, et qui déteste les hommes. Mais plus on avance dans l’histoire et plus on comprend que ce personnage est bien plus complexe. Et qu’il est autant inquiétant qu’envoûtant, plus encore que sa haine des hommes est totalement justifiée…
Visuellement, le film est une pure réussite. En effet, on passe d’un cadre à l’autre, c’est à dire de l’ambiance de bar de nuit à la campagne américaine, avec une aisance rare qui se traduit par une immense fluidité dans les couleurs, les musiques, les images, les costumes et les décors. On sent que la jeune réalisatrice qui signe également le scénario, a pensé à son projet dans les moindres détails et s’est entourée de la meilleure équipe qui puisse être. Ce n’est jamais trop kitsh et saturé mais cela n’est aussi jamais trop naturel pour éviter de dire paysan. Le film arrive à trouver un juste milieu à chaque fois.
Vu qu’on parle d’écriture, je m’attendais à un film à la Harle Quinn et le travail sur l’image aurait pu prendre cette tournure. Donc, le scénario logiquement, aurait pu prendre la même route. A nouveau, il n’en est rien. C’est toujours extrêmement bien pensé que ce soit dans l’évolution du personnage principal, magistralement interprété par Carrey Mullingam qui n’avait pas livré une telle performance depuis Les Suffragettes, mais aussi dans son intrigue. Qui empreinte ici et là à la culture américaine. On sent du Hitchcock dans son ambiance (et comme le maître du suspend Emerald Fennell, la réalisatrice fait un petit caméo), du Ryan Murphy avec une influence "American Horror Story", la narration fait aussi penser à celle de "White Bird" avec Eva Green et Shailene Woodley. C’est prenant, intelligent, mais jamais cru. C’est féministe sans pour autant verser dans le spot propagandiste, franchement génialement pensé et écrit de la part d’une débutante, décidément très prometteuse.
Enfin, un mot sur Emerald Fennell vrai atout du film. Écrire un script est une chose mais le réaliser en est une autre. On peut imaginer toute la précision liée à ce métier qu’on dit extrêmement beau mais aussi très compliqué, qu’elle a pu rencontrer que ce soit avec la production (quoiqu’elle a enrôlé Margot Robbie dans son aventure), ses équipes et ses acteurs. Finalement, ce film est une énorme claque cinématographique comme on en avait pas vu depuis longtemps. Si, techniquement le film est hyper maîtrisé du début à la fin, cela se sent aussi dans la réalisation. Emerald Fennell ne laisse rien au hasard, et ne donne rien au spectateur dans le sens ou jamais elle n’est en roue libre. Pas étonnant, que les Goldens Globes lui ai ouvert ses portes dans deux nominations à titre individuel: meilleur réalisateur , et meilleur scénario. Ce film est un coup de génie au niveau de sa mise en scène. Elle maîtrise avec beaucoup de franchise, et de simplicité sa caméra.
Enfin, le film ne donne pas un portrait très flatteur des hommes, mais il n’est au contraire jamais dans la méchanceté vis à vis d’eux. Seulement, dans l’idée que certains doivent changer radicalement de vision. Que chaque acte à ses conséquences et qu’en toute chose justice soit faîte. Emerald Fennell signe un drame social avec une politique engagée qui fait du bien, ce film visuellement très réussi, dans sa narration un énorme coup de cœur. Juste et bien pensé qui se situe de la trempe du Riot Club. Cependant, à vouloir tout maîtriser Emerald Fennell en oublie de laisser parler les émotions. Certain moments d’émotions arrivant comme un feu sur la soupe.
Pourtant, ne boudons pas notre plaisir devant ce drame. Pour un début, Emerald Fennell frappe en plein cœur, on en sort bouleversé. Ému d’avoir assister à l’éclosion d’un nouveau talent très prometteur (pour dire on avait pas vu plus talentueux et audacieux depuis Xavier Dolan), car c’est une réalisatrice à suivre dans les prochaines années, a promissing young woman.