Ces deux-là, on a l’impression de les avoir toujours vus dans ce genre de rôle : François Damiens en allumé mystique, écolo et empathique et Vincent Lindon qui grommelle, regarde le monde avec les yeux d’un clébard prêt à mordre et qui parvient, autant en grand patron qu’en syndicaliste, à donner l’impression qu’il a morflé toute sa vie. Le second, dirigeant fatigué d’une grande entreprise, a besoin du premier, habitué des maisons de repos, pour signer un gros contrat et se retrouve obligé d’intégrer l’animal dans sa vie personnelle et professionnelle rigide. Leur duo rappelle inévitablement d’autres duos, Brel et Ventura dans ‘L’emmerdeur’ ou plus généralement, n’importe quelle apparition de Pierre Richard dans son avatar de François Pignon. Pourtant il se passe quelque chose d’assez particulier avec ce film qu’on jurerait pourtant avoir déjà vu. Certes, Jan Kounen n’est pas réputé pour sa subtilité et ses artifices de mise en scène rappellent que s’il a été un jour le réalisateur le plus hype du moment, c’était il y a longtemps. D’autre part, les catastrophes attendues s’enchaînent dans une logique burlesque, ce qui éloigne ‘Mon cousin ‘ de ses ambitions dramatiques...et pourtant, il y a derrière tout cela une vraie réflexion sur ce qu’on s’est imposé parce qu’on le croyait juste, et sur la perte de sens, dans tous les dimensions de ce terme, qui n’est peut-être pas d’une grande profondeur mais qui parvient à porter, et empêche le film de briller sur son seul registre humoristique. Du coup, s’agirait-il simplement de la classique “comédie dramatique” qui reste la marque de fabrique la plus évidente du cinéma hexagonal ? Sauf que ‘Mon cousin’ n’a pas du tout le même goût que la comédie dramatique française type, sans doute parce que son équilibre est différent, sans qu’on puisse affirmer avec certitude que c’est parce qu’il est plus maîtrisé ou au contraire plus bancal. Dès lors, tout en étant conscient de ses défauts et de ses faiblesses, ‘Mon cousin’ en attrape une coloration assez atypique, qui suscite une authentique curiosité, pas si courante dans un créneau aussi balisé que celui de la comédie dramatique.