Très bon documentaire, qui retrace dans les détails la carrière en dents de scie, aussi bien en club qu'en sélection, de Nicolas Anelka.
Côté réalisation, les bons ingrédients sont employés avec des images et vidéos d'archive, des témoignages, et des séquences d'interview d'Anelka en fil rouge. La grande force de ce documentaire est justement qu'Anelka parle bien et beaucoup, nous aidant ainsi à se mettre dans sa peau pour mieux appréhender les différentes polémiques auxquelles il a fait face. De plus, les séquences sur sa vie de famille sont rafraîchissantes et pertinentes.
En revanche, le choix de placer l'affaire de la quenelle au milieu du documentaire alors qu'elle a eu lieu à la fin de la carrière d'Anelka est discutable, et fait tâche à une chronologie parfaitement adaptée et respectée jusque là. Il est certes compréhensible qu'Anelka et la production aient voulu garder le plus intéressant pour la fin en concluant le documentaire avec le fiasco de Knysna, mais cela occasionne un saut dans le temps puis un retour en arrière assez mal amenés.
Au niveau des témoignages, les interventions des proches, coéquipiers et entraîneurs d'Anelka sont toutes très pertinentes, en particulier celles d'Arsène Wenger et de Thierry Henry. J'ai tout de même une réserve concernant Omar Sy, qui est également intéressant, mais dont la proximité avec Anelka lui fait manquer d'objectivité. Anelka a eu des problèmes dans quasiment tous les clubs où il est passé, et il a une bonne part de responsabilité, bien que le documentaire montre que ses dirigeants et entraîneurs n'ont pour beaucoup pas cherché à le comprendre et à l'aider (d'où le titre du reportage).
Enfin, la partie la plus attendue sur le scandale de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud est parfaitement réussie. Bien que l'on sache déjà que l'Equipe avait menti sur sa une en attribuant à Anelka des propos qu'il n'a jamais tenus, il est satisfaisant d'entendre enfin la version de ce dernier. Et cette fois, même si on ne saura probablement jamais la totalité de ce qu'il s'est passé, il apparaît clairement qu'Anelka n'était pas responsable du désastre. Mais au vu de son caractère fort et de ses nombreux conflits passés, il représentait le coupable idéal pour la presse qui l'a crucifié totalement injustement.
Avec ou sans son échauffourée avec Raymond Domenech, qui en passant aurait dû être limogé après l'Euro 2008, l'édifice aurait fini par exploser inévitablement tôt ou tard.
Je conseille donc fortement, à condition bien sûr d'aimer le football.