Nomadland, c'est tout d'abord un film lent, qui a un rythme très doux avec des scènes simples. En soit, en venant le découvrir en salle, je ne m'attendais certainement pas à un film d'action, mais je n'avais pas envisagé la narration que nous propose sa réalisatrice, sans fil rouge défini, sans but établi, simplement le parcours de Fern, celui de son deuil, à sa manière. Même si cette perspective me convient, j'ai malheureusement trouvé que l'histoire manquait un peu de dynamisme, en particulier pour son début et sa fin. Toute l'heure du milieu m'a beaucoup plus, mais les extrémités, majoritairement centrées sur le personnage principal, m'ont paru plus ternes, moins émouvantes quand elles auraient justement dû l'être davantage.
Parce que mon vrai souci dans ce film, c'est elle, Fern. Une femme qui souffre, qui lutte pour garder une place dans cette société qui ne lui offre plus rien, et qui ne laisse pas passer beaucoup d'émotion, ni dans sa relation aux autres, ni en aparté à l'écran. Comme elle est très fermée, j'ai eu beaucoup de mal à l'apprécier, à me sentir concernée et à m'identifier. Bien sûr, son histoire est touchante, mais je me sentais trop loin pour que mes sentiments s'y épanouissent. En revanche, j'ai adoré la multitudes de personnes qui sont amenées à croiser son chemin. À mes yeux, ce sont eux la véritable force du film. Dave, Linda, Swankie... eux m'ont amenée dans l'émotion et le partage, j'ai adoré passer du temps avec eux.
En parallèle, le road trip m'a plu. La vie en van, les paysages, les rencontres... et la relation aux objets. Ça m'a fascinée. Dans cet univers où on ne peut pas s'encombrer de tant des choses avec lesquelles nous vivons, nous les sédentaires, le superflu n'a pas sa place, mais un objet utile prend toute sa valeur. Vivre sans un pot pour faire office de toilettes, sans ouvre boîte ou sans réchaud, paraît hautement compliqué. Sans cesse, l'objet est ramené à l'écran, comme un bien précieux alors même que les personnages en possèdent peu et s'en sont détachés. Ça m'a fait réfléchir à tout ce que j'entasse dans mon cagibi au fur et à mesure de mes déménagements... a-t-on vraiment besoin de tout ça ?
Pour conclure, Nomadland m'a plu même si je n'ai pas eu de connivence avec Fern. J'ai adoré découvrir ce mode de vie, la liberté et les contraintes, les gens qui se trouvent sur la route, les philosophies de chacun pour se reconstruire après des drames ou une vie difficile. Je ne pense pas m'essayer à la vie en van de si tôt, mais c'est un beau concept.
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