Fondateur et coprésident de Star Thrower Entertainment, Tim White est l’un des producteurs de La Méthode Williams. Féru de tennis depuis longtemps, il avait en 1999 assisté à la finale des championnats de Lipton (rebaptisés depuis Miami Open) où les sœurs Williams s’affrontaient sous le regard de leur père : « Je revois ce père qui était là, avec ses deux filles, et tout le monde le regardait en portant sur lui des jugements très contrastés. Mais ce qui m’a frappé, c’est que ce type avait nourri un rêve auquel son entourage n’avait pas cru. Désormais, ses filles jouaient en finale et il tenait un panneau qu’il avait écrit et qui disait ‘je vous l’avais bien dit !’ Au bout du compte, tout ce qu’il avait prédit s’est révélé exact. J’ai trouvé qu’il constituait un formidable personnage dont le parcours méritait d’être raconté. » En effet, deux ans avant la naissance de ses filles, Richard Williams était tombé sur un match de tennis à la télévision où la joueuse Virginia Ruzici venait d’empocher 40 000 dollars. Il a alors mis au point un plan de carrière pour ses futures championnes qui n’étaient même pas nées, annonçant à sa femme Oracene qu’ils auraient deux filles qui deviendraient des championnes de tennis.
Presque tout, dans le scénario, s’appuie sur des faits. Pourtant, même l’agent de Zach Baylin, le scénariste, a eu du mal à croire à la véracité du script quand il l’a découvert. Baylin explique : « Si la trajectoire de cette famille est extraordinaire, c’est en partie, à mon avis, parce que Richard est lui-même un personnage hors du commun. Pour moi, c’était l’histoire d’un rêve américain hors normes et la difficulté consistait à restituer les moments les plus marquants et à évoquer certaines relations inattendues entre les personnages ».
Ce sont les producteurs Tim et Trevor White qui ont proposé au scénariste Zach Baylin le projet d’un film consacré au père des sœurs Williams. Une fois le scénario abouti, les deux producteurs l’ont immédiatement envoyé à Will Smith qui leur semblait le collaborateur idéal. Ils ont alors entamé des discussions et décidé que Smith serait non seulement le troisième producteur du projet, mais l’interprète de Richard Williams.
La Méthode Williams ne s’adresse pas uniquement aux férus de sport, comme l’indique Will Smith : « Ce n’est pas vraiment un film sur le tennis – c’est un film sur la famille, sur la confiance en l’autre, sur l’amour qui triomphe de nombreux obstacles. C’est sans doute paradoxal, mais voilà un film qui parle de deux championnes de tennis, parmi les plus célèbres au monde, mais dont le tennis n’est que le sixième sujet par ordre d’importance. J’ai déjà tourné des films sur des personnages réels et on se rend compte qu’on le fait d’abord pour les gens dont on parle et leurs proches. »
Il était impensable pour la production de ne pas obtenir l’accord de la famille Williams avant de faire le film. Isha Price, sœur de Venus et Serena, et productrice exécutive du film, a été la première à avoir été contactée. Tim White raconte : « Elle nous a non seulement permis d’avoir accès à la famille Williams, mais elle s’est révélée une collaboratrice décisive : elle a soutenu le projet et nous a donné des tas de petits détails et de précisions qui permettaient d’enrichir le scénario et d’apporter une vraie crédibilité aux situations du film ». Si elle a d’abord refusé de jeter un œil au scénario, lasse que sa famille soit l’objet de nombreuses rumeurs depuis des années, elle a fini par le lire et en parler avec sa famille. Le feu vert a été donné à la condition qu’elle soit impliquée dans la production afin de garantir l’authenticité du récit.
La Méthode Williams est une histoire de famille devant mais aussi derrière la caméra. En effet, Will Smith produit le film avec son épouse Jada Pinkett Smith et son beau-frère Caleeb Pinkett (par ailleurs vice-président senior des affaires créatives chez Overbrook Entertainment, la boite de production de Will Smith). Venus et Serena Williams sont productrices exécutives, aux côtés de leur sœur Isha Price. Lyndrea Price, autre sœur de la fratrie, est costumière du film. Quant au réalisateur Reinaldo Marcus Green, il a lui aussi été longtemps entraîné par son père pour devenir un joueur de base-ball : « je suis allé assez loin puisque j’ai passé les épreuves de sélections en première division. J’ai joué au base-ball à l’université. Mais je n’ai pas été pris, si bien que je me suis tourné vers le cinéma. Je n’ai pas grandi à Compton, mais j’ai passé mon enfance dans un quartier difficile. Je suis né la même année que Serena. J’ai témoigné de pas mal de persévérance ».
Pour endosser les rôles de Venus et Serena Williams, Saniyya Sidney et Demi Singleton se sont longtemps entretenues avec Isha Price, sœur des joueuses, pour en apprendre plus sur leur intimité. Plus tard, les sportives sont venues rencontrer les actrices sur le tournage. Sidney se souvient : « Venus m’a expliqué comment elle fonctionne sur le court, comment elle se sent entre les sets et comment elle se comporte quand elle joue. Elle n’en fait pas des caisses, elle n’extériorise rien – tout se passe à l’intérieur d’elle-même. Cela se voit sur son visage. On a aussi parlé de ses liens avec Serena qui sont indestructibles. » Singleton ajoute : « Venus et Serena nous parlaient de ce qu’elles faisaient ensemble, et du fait que Serena était toujours celle qui leur attirait des ennuis ! » Mais elles ont surtout dû subir un entraînement de haut niveau. Saniyya Sidney, qui n’avait jamais joué au tennis, a dû tout apprendre, qui plus est de la main droite alors qu’elle est gauchère. Les deux comédiennes se sont entraînées notamment sous la tutelle d’Eric Taino, recruté comme consultant tennistique sur le projet. Ancien joueur classé à l’ATP, celui-ci a non seulement battu Roger Federer, mais il s’est formé à la fameuse Rick Macci Academy à la même époque que Venus et Serena. Malgré leurs entraînements intensifs, Saniyya Sidney et Demi Singleton ne pouvaient se hisser au niveau de Venus et Serena Williams et ont été doublées par d’authentiques joueuses lors de certaines scènes.
La maquilleuse Judy Murdock et le prothésiste Kentaro Yano se sont consacrés à la transformation de Will Smith. À l’origine, l’acteur devait recourir à bien plus de prothèses mais il a finalement été décidé de lui apporter le minimum de retouches artificielles au niveau des sourcils et des oreilles. Murdock explique : « On a donc apporté quelques infimes changements à son visage et le spectateur ne s’en rendra sans doute même pas compte. Quand on le regarde, on n’a pas affaire à une caricature. On voit Richard que Will a réussi à incarner à sa manière ». Pour le comédien, l’accessoire qui lui a permis de rentrer dans la peau de Richard Williams a été… le short ! « Je ne sais pas pourquoi, mais à mes yeux ses shorts bien ajustés constituaient son allure tennistique ! Ce sont ses shorts moulants et ses chaussettes montantes qui m’ont permis de me plonger dans l’état d’esprit de Richard ».
S’il était assez simple de se documenter sur les années 90 grâce aux images d’archives et à Internet, il n’était pas si facile de se procurer les vêtements de l’époque. La chef costumière Sharen Davis explique : « La mode de la fin des années 80 et des années 90 changeait radicalement tous les deux ans environ et les vêtements n’étaient pas conçus pour durer. Quand on retrouvait des tenues de tennis, on les reproduisait avec nos propres tissus en veillant à conserver les mêmes silhouettes. Par ailleurs, qui conserve des chaussures pendant quarante ans ? » Sur les quatre biopics auxquels elle a participé, elle estime que La Méthode Williams est celui qui lui a posé le plus de difficultés. « Je ne pouvais pas aller trop loin en matière de costumes. On a eu l’impression de se transformer en pilleurs de fonds de tiroirs pour retrouver d’authentiques vêtements de ces années-là ».
Le tournage s’est déroulé en décors naturels. La production a notamment investi une maison de South Los Angeles pour camper la propriété des Williams car celle-ci était trop exiguë pour accueillir l’équipe et le matériel de tournage. Leon Washington Park est devenu le parc du scénario et des graffeurs du coin ont été engagés pour décorer les murs bâtis par la production pour dissimuler la voie ferrée à proximité. Le chef décorateur Wynn Thomas s’est rendu sur tous les véritables lieux de l’histoire et s’est également nourri d’anecdotes et de témoignages : « Il ne s’agissait pas de proposer une relecture des lieux, mais de rester aussi proche de la réalité que possible. Les décors, dans un film comme celui-là, disparaissent afin de ne pas gêner la narration. Ce qui est central, ce sont les personnages ».
Le tournage a débuté le vendredi 21 février 2020 et s’est interrompu le 15 mars avant de reprendre le 19 octobre et de s’achever le 11 décembre. Durant cette longue pause forcée par le confinement, l’équipe se réunissait par Zoom deux fois par mois pour faire un état des lieux de la situation et du moral de chacun.
Le scénario de La Méthode Williams a figuré sur la Black List de 2018, qui recense les scénarios les plus appréciés mais pas encore produits par un studio. La Black List a permis de faire décoller la carrière de plusieurs scénaristes.
En menant ses recherches pour le film, le scénariste Zach Baylin conservait constamment un calepin pour y noter des citations de Richard Williams, dont l’une de ses célèbres phrases qu’on entend tout au long du film : « Si l’on n’anticipe pas, on est voué à l’échec ». Will Smith avait également une liste de citations de Williams sur lui, dont Baylin et les auteurs n’avaient jamais entendu parler. Toute l’équipe s’est employée à intégrer le plus de citations possible dans le film.
Saniyya Sidney, qui prête ses traits à la jeune Venus Williams, a eu 14 ans le 30 octobre, en plein tournage. Will Smith et la production ont préparé une surprise à la jeune fille : le chanteur Jason Derulo est venu interpréter ses tubes pour elle, et l’événement a été immortalisé grâce à un clip sur Tik Tok auquel Saniyya et Jason ont participé.