Louis Malle ne signe pas un film inintéressant, mais c’est sûr qu’il est finalement moins fort que ce que j’imaginais. Il s’agit davantage d’une chronique enfantine sous l’Occupation, que d’un vrai film sur l’Occupation, et seule la fin vient donner un peu de volume dramatique à ce métrage qui se révèle plutôt anecdotique.
En fait l’histoire fait que l’on suit plutôt les jeux, mésaventures, petits bonheurs ou malheurs d’une troupe d’enfants dans un établissement scolaire religieux pendant la guerre. En soi ce n’est pas désagréable, il y a toujours ce côté sympathique des films de mômes, et ici le côté rétro est bien amené. Même des gamins d’aujourd’hui devraient pouvoir se reconnaitre dans le caractère authentique bien saisi par le réalisateur, et on sent qu’il y a du vécu là-dedans. Pour autant, tout cela se suit avec un intérêt certain, mais sans vrai enthousiasme, car c’est finalement un peu convenu, léger. Seule le dénouement vient pimenter ce métrage, apportant une chute que l’on pouvait cependant attendre compte tenu du contexte du film. Au Revoir les enfants prend alors son sens.
Le casting est de qualité. De bons acteurs, jeunes, peu connus, mais qui apportent de la force à leurs personnages, ne manquent pas de personnalités, entourés d’acteurs adultes bien discrets, mais d’une présence salutaire (Irène Jacob apparait peu par exemple, mais quel charme !). Certes, on est ici dans un genre bien rebattu, avec des personnages classiques du genre et auxquels il est difficile d’échapper en vérité ! Mais de bons interprètes, et des situations qui sortent de l’ordinaire (notamment dans la dernière partie) permettent de sortir des sentiers battus, et d’évoluer vers un film fort et touchant.
Formellement Louis Malle signe un film sombre, gris, avec une ambiance solide. De bons décors, une photographie recherchée qui exploite fort bien le contexte hivernal du métrage et une mise en scène délicate, sobre et sans effets de style ou de surenchère excessifs, voilà ce qui fait la qualité visuelle de ce film raffiné, qui paraîtra cependant austère aux spectateurs les moins prévenus. Mais enfin, comment aurait-il pu en être autrement avec ce métrage qui a tout du drame pur et dur, et qui, sans l’être si vivement, reste dur. Une musique simple mais réussie vient baigner le film avec bonheur.
Au revoir les enfants est un film qui ne manque pas de qualité, et qui a le mérite d’aborder l’Occupation sous un angle original. Certains seront sans doute déçu de voir Malle prendre un parti finalement assez classique en s’aventurant dans un genre où il est difficile de surprendre et de se démarquer fondamentalement (vous regardez un Diabolo menthe, vous ne serez pas à la même époque mais vous aurez peu ou prou des lieux communs similaires), mais cela n’enlève rien à la qualité formelle du film, et à la profondeur de la dernière partie. 3.5