Pourquoi oui ? Parce que la plupart des propos sont pertinents et lucides. L'écriture est intéressante, entre ballottage lancinant et répétition nerveuse. Oui parce que pour quiconque a déjà traversé une dépression où le simple besoin de se soustraire au monde ce film ne peut faire qu'un écho. Le film, comme un personnage auquel on ferait une accolade bienveillante, un regard de connivence "oui je sais, je suis passée par là, et j'ai ressenti ça, exactement comme tu le dis". Et un dernier oui pour le montage, la précision avec laquelle les images sont accordées avec le monologue est à saluer, pour ceux qui ont le sens de la métaphore et de la symbolique, c'est vraiment plaisant.
Non pourquoi ? Non parce qu'à mon sens c'est un poil trop long, je pense que l'effet aurait été plus impactant sur un format plus court. Non parce que le propos, lorsqu'il est politique ou social, n'est pas poussé suffisamment loin dans sa réflexion, et souffre d'une idéologie bien-pensante, idéologie portée par les mêmes corporations que l'auteur veut dénoncer, donc cette dichotomie, ce manque de cohérence sur ces sujets m'a gênée.
Conclusion : je passerais sans doute une bonne soirée si ce film était une personne, et j'espère que l'on aurait de quoi débattre, autrement, on s'ennuierait ferme.
Franchement, sans les images, je suis sur que ça fonctionnerait aussi bien. Ce film de montage se voit comme une décharge existentielle avec ses vagues dépressives et politiques, du reste, porté par un texte plutôt bien écrit mais qui aurait pu être conçu par n'importe quel stagiaire des Inrockuptibles, à condition qu'il soit militant au NPA... On pense, en arrière plan, aux Histoire (s) du cinéma de Godard ou à Alain Cavalier pour cette façon de joindre ou de disjoindre l'image et la voix et d'en faire quand même une sorte d'unité thématique. Et de jeter un écho global à une expérience personnelle et auto critique sous forme de journal-patchwork. Car oui, sa dépression mise à part, si Franck Beauvais s'est tapé 400 films durant l'année 2016, c'était sans doute avec l'idée d'en faire quelque chose, il a du prendre des notes, appuyer des milliers de fois sur pause avec la télécommande. Il a tourné son film comme ça. Respectons le geste cinématographique. Il donne à voir une fragmentation intime et sociétale qui a son intérêt, malgré une certaine redondance sur le fond. A voir.
Ne Croyez Surtout Pas Que Je Hurle est un film très expérimental mais assez passionnant. On suit la vie du réalisateur qui pendant 6 mois s'est retrouvé prisonnier de son appartement perdu en campagne sans permis et avec son addiction maladive à regarder des films. Le tout toujours commenté avec ses pensées sur le monde qui l'entoure et un bilan de sa vie. Une œuvre qui en sort donc assez touchante et poétique, qui a un air de "films de confinement" une sorte de Inside de Bo Burnham mais à la française et bien plus déprimant. On se laisse pourtant emporter par cette poésie et c'est ce que j'ai aimé. Une expérience originale mais très plaisante !
Difficile de donner une note à un film comme celui-là... "Chef-d'œuvre"... je ne pense pas. Ce n'est pas le mot adéquat. En tout cas, c'est un grand moment de cinéma - pour moi.
Intime et désarmant. C'est une expérience que l'on veut garder pour soi, comme si l'histoire de Franck était la nôtre ; oubliant alors qu'elle est avant tout celle de tous les hommes. La communication par ces centaines d'images ingurgitées devient contagion de pensées effrénées. Ce manque de retenue, ce déploiement incessant, ce refus de carcan marque le début de la vie que tu as vécu et que tu vivras encore.
Hyper chiant. La voix morne et le texte qui s'accorde rarement avec les images, des bouts de film venus de n'importe où sans intérêt esthétique pour la plupart, le discours politique tranchant contrastant avec la passivité de l'auteur..les références constantes à l'alcool ou la drogue..Pas du cinéma mais du verbiage.
En janvier 2016, sa relation amoureuse qui l’avait amené à quitter Paris pour un village alsacien s’arrête. A 45ans, Frank Beauvais se retrouve seul, la France vient de basculer dans l’état d’urgence suite aux attentats de novembre 2015. Il broie du noir et se retrouve cloitré chez lui, à vivre en ermite en se coupant du monde, allant jusqu’à visionner 4 à 5 films par jour, au point d’en voir jusqu’à 400 en l’espace de 6 mois. Il vit cinéma, il respire cinéma, il mange cinéma, bref, Franck souffre d’une solitude qui l’enferme peu à peu dans une boulimie filmique et dépressive.
Ne croyez surtout pas que je hurle (2019) est le résultat de ces mois d’errance solitaire alsacienne à son retour dans la capitale. Il en tire cet étonnant journal intime à travers lequel il restitue son marasme ambiant. 75min uniquement composé de plans piochés parmi les 400 films qu’il a visionné entre avril & octobre 2016. Il en résulte une sorte de mashup que le réalisateur à monter bout à bout (en coupant le son d’origine), sans le moindre bruitage ou accompagnement musical (excepté le générique de fin). Les plans proviennent de divers horizons et divers pays, de l’Allemagne de l’Est en passant par les pays de l’Est, des films d’auteur, des Séries B voire Z, des oeuvres allant de 1917 à 2016. Seule la voix off du réalisateur vient accompagner les images, à travers lesquelles il vient nous raconte son errance amoureuse.
Une œuvre oscillant entre la fiction et le documentaire, un étrange objet filmique sous la forme d’un kaléidoscope, à l’image de l’état d’esprit du réalisateur qui à la longue, peut paraître rébarbatif avec cette voix off monotone.
Ce film documentaire, réalisé par Frank Beauvais et sorti en 2019, n'est pas mal du tout ! Le réalisateur raconte, au travers de son documentaire, sa vie du mois d'avril au mois de d’octobre 2016 et de son rapport au cinéma. Alors, bien-sûr, dit comme ça, on peut se demander quel est notre intérêt, en tant que spectateur complètement extérieur à la vie du réalisateur, de découvrir tout cela. Et c'est ce que j'ai personnellement pensé avant de me lancer dans le film en me demandant comment j'allais tenir une heure et quart. Mais finalement, je suis tout de suite rentré dedans, dans cet univers froid mais chaud à la fois, dans lequel, nous partageons, un temps, la période difficile du réalisateur. Car oui, Beauvais n'a pas choisit cette période par hasard, c'est une période difficile de sa vie dans laquelle il se remet d'une rupture et dans laquelle il s'enferme dans le cinéma et dans sa dépression grandissante. C'est clairement le genre de film qui ennuie totalement ou alors qui captive le spectateur, je ne pense qu'il puisse y avoir de juste milieu. Je fais heureusement partie de ceux que ça a captivé (heureusement car sinon, le film m'aurait paru bien long). On peut en effet se reconnaitre dans ce parcours presque initiatique et également s’interroger sur son rapport au cinéma, si c'est, comme pour le réalisateur, un enfermement volontaire ou alors, plus simplement une échappatoire temporaire. L'utilisation des images et des extraits cinématographiques est également très intéressante car cela permet ici de poser des émotions sur une voix off monocorde. "Ne croyez surtout pas que je hurle" est donc un film très intéressant, tout simplement !
Frank Beauvais, déjà auteur de plusieurs courts métrages, livre un remarquable premier long métrage. Ne croyez surtout pas que je hurle est plus affaire de narration et de montage que de réalisation. L’auteur-narrateur dévoile et documente ses états d’âme. Ils sont ceux d’un homme confiné physiquement dans la campagne alsacienne et mentalement dans une dépression née d’une déception amoureuse. Ne croyez surtout pas que je hurle, œuvre singulière et attachante, résonne comme un coup de maître. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/2020/07/20/ne-croyez-surtout-pas-que-je-hurle/
"Ne croyez surtout pas que je hurle" est un ovni cinématographique dans la mesure où tout s'est joué au montage. Après une rupture amoureuse, Frank Beauvais s'installe en janvier 2016 dans un petit village d'Alsace coupé de tout. Il raconte sa dépression à travers un collage de plans issus de films qu'il a visionnés durant cette période. Si certains des films convoqués sont connus, on les reconnaît difficilement parce que les plans choisis sont très brefs ou souvent anodins : le but n'est donc pas de partager une cinéphilie avec le spectateur mais de donner un aboutissement à ce visionnage d'un nombre conséquent de films. Le montage n'a pour autant pas une fonction illustrative puisqu'il n'est pas nécessairement en accord avec le texte entendu en voix-off mais il évoque les sentiments du cinéaste et ce lieu particulier dans lequel il a vécu. Ainsi, Frank Beauvais ne réalise pas plus un documentaire qu'une fiction ; il tente en ayant recours à l'abstraction de rendre compte au spectateur d'une idée de cette période, du lien entre sa propre intériorité et le paysage. Le film, de par sa forme très conceptuelle, n’échappe pas à la répétition mais il convainc par la puissance d'un texte poétique et d'une voix envoûtante qui éloignent le désespoir de toute complaisance. Enfin, s'il est difficile de statuer sur le type ou le genre de film qu'a réalisé là Frank Beauvais, on peut au moins affirmer que ce dernier a proposé un fort et singulier moment de cinéma.
L’homme le reconnaît lui-même: les personnages du film qu'il regarde lui renvoient sa propre image. Celle d'un homme creux sur qui tout peut couler sans affect. En vérité, il annihile sa propre vie dans sa vision d'un faux monde. C'est intéressant et riche dans le travail sur soi mais c'est particulièrement monotone. C'est une façon originelle d'exprimer sa crise existentielle en montrant à tous, telle une psychanalyse à cœur ouvert, son malaise de vivre. Je retiens de belles pensées: Rendre dynamique et féconde sa boulimie de film. L’important est de se poser les questions. Pas d'y répondre
Ne croyez surtout pas que je suis d'extrême gauche...
J'aborde le début de l'année avec un mélange confus d'appréhension, de degout, et de peur. Le pays, celui des journaux, des informations, celui des villes surtout, est toujours en état d'urgence. les tenants du pouvoir entretiennent leur meilleur allié, la peur, à grand renfort de contrôles policier, de surveillance militaire, de perquisitions.
à Strasbourg, comme sur l'ensemble du territoire, on a commencé à se mettre debout la nuit, en réaction à la morgue d'un gouvernement qui n'a d'autre couleur que celle du capital..
On a un peu l'impression d'assister a une sorte de long clip d'extrême gauche qui pourrait précéder un meeting de Besancenot , par exemple.. Le bougre ne manque pas de talent pour nous pondre des phrases bien chantournées sur des extraits de films que vous n'avez pas vu. Mais la vision de la société est trop politique pour que j'accroche. J'ajoute que la scansion de sa voix et son grain, est parfaite pour m'endormir. En cas d'insomnie je le mettrais bien en fond sonore.
Ce documentaire de Franck Beauvais est un bel hommage au cinéma dans une période plus que compliquée pour lui. En effet, après une rupture amoureuse, il s'isole dans un petit village d'Alsace, et se gave littéralement de films téléchargés sur Internet. L'état de dépression profonde de l'auteur est très bien retranscrite par celui-ci, en expliquant ses crises d'angoisse et son aversion face à l'actualité suivie via son ordinateur. C'est prenant mais également discutable : en effet, comment peut-on guérir d'une dépression sévère sans que jamais ne soit évoquée une quelconque intervention extérieure (sauf le passage occasionnel d'amis)? Ce bémol gâche un peu ce docu à mon sens car dans un cet état, la fabrication d'un film semble fragilisée, aussi réussi soit-il...
Lamentable. Derrière les mots et les images excessivement stylés, se dissimule comme souvent une personnalité bien creuse et superficielle qui se plaît à critiquer le monde et à se complaire dans sa dépression en croyant y exprimer ainsi sa singularité. Un cliché, un écueil, sans intérêt.