Ce n’est jamais une bonne idée d’aller contre son instinct. Même pour faire plaisir aux potes. Même si la place est cadeau. Et même si une gamelle agréablement arrosée est garantie après la séance. « Bros » donc. Une comédie romantique. On aime ou on n’aime pas le genre. Toujours traumatisé par « Vous avez du courrier », l’intérêt pour la guimauve se situe ici plutôt dans la moyenne basse. Très basse. Il faut donc se préparer à toutes les finesses scénaristiques dont peuvent être capables nos amis américains dans cet exercice. « Noooon ! Tu vas voir ! Là, c’est pas pareil ! C’est une rom-com gay. La première par un grand studio! Historique ! ». D’accord. On fait comme ça.
Bon! Chasse aux infos. Qu’est-ce que ça raconte? « Une comédie romantique qui va vous toucher ». Ok. On va voir ça. Aïe! Judd Appatow (« En cloque, mode d’emploi» et plein d’autres choses plus ou moins bonnes, avec ou sans son épouse et ses filles) est dans le coup en tant que producteur. Nicholas Stoller (le très très moyen « Sans Sarah rien ne va », et le pas vraiment meilleur « Nos pires voisins » avec le toujours gonflant Seth Rogen) réalise. Au casting ? Luke Macfarlane, prototype du beau gosse musclé dents-blanches-haleine-fraîche-abdos-ciselés abonné aux films de Noël nazes du Hallmark Channel et Billy Eichner, le braillard hystérique de « Billy on the Streets ». Debra Messing, en cale sèche depuis « Will et Grace », ainsi que la voisine coincée de « Marié, deux enfants », Amanda Bearse, font leur apparition. Mouais. Ça sent le gaz. Les Tomates Pourries, cependant, donne 89 et 90 % entre vote critique et vote des cochons de payants. Quand même ! Tiendrait-on là du très lourd malgré de nombreux et sérieux signes annonciateurs de calamité majeure.
Le jour tant attendu arrive. Maverdave ! On a omis, âne bâté, de regarder la bande-annonce. Grave erreur. On aurait dû. Et ainsi gagner du temps pour pondre une excuse béton afin de pas avoir à se farcir une telle purge. Pas de spoil, chacun doit avoir équitablement accès à sa part de souffrances. Disons que ceux qui ont commis cette chose devraient être envoyés direct au goulag. Parce que c’est mauvais. Force 10. Bourré de clichés bien lourds. Un personnage principal, névrosé et narcissique, intolérable. En plus d’être intolérant. Il parle trop vite. Trop fort. Trop. On entend et ne voit que lui. Probablement parce qu’il a coécrit ce truc ni drôle ni romantique. Pas la peine de s‘étendre non plus sur une paire de savoureuses piques à l’égard des hétéros. On sait bien que ça reste bon esprit. C’est un peu vrai, il faut l'avouer, qu’ils « ont eu leur temps », ces innocents du village global. Allez ! Poubelle !
Pas vraiment une surprise d’apprendre que le film est un bide aux USA. Dans d’épiques proportions. Apparemment, et sauf miracle, quiconque a investi là-dedans ne reverra pas son pognon. Jamais. Il va même peut-être falloir amener les bijoux de mémé chez l’usurier du coin. L’acteur principal, blessé, ne le prend pas trop bien. Malheur à ceux qui auront eu l’outrecuidance de ne pas applaudir frénétiquement, une petite larme aux coins des yeux, cette œuvre majeure. Ils vont comprendre leur douleur. Comme il est de bon ton aujourd’hui de balancer du -phobe et du -iste dés que le public boude un truc ou un autre pondu par ceux ou celles qui savent mieux et ont décidé qu’amuser le public comptait moins que de lui faire la leçon, le quidam ne s’en est pas privé. C'est nul. Comme son film.