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Jessie23
33 abonnés
81 critiques
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3,5
Publiée le 30 août 2021
La fin justifie les moyens serait-on tenté de dire. Le film a un certain maniérisme très français, on s'y perd parfois, il y a quelques bonnes longueurs, même si tout se remet en place pour un final haletant et captivant. Vicky Krieps est impressionnante de maturité.
"Ça semble être l’histoire d’une femme qui s’en va." Un beau matin d'hiver, Clarisse (Vicky Krieps) prend sa voiture et quitte sa maison, son mari (Arieh Worthalter) et ses deux enfants, Louise et Paul, pour dit-elle "rouler vers la mer". Mais bien vite la narration se brouille et les questions surgissent, entretenues par les paroles de Clarisse, "Ce n'est pas moi qui suis partie, j'invente" : qui quitte qui ? qui rêve qui ? qui pleure qui ?
On l'aura compris : "Serre moi fort" est un film sur la séparation et sur la perte. On n'en dira pas plus pour ne pas révéler le ressort sur lequel tout le film repose, même si le réalisateur lui-même n'en fait pas mystère et le dévoile dans ses interviews. Une accumulation d'indices minuscules le laisse augurer jusqu'à ce qu'il s'éclaire, au milieu du film environ, sans pour autant être expressément nommé.
Tout l'art de "Serre moi fort" est dans ce lent dévoilement. Si un film doit recevoir le César du meilleur montage, une récompense souvent décernée sans qu'on en comprenne vraiment les motifs (qu'y avait-il de si original dans le montage des "Misérables", de "Jusqu'à la garde" ou de "120 bpm" pour que ces oeuvres là soient récompensées ?), c'est bien celui-là, qui entrelace avec un art achevé flashbacks et flashforwards, souvenirs et projections.
Il est aussi dans le talent des interprètes, au premier chef de sa tête d'affiche, l'étonnante Vicky Krieps qui mène depuis sa révélation dans "Phantom Thread" une carrière étonnante. On l'a vue récemment dans "Bergman Island", dans "Old". Elle y était déjà remarquable. On la verra bientôt dans "The Survivor", un film hollywoodien du vétéran Barry Levinson. 2021 aura décidément été son année.
Il y a un autre acteur à part entière dans "Serre moi fort" : la musique omniprésente que joue au piano la petite Louise, à laquelle Clarisse imagine un brillant avenir de soliste. On aurait aimé qu'il s'agisse d'une fugue de Bach pour filer la métaphore. Il s'agit surtout de pièces de Rameau, mais aussi de Beethoven ou de Debussy. Elle n'en pare pas moins ce film d'une élégance à couper le souffle.
Seule réserve très subjective, qui pourrait être de taille et qui explique d'ailleurs les réserves de nombreux spectateurs. Le sujet du film aurait pu, aurait dû m'émouvoir jusqu'au tréfonds. Car il est de ceux qui me font sangloter. Pourtant, j'y suis resté extérieur. Je n'ai pas été touché.
À l’origine, il y a une pièce de théâtre de Claudine Galea, Je reviens de loin. Mathieu Amalric en a tiré un excellent scénario puzzle – mystérieux, beau et douloureux – qui épouse la subjectivité du personnage féminin central, mêlant sans frontières bien distinctes le passé, le présent et le futur, la réalité et l’imaginaire, les vivants et les morts. Remarquable travail de montage – image et son – pour donner forme à cette matière subjective, incertaine, pour laisser deviner une ligne de fuite, en zigzag. Après quelques dizaines de minutes (peut-être Amalric aurait-il pu maintenir l’ambiguïté plus longtemps), on comprend ce que l’héroïne a vécu et ce qu’elle invente. On avance alors avec elle, au cœur de sa dépression, au bord de la folie. Le film évoque joliment le recours à l’imagination pour continuer à vivre avec une souffrance indépassable, pour survivre. L’actrice Vicky Krieps, formidable, porte l’histoire sur ses épaules et sur son beau visage ravagé. Cependant, malgré toutes ces qualités, le film peine à diffuser fortement l’émotion. Est-ce le morcellement narratif, le zapping permanent entre différentes strates de vie ou l’approche mentale qui empêchent le flot émotionnel de se déverser pleinement ? Quoi qu’il en soit, l’inspiration est belle et originale. Il y a beaucoup de cinéma et de subtilité dans chaque détail du film. Jusque dans l’écriture du titre, où l’absence de trait d’union entre “Serre” et “moi” a son importance symbolique.
Le meilleur film d'Amalric en tant que réalisateur. Ce qui peut paraître comme un exercice de style un peu vain dans la première demi-heure se transforme en un passionnant portrait de femme, au montage éblouissant. Une réussite.
Avancer, sans oublier. Avant-première cannoise, on trouvait qu'on était étonnamment bien placé dans la salle Debussy (soit la salle où, si on vous attribue une place médiocre, vous pouvez sortir les jumelles), et pour cause : on s'est retrouvé avec Vicky Krieps et Mathieu Amalric juste devant. On a donc pu profiter des quinze minutes d'ovation finales pendant lesquelles le réalisateur faisait le pitre en se voyant en direct sur le grand écran (avec votre serviteur qui tente de se cacher sous le siège derrière). Sacré Amalric, qui sait être farfelu comme très sérieux et poignant, comme le prouve son Serre moi fort, une plongée vibrante dans l'enfer du deuil impossible, de la reconstruction après une lourde perte, de la difficulté de se sentir capable d'avancer malgré tout. Du fait de son montage complexe (pour ne pas dire carrément en bazar), qui mêle les flashbacks au présent, les rêves à la réalité, on n'est pas bien certain d'avoir tout saisi, ou d'avoir interprété les scènes comme il se devait, mais la force des émotions ne nous a pas échappé. Vicky Krieps est convaincante en mère terrassée par le deuil, et porte le film à elle seule, on sait pourquoi Amalric dit qu'il a écrit le rôle uniquement pour elle, tant elle semble une évidence ici. Le titre est tiré d'une chanson d'Etienne Daho (La Nage Indienne), flirte souvent avec la sensibilité de ses paroles, et dont le réalisateur excuse une orthographe qui nous étonnait jusque-là (où est le tiret de l'impératif entre "Serre" et "moi" ? L'oubli est volontaire : il représente l'impossible rapprochement des êtres, les liens brisés qui ne se refont jamais... Bernard Pivot n'aura plus rien à redire, à présent). On ressort de Serre moi fort avec le cerveau en ébullition d'avoir cogité pour suivre toutes scènes qui semblent se suivre de façon décousues (on pense le revoir, pour être sûr d'avoir tout compris), mais aussi avec le cœur bien certain d'avoir capté toute la puissance des sentiments qu'Amalric et Krieps, ensemble, sont capables de transmettre de chaque côté de la caméra.
Serre-moi fort est un film très particulier parce que je me suis quand même fait chier pendant une bonne partie du film. Alors ça ne veut rien dire de la qualité du film, mais quasiment tout le film c'est une suite d'événements contradictoires, n'ayant pas nécessairement de sens et qui pourtant semblent avoir des liens entre eux. Comme si l'héroïne en quittant sa famille dans la scène d'ouverture imaginait tous les futurs possibles, mais semblait aussi regretter d'être partie. Et forcément, à ce moment on se demande juste pourquoi elle ne retourne pas simplement chez elle.
C'est vraiment confus, on ne comprend pas grand chose à ce que l'on regarde et je dois avouer qu'après quelque chose comme cinquante minutes à ne rien piger de ce que je vois, de ne rien comprendre à quoi ça correspond, le film me saoulait. Et en fait la fin, qui elle est explicite et qui explique beaucoup de choses qui étaient incompréhensibles avant (cette histoire de journal intime que la mère absente semblait dicter à sa fille par exemple) est vraiment très belle.
En fait je pense que j'apprécierais plus le film en le revoyant, parce que j'aurais moins l'impression de voir un truc décousu et vide de sens où je suis forcé de suivre les élucubrations d'une femme qui fout le camp sans savoir ce qui est réel ou non.
C'est pour ça que je me demande si le film n'aurait pas été meilleur en commençant à être plus explicite et à faire comprendre au spectateur plus tôt ce qui se passe réellement. Disons que ça donnerait une autre saveur aux scènes qui défilaient et qui n'avaient pour moi à l'époque aucun intérêt.
Reste que malgré tout, on a quelques scènes qui fonctionnent vraiment bien, même si on arrive pas à savoir à quoi elles correspondent réellement : je pense notamment à la scène dans la boîte de nuit où le couple semble se rencontrer pour la première fois.
Je suis donc assez partagé, parce que sur le final j'ai profondément été ému et c'est ce qu'on recherche, mais en même temps, cette émotion arrive après plus d'une heure d'incompréhension où mon intérêt pour le film allait déclinant. En tous cas c'est un film singulier et déroutant et on en voit trop peu.
"Ca semble être l'histoire d'une femme qui s'en va." dit le dossier de presse. Évidemment, tout est dans le "semble". Il est vrai qu'il est difficile d'en dire plus sur le récit sans en dévoiler trop.
Inspiré de la pièce Je reviens de loin de Claudine Galèa, Serre moi fort parle de l'absence et de ce qu'on en fait à travers l'histoire de Clarisse.
On retrouve dans Serre moi fort la virtuosité de Mathieu Amalric à raconter des histoires, et dessiner des portraits dans des montages complexes faits d'instantanés, de fragments qui éclairent petit à petit le récit. Serre moi fort se construit ainsi par petites touches, scènes de vie intemporelles, où l'émotion affleure. Seul regret dans ce montage : le réalisateur dévoile un peu trop vite le cœur du drame qui caché plus longtemps permettrait au spectateur d'accompagner au plus près Clarisse dans son voyage. Dans le rôle principal, Vicky Krieps est exceptionnelle. Elle porte la puissance émotionnelle du film. Sanscrierart.com
Scénario légèrement déstructuré comme l’est Clarisse. Sans vouloir me la jouer, on devine qui est parti relativement tôt ; déjà j’avais un pressentiment au milieu de l’agitation matinale concernant père et enfants, des questions, mais pas vraiment d’inquiétude, spoiler: puis confirmation avec la scène du gendarme assisté d’un secouriste qui interpelle Clarisse inquiète, l’esprit troublé marchant ans la neige.
Le biopic de Mathieu Amalric sur Barbara était original, loin des sentiers balisés, là avec « Serre moi fort » - sans trait d’union - spoiler: (certainement voulu puisque qu’une union s’est brisée car qui peut serrer fort Clarisse ?) , le réalisateur mêle habilement souvenirs du passé aux souvenirs qui auraient pu se dérouler. Tout ça à travers l’esprit meurtri de Clarisse. Ca peut paraître brouillon mais en se laissant emporté par la prestation de Vicky Krieps, le récit s’avère limpide. Encore une fois, Mathieu Amalric nous promène dans un jardin qui lui est propre, ce n’est pas un jardin bien tracé aux figures géométriques, c’est un jardin sauvage et surprenant.
Ce film montre l’histoire d’une femme (Vicky Krieps) qui semble partir, fuir sa famille (son mari et ses deux enfants). L’idée du film est très bonne, très originale, elle permet de traiter un sujet difficile avec un certain recul. C’est très bien fait. En revanche, c’est vrai que cette prise de recul ne m’a pas permis de dégager d’empathie pour l’héroïne. Tout est très bien fait et le traitement permet de ne pas rendre le sujet larmoyant, mais je pense que, pour moi, ce film ne restera pas mémorable.
Non seulement Mathieu Amalric est un extraordinaire acteur mais il est aussi un réalisateur très talentueux qui manie la caméra avec beaucoup d'intelligence et de réflexion. Peut-être trop. C'est le reproche que l'on peut faire à son film qui, brillant dans sa construction et sa réalisation en mêlant le passé et le présent, la réalité et le fantasme, perd pourtant son émotion par surcroît de Raison. On pense trop et on ne se laisse pas assez emporter sur un sujet pourtant fortement porteur d'émotion. Ainsi, la scène où la maison vide est mise en vente crée beaucoup moins de tristesse et de mélancolie que la chanson de Benabar évoquant pourtant la même visite d'un agent immobilier. Merci tout de même pour l'extrait du Quatuor pour la fin des temps de Messiaen.
Avant de voir le film j'avais, comme à l'accoutumée, parcouru les critiques presse qui étaient dithyrambiques. Ce qui m'a permis de rester positif la première partie du film, car il faut s'accrocher devant un mystérieux film d'auteur. Car le film est contruit comme une très grande chausse-trappe, dans laquelle on évolue d'interrogation en interrogation. Le plus troublant est de voir le couple échanger à distance. Et la cause du désarroi de Vicky nous apparait soudainement "en montagne". Mais tout se trouble à nouveau avec les rejets de ses propres enfants... Perle scénaristique mais l'émotion est un peu trop cérébrale.
Un film un peu compliqué ; beaucoup de flash back , de récits emmêlés , mais avec un fil conducteur ténu. Une jeune femme décide de tout quitter, soudainement, mari et enfants, sans prévenir. On ne sait plus, ou pas encore, les raisons de cette rupture avancée. La voilà « on the road » , voulant aller au bord de la mer ,avec beaucoup de galère , de cuites ,et de solitude. On comprend par les flash backs, qu’il y a eu des crises et des drames dans sa vie . Difficile parfois de reconstituer le puzzle. On s’y perd. En revanche une excellente prestation de l’actrice principale Vicky Kreips, touchante et très investie. Le film est imprégné d’une vraie poésie originale, comme toujours chez Almaric
Mathieu Amalric explore le labyrinthe mental d’une femme en deuil (interprétée par l’émouvante Vicky Krieps), et signe un drame intimiste sensible traversé par des moments de grâce mais aussi par des longueurs.
Pitcher, c’est spoiler. Pour cette raison, « Ça semble être l’histoire d’une femme qui s’en va » convient parfaitement à ce film. Mathieu Amalric adapte une pièce de théâtre tout en déstructurant la narration et en usant d’ellipses vertigineuses. Pris dans le tourbillon de ce scénario oscillant sans cesse entre réel et imaginaire, passé et présent, la vie et la mort ; le spectateur est perdu et essaie de reconstruire le récit à l’image de l’héroïne essayant de se reconstruire elle-même. Ça ne vous rappelle rien ce type de film. « The father » frappait fort en début d’année en usant à peu près des mêmes subterfuges narratifs, ce film fait office de redite, la puissance en moins. La légèreté n’est pas mise ici, on est dans un mélodrame assumé à la Douglas Sirk, Amalric le revendique. Ce type de construction reste casse gueule, quelques vignettes ne sont pas toujours bien connectées entre elles ; cependant il s’en sort malgré tout très bien. On est captivé durant tout le film, à vouloir comprendre l’enchainement des événements. Dans la dernière demi-heure, lorsque l’on a tout saisi, on peut avoir l’impression d’assister à un exercice de style se résumant à perdre sans cesse le spectateur. Et au terme du film, on se dit que sans cet exercice virtuose sur un film, avec un scénario aussi malingre, le film n’aurait guère d’intérêt. Happé par le film, mais partagé une fois la lumière rallumée dans la salle. tout-un-cinema.blogspot.com
Tour à tour film aux allures fantastiques, drame tragique et intimiste, le tout soupoudré de scènes parfois comiques, Serre moi fort brasse plusieurs genres avec une grande facilité aidé par son montage, au cordeau, qui évite les écueils d'un ennui et d'un intellectualisme pesant et ennuyeux. Le film montre les mécanismes du travail de deuil, du refoulement de la culpabilité et du travail de l'imaginaire. Les vivants survivent mais les morts rôdent tels des fantômes. Il faut un temps d'adaptation pour adhérer à la forme éclatée du film composé à la fois de flash back, flash forward, réalité et fantasme, espoir et pleurs, envie de vivre et désespoir. Serre moi fort tient en partie par la force du jeu de Vicky Krieps, personnage attachant à la fois fuyant, culpabilisant, fantasmant et se réfugiant dans la volonté de conter des histoires. L'actrice est formidable. Arieh Worthalter incarne aussi avec beaucoup de justesse le rôle d'un père sans épouse dont les relations avec les enfants sont justes et parfois allant à l'encontre de l'attendu. La mise en scène sait au mieux utiliser les cadres naturels sans volonté de vision touristique (la neige bien filmée) et, au contraire, sont vecteurs d'angoisse de même le jeu des personnages dont sourdent une dose d'inquiétude et d'absurde. Le film utilise au mieux la musique du piano en choisissant des morceaux qui vont à l'opposé de l'attendu (Ligeti par exemple). On note la grande liberté du propos avec ces personnages dans un arbre, cet improbable déménagement, ses scènes d'intérieurs bizarroïde. Le road movie mental de la femme vs une famille en appartement. Grâce au montage, nous passons d'un temps à un autre et d'un lieu à un autre sans réticence. Un film qui flirte parfois avec un excès d'auteurisme mais émeut en restant près de nous longtemps. Le meilleur film réalisé par Amalric.