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    J'veux du soleil
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    benoitG80
    benoitG80

    3 418 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 6 avril 2019
    « J’veux du soleil » est sans doute un véritable hommage aux « Gilets Jaunes » que beaucoup trop diabolisent à qui mieux mieux et sans vraiment les connaître sur le fond !
    Touchant, vibrant, émouvant, de voir ces « Gens de Rien » témoigner de leur « Vie de rien » qu’ils endurent au quotidien et que beaucoup risquent de connaître tôt ou tard, mais sans doute plus tôt qu’ils ne le pensent...
    Ce qui a au moins le mérite ici de remettre sans doute les pendules à l’heure alors que le gouvernement avec la complicité des médias, ne fait que salir et démolir honteusement, volontairement et insidieusement toutes ces personnes qui ne font que se battre contre leur misère, qu’on leur réserve comme quelques miettes, juste bonnes à grignoter...
    Dans ce documentaire, il serait par contre bon de moins voir François Ruffin, bien trop en avant et presque surpris de réaliser que ces combattants de terrain existent en êtres héroïques et courageux qu’ils sont, et surtout aussi d’espérer par la même occasion que toutes celles et ceux qui vont aller, assis dans leur fauteuil, découvrir ces « Gilets Jaunes », viennent plutôt et enfin les rejoindre chaque samedi pour marcher et réellement les soutenir, les rencontrer et faire de sacrés et sincères échanges, ou juste à la rigueur et au minimum arborer un gilet jaune en guise de solidarité !
    En effet, si chaque citoyen, jeune ou vieux, étudiant, routier, agriculteur, enseignant,..., pouvait seulement se prendre par la main et dépasser enfin ses propres préjugés ou croyances, qu’on nous matraque volontairement chaque jour, et pouvait au moins venir enfin grossir ce formidable mouvement !
    Cet espoir unique de changer pour de bon ce monde hypocrite basé sur le profit et l’injustice, qui nous manipule et nous divise sciemment depuis trop longtemps...
    Et donc faire encore bien mieux, en découvrant en vrai et pour une fois les véritables acteurs du film, dans tous les sens du terme, ces « Gilets Jaunes » infatigables et formidables, plutôt qu’au cinéma par écran interposé, ce qui n’aura finalement ici qu’un enjeu bien trop limité, sauf pour son réalisateur !
    Bernard D.
    Bernard D.

    112 abonnés 613 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 3 avril 2019
    Je suis sorti déconcerté de l’avant-première à Amiens (3 salles et pas moins de 1 001 spectateurs pour sa ville d’adoption) de « J’veux du Soleil » car si François Ruffin partait dans ce road-movie avec l’idée (qui courrait à l’époque et était relayée par les médias) que les gilets jaunes étaient « fascisants », j’ai l’impression qu’il a lui-même été stupéfié par la grande misère de certaines personnes rencontrées sur les ronds-points !
    C’est finalement une galerie de personnages tous plus touchants les uns que les autres qu’il nous présente mais sur combien de personnes réellement filmées et surtout quid après ? Car à ces « personnes » de peu ou pire « de rien » comme dit par notre Président, dont la seule réussite est à ce jour d’avoir retrouvé un peu de dignité (en osant s’exprimer face à la caméra) et d’avoir partagé un peu de chaleur humaine, Ruffin ne propose aucune réponse politique claire à part – son grand cheval de bataille – la masse d’argent « détournée » par les prodigieux dividendes reversés aux actionnaires des grands groupes du CAC 40. De même si on est tous d’accord avec lui pour regretter la déruralisation de notre pays (et même l’« in-esthétisme » de nos villes, terme qu’il emploie à 2 reprises), je ne suis pas certain que la très petite porte entrouverte vers le soleil qu’espèrent les gilets jaunes soit aussi proche que ne le dit Ruffin … et j’espère que nombre de ces personnes ne vont pas rejoindre l’abstention électorale ou un vote populiste. Je confesse également avoir mal perçu certaines blagues de Ruffin dans le contexte …
    C’est un bon documentaire mais ce n’est pas à mon sens un film d’engagement politique au sens noble du terme !
    didbail
    didbail

    30 abonnés 512 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 avril 2019
    L'alliance de François Ruffin (Merci Patron) et de Gilles Perret (La sociale et l'Insoumis) donne un résultat magnifique. Enfin justice est faite à ce que sont vraiment les Gilets Jaunes, loin des violences et de l'image de fascistes ou d'antisémites que se plaisent à propager les médias.
    Les 2 compères sont allés sur les ronds-points du nord au sud de la France pour apporter un témoignage plein de tendresse et d'empathie sur ces dizaines de milliers de personnes qui ont mis leurs derniers espoirs dans cette bataille. En contrepoint de rapides extraits des interventions de politiques (dont Macron lui-même) ou de journalistes montre bien le fossé qui existe entre le mouvement et sa représentation.
    Un film bouleversant.
    Marc C
    Marc C

    41 abonnés 206 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 avril 2019
    Un film humain, touchant, qui casse les stéréotypes que certains peuvent avoir sur les mouvements des gilets jaunes. Une oeuvre de salubrité publique. Merci François Ruffin pour ce road trip.
    Angelita T
    Angelita T

    7 abonnés 3 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 avril 2019
    J'ai adoré! Des témoignages poignants de vérité sans aucun préjugé! François Ruffin est à la hauteur de ses idées sans en faire trop et laisse parler les gens ! Pas de jugement ni de politique! Parfait! A voir absolument!
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 8 avril 2019
    Film extrêmement touchant, reflétant les difficultés de millions de personnes en France.
    Une très belle façon de leur rendre hommage.
    A voir!!!!!!!!
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 8 avril 2019
    Reportage touchant de sincérité, j'ai aimé ces gens, attachants, généreux, qui nous rappel d'une certaine façon que la solidarité devrait être notre priorité, parce qu'on s'en détache peu à peu et elle nous manque finalement.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 373 abonnés 4 180 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 avril 2022
    L’année dernière Gilles Perret suivait Jean-Luc Mélenchon dans sa campagne présidentielle. Cette année il suit François Ruffin, non pas dans une quête à un pouvoir, mais à la rencontre de femmes et d’hommes sur des ronds-points. Oui, « J’veux du soleil » va porter un regard sur le mouvement des Gilets Jaunes. De villages en villages, de ronds-points en ronds-points, le député de la Somme part interroger les manifestants et écoute leur ras-le-bol vis-à-vis du Gouvernement. Certes, ce film est un moyen pour Ruffin d’envoyer un signal fort aux partisans du mouvement, mais les interviewés ne parlent pas à sa place. Leur parole est libérée sans direction à prendre. Au vu du nombre de revendications des français depuis octobre 2018 et encore plus de six mois plus tard, « J’veux du soleil » ne peut pas être exclusif, mais il fait honneur au mouvement en tout s’offrant un lieu ouvert au débat ; le cinéma.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    this is my movies
    this is my movies

    706 abonnés 3 087 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 avril 2019
    Evacuons tout de suite le principal défaut du film, à savoir son initiateur, F. Ruffins, qui a tendance à trop se montrer, et à faire ressembler le tout à un début de campagne présidentielle pour son parti (même s'il a le bon goût de na jamais l'évoquer). Trop souvent dans le cadre (et parfois au centre de ce dernier), Ruffins demeure trop présent, et oriente parfois ses questions. Reste qu'il laisse aussi beaucoup la parole à ces gens, des gilets jaunes et non pas les casseurs fachos et homophobes présentés par les médias dominants (superbe séquence d'intro). Une parole pas tout à fait libre (on sent que les témoins de ce mouvement pèsent leur mots et ne parlent pas avec naturel). Reste toutefois des témoignages poignant, sur une Province lointaine et oubliée, méprisée, souillée et sabotée. Ruffins pose aussi une question essentielle : et si ce ras-le-bol venait aussi de cet horizon esthétique bouché, moche et impersonnel d'une province aux paysages magnifiques, mais croulant sous le béton des Zones Indus ? Un très beau docu, qui frappe fort et vise juste, qui secoue les tripes et certains préjugés. Partisan ? Oui, assurément, le film l'est, et parfois trop manichéen. Mais c'est un témoignage essentiel, qui dit beaucoup en peu de temps. Efficace donc. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com
    Yves G.
    Yves G.

    1 481 abonnés 3 497 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 16 avril 2019
    En décembre 2018, François Ruffin, député de La France insoumise, et Gilles Perret, le documentariste qui a signé le "making off" de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, décident d’aller filmer les Gilets jaunes. À bord du break Picasso Citroën de François Ruffin – une voiture familiale que sa compagne l’avait poussé à acheter pour y véhiculer leurs deux enfants, deux jours avant leur rupture – les deux comparses sillonnent la France du nord au sud à leur rencontre pour combattre un préjugé : les Gilets Jaunes seraient un rassemblement de « fachos radicalisés »

    Il est difficile de se débarrasser des préjugés qui précèdent la vision de "J’veux du soleil". Préjugés à l’égard des deux coréalisateurs dont on a tout lieu de suspecter que le timing de la sortie de leur documentaire, en pleine campagne européenne, est lesté d’arrières-pensées politiciennes. Préjugés à l’égard du mouvement des Gilets jaunes au sujet desquels chaque spectateur s’est progressivement forgé son opinion personnelle, plus ou moins bonne, de moins en moins bonne en fait, au fur à mesure que les samedis égrenaient leur lot de violences inutiles.

    C’est à cause de ces préjugés que j’ai bien failli rater "J’veux du soleil", ayant bêtement décrété que je n’irais pas le voir mais me laissant finalement convaincre du contraire par un ami persuasif. Et force m’est de reconnaître que mes préjugés étaient – comme souvent les préjugés – bien mal fondés.

    Car il faut voir "J’veux du soleil". Quoi qu’on pense de Ruffin et de La France insoumise. Quoi qu’on pense des Gilets jaunes.

    Son message est simple : les Gilets jaunes expriment une souffrance trop longtemps tue. Loïc, Cindy, Marie, que les coréalisateurs ont croisés sur les ronds-points de l’Oise, de l’Ardèche et de l’Hérault sont les visages d’une France digne, dure à la peine, en mal de lien social, minée par la misère financière, morale, esthétique.

    François Ruffin et Gilles Perret pourraient en faire un prétexte à un tract électoral. Ils ont la décence de s’en abstenir. Certes, ils ne résistent pas à mettre en regard la souffrance des plus démunis et l’insolente richesse des plus nantis. Ils ne résistent pas à décocher quelques piques bien senties à Emmanuel Macron. Mais ces images, rajoutées au montage, ne retirent rien à l’intérêt du documentaire.

    Les Gilets jaunes ne portent pas un programme politique. L’évolution du mouvement, sa fuite tragique dans une violence gratuite, l’a amplement démontré. Les Gilets jaunes témoignent d’une détresse sociale. Elle touche tout particulièrement cette « France périphérique », révélée par les travaux du géographe Christophe Guilluy : des Français qui peinent à boucler leurs fins de mois et à faire le plein d’une automobile qu’un logement rurbain excentré les condamne à utiliser. On les voit autour des braseros retrouver un peu de chaleur humaine. François Ruffin et Gilles Pierret ne viennent ni les endoctriner ni les instrumentaliser. Ils les filment avec délicatesse. Ce n’est pas grand-chose. Mais c’est déjà beaucoup.
    Ceiner M
    Ceiner M

    34 abonnés 205 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 septembre 2020
    Ce roadmovie dans la France des Gilets Jaunes m'a donné envie d'aller rencontrer ces gens qui ont soif d'humanité et qui sont plein de misère humaine mais aussi d'humanité….On comprend que souvent ce sont les mêmes de générations restent bloqués dans la galère du quotidien...Je comprends la colère et la révolte surtout avec un Président qui a clairement choisi un camp et pas le leur ...Est-ce trop gentil ou les médias nous ont-ils dépeints ces GL comme des casseurs ou des fachos pour nuire à leur mouvement.? ça me donne vraiment envie de vérifier et de soutenir le mouvement...moi aussi , je veux du soleil et pour tous...
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 8 avril 2019
    Formidable ! tour à tour drôle, émouvant, spontané. Un beau témoignage de ce qui se vit et s'invente sur les ronds-points et surtout un témoignage des "invisibles", avec la parole donnée à ceux qu'on n'entend pas, et qui osent maintenant parler, dire la vie de galère qu'ils mènent et dans laquelle ils se débattent sans arriver à en sortir.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 5 avril 2019
    Un film profondément humain et sensible.
    Tourné en moins d'une semaine, il est impressionnant de force, d'émotions, de rires et de légèreté à la fois.
    Une réalité belle et crue qu'il fait bon de voir hisser sur grand écran !
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 343 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 mai 2019
    « Moi, quand je pars pendant six jours comme ça, j’abandonne ma casquette de député. Je suis artiste moi. […] Ce qu’on vient apporter c’est de l’émotion. On vient apporter de la beauté. » C’est ce qu’avait déclaré François Ruffin, en compagnie de son camarade co-réalisateur Gilles Perrin, lors de son passage à « On n’est pas couché ». Étonnamment c’est cette phrase qui m’a donné envie d’aller voir ce « J’veux du soleil ». Oser parler d’approche d’artiste pour un film de Ruffin, je trouvais ça quand-même sacrément gonflé. OK, « Merci patron » j’avais trouvé ça sympa, mais formellement parlant c’était vraiment chiche. Le film valait surtout pour sa farce – celle contre Bernard Arnault – mais aussi pour la fraîcheur qui se dégageait de cette attitude si iconoclaste de la part d’un journaliste ; celle de ce trublion de « Fakir » qu’était à l’époque François Ruffin. Mais entre temps les choses ont bien changé. Pas de farce pour ce deuxième film, mais plutôt un réquisitoire. Un réquisitoire sur un sujet social brûlant de son temps : les Gilets jaunes. Et un réquisitoire qui en plus n’est plus vraiment mené par le même Ruffin que celui de « Merci Patron ». Depuis, le journaliste est devenu député pour le compte de la France insoumise. Alors forcément, moi quand on me parle de « démarche d’artiste » pour un film qui semble déjà cocher à l’avance toutes les cases du banal spot de propagande électoraliste, ça me pousse déjà presque vers une forme d’exaspération. Surtout que, pour le coup, les 76 minutes ont bien confirmé ma première impression. Le sujet au fond ce ne sont pas les Gilets jaunes. Non, le sujet c’est bien Ruffin auprès des Gilets jaunes. On se déplace d’un spot à un autre. On collecte des témoignages. On joue la carte de l’émotion et surtout on montre quel est le seul homme politique qui a su rester auprès de ces gens-là. Ainsi, sans subtilité aucune, on nous montre le bon député Ruffin suivre l’allocution de Macron au milieu des siens, sur un rond-point, là où il se devait d’être, au milieu de ses troupes, avec eux, comme eux sont avec lui,.. Ou pour être plus exact : comme eux sont autour de lui. On nous montre aussi comment ce même bon vieux député Ruffin refuse qu’on lui sorte la jolie vaisselle pour le repas : « Eh attends ! Tu crois que c’est nécessaire ? T’as vu ma bagnole ? » Parce oui, il est comme ça le bon député Ruffin. C’est un homme simple. Proche du peuple. Il est le seul qui peut les comprendre. Et puis enfin, le bon député Ruffin est généreux. Il sait mettre des étoiles dans les yeux des petites gens quand il les invite à se balader sur la plage ou bien à chanter dans un studio pour le compte de son film. C’est tellement grossier que ça mériterait presque un zéro pointé… Et pourtant, ce n’est pas une mais deux étoiles que je lui attribue malgré tout à ce film. Certes, on reste en dessous de la moyenne (parce qu’il ne faut pas se foutre de nous non plus) mais malgré tout je dois tout de même lui reconnaître deux qualités à ce film. La première c’est effectivement celle d’avoir été capable de porter une certaine parole sur la place publique. J’ai beau ne pas être adepte du cinéma-sujet, je dois bien reconnaître que dans le contexte très particulier de ce film et de notre période, ce « J’veux du soleil » enrichit le débat autour de la question des Gilets jaunes. Il porte une réalité à l’écran ; une réalité qui méritait d’être vue autrement qu’au travers d’un banal reportage condescendant de France 2. Quant à la seconde qualité de ce film, elle relève justement de ce qu’elle propose en termes de forme. Alors que dans notre pays on adore faire des films « sociaux » qui cherchent à singer la réalité tout en s’en éloignant – avec des bourgeois parisiens qui viennent écrire, jouer et tourner des simulacres totalement biaisés – Ruffin et Perrin, eux, ont au moins le mérite de remettre certaines choses d’équerre. OK ce n’est pas d’eux dont il faudra attendre des images chiadées ou des montages subtils, mais au moins ils remettent un petit peu de social dans le social. Pas de Vincent Lindon ou de Coline Masiero pour grimer les Gilets jaunes. On part du réel. Et s’il reste toujours l’artifice de la mise en forme, au moins on n’est pas dans le 100% fake. Quand on y réfléchit bien, ça devrait ressembler à ça ce qu’on appelle chez nous du cinéma social. Ça devrait ressembler à ça et à rien d’autre. De l’artifice certes, mais de l’artifice construit à partir d’un réel et non à partir d’un fantasme. Au moins cela rendrait la démarche de ce type de cinéma plus limpide et – sûrement – plus efficace. Ruffin et Perrin le démontrent d’ailleurs bien dans ce « J’veux du soleil » : en sélectionnant les moments, et même en les générant parfois, ils parviennent à dégager des atmosphères et des états d’esprit assez variés qui vont dans le sens de leur démonstration. Au fond, « Merci Patron » fonctionnait déjà comme ça. Son film était construit comme un artifice géant – un piège – qui avait pour but de saisir une part spécifique de la réalité (celle d’Arnault) afin de la livrer ensuite au spectateur. Et franchement, peut-être aurais-je pu aller au-delà des deux seules étoiles pour ce « J’veux du soleil » si seulement ce film avait su fonctionner selon le même modèle que celui de son grand frère. Or, là, le souci, c’est que les artifices ne sont pas ceux qu’il aurait fallu utiliser. Trop souvent Ruffin apparait comme celui qui rentre dans le cadre parce que la réalité qu’il filme ne l’arrange pas. Il vient mettre dans la bouche des Gilets jaunes les phrases qu’il veut leur entendre dire. Il veut amorcer chez eux une réflexion politique qu’ils n’ont pas l’air d’avoir. spoiler: Le cas du RIC est assez édifiant. Ruffin lance le sujet à quelques rares moments, mais les seules réponses qu’on lui retourne sont purement émotionnelles ; jamais construites. Il ne peut rien en faire, Il passe donc à autre chose.
    Pire, il donne même l’impression de réaménager certains moments tellement profondément qu’on en vient à se demander ce qu’il reste de spontané de certaines de ses séquences. spoiler: Je pense notamment à la séance finale où il invite son dernier témoin sur la plage. Pourquoi y vont-ils ? On n’en sait rien. La seule chose qu’amène cette scène c’est une marche au bord de l’eau, avec Ruffin qui demande à son témoin d’entonner cette chanson : « Qu’est-ce qu’elle dit au fait cette chanson ? J’veux du soleil c’est ça ? » Et là, son témoin se met à la chanter par cœur, amenant progressivement le climax et le générique de fin. On ne me fera pas croire que ce moment s’est généré spontanément. Forcément ils en ont parlé avant. Un truc du genre : « Tu comprends, mon précédent film il portait déjà le nom d’une chanson populo. Alors j’aimerais bien faire le lien avec "J’veux du soleil" parce que ça renvoie au jaune des gilets jaunes. C’est d’ailleurs pour ça qu’on va à la plage. Il n’y a pas de Gilets jaunes là-bas. Moi je vais juste y chercher mon plan final avec du soleil. Alors si en plus tu étais là et que tu chantais cette chanson ce serait vraiment super. – Mais je la connais pas trop cette chanson moi – T’inquiète c’est pas grave, j’ai justement une copie du script pour toi avec toutes les paroles. Il faut que ça dure suffisamment longtemps pour que je puisse amener tout doucement l’instru, tu comprends ? Mais faut que ça reste naturel hein, sinon ça fonctionnera forcément moins bien ! »
    Le souci de toute cette démarche c’est que ça a abouti à un film qui finalement n’arrive pas à dire grand-chose de politique mais qui, en plus, semble souvent parfois falsifié, si bien qu’au moment de faire le bilan, alors que François Ruffin demandait justement à ce qu’on ne le juge que sur sa facette d’artiste, moi j’aurais tendance à lui répondre qu’une telle exigence se révélait au final bien peu pertinente. Car au fond, entre Ruffin l’artiste et Ruffin le député, quelle différence ? Beaucoup d’émotions. Beaucoup d’effets de manche. Mais en définitive peu de propositions. Comme quoi, l’artiste n’est qu’une facette parmi tant d’autres d’un même homme, et pas forcément si exceptionnelle que cela. Pour le coup, le soleil ne viendra pas, me concernant, des deux compères Ruffin et Perrin… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
    velocio
    velocio

    1 311 abonnés 3 140 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 5 avril 2019
    Lorsque, à la mi novembre, est apparu le mouvement des gilets jaunes, beaucoup se sont demandé à quoi il pouvait se rattacher : mouvement poujadiste, xénophobe, prônant le rejet des autres, prêt à faire le lit du rassemblement national de Marine Le Pen ? Ou bien, au contraire, un mouvement tout à fait compréhensible de ras le bol face à la misère vécue par une grande partie de la population, un mouvement dans lequel on pouvait retrouver entre les gens une fraternité oubliée depuis longtemps ? Pour en avoir le cœur net, François Ruffin et Gilles Perret ont fait en décembre le tour de nombreux rond-points de notre pays et ont dialogué avec des protagonistes du mouvement. On connait l'orientation politique de François Ruffin, député de la France Insoumise, fondateur de "Fakir", réalisateur de "Merci Patron" ; on connait le travail de Gilles Perret, grand cinéaste du social ("Les jours heureux", "La sociale", "L'insoumis"). Il ne pouvait qu'être intéressant de connaître les conclusions qu'ils allaient tirer de ce road-movie. Après tout, ils auraient pu ne pas s'y retrouver du tout pour telle ou telle raison ! Eh bien, ces conclusions sont à la fois d'une grande dureté, d'une grande lucidité et d'un grand optimisme. Grande dureté car elles montrent clairement la très grande misère dans laquelle vit une grande partie de nos concitoyens et, plus encore, de nos concitoyennes, après 40 années de mainmise libérale sur notre pays et la destruction progressive des services publics et des avancées sociales. Grande lucidité, car elles montrent clairement le fossé qui n'a cessé de se creuser entre une partie importante du peuple et des dirigeants hors-sol, complètement inconscients de la dure réalité de ces gens là. Grand optimisme pour 2 raisons : la première concerne la combativité des personnes que Ruffin et Perret ont rencontrées sur les rond-points, la fraternité qu'ils affichaient entre eux et le fait que (on espère que c'est la peinture de la réalité !) jamais, on n'entend de revendication anti-immigré dans la bouche des personnes rencontrées ; la deuxième semble plus entrer dans ce qu'on appelle l'optimisme béat : en voyant le film, on peut donc croire que, électoralement parlant, le mouvement des gilets jaunes ne profite pas, avant tout, au rassemblement national. Et pourtant ... Il faut dire que "J'veux du soleil" a été tourné en décembre, à une époque où les actions se déroulaient principalement sur les rond-points. Depuis, les choses ont évolué avec, en particulier, le phénomène des casseurs que les médias nationaux ont largement utilisé pour dénigrer le mouvement (à qui profite le crime ?). En tout cas, "J'veux du soleil" est un témoignage d'une époque, témoignage orienté, c'est évident, mais témoignage utile, c'est tout aussi certain.
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