Mon avis est particulièrement mitigé...
Pour moi, il y a véritablement deux parties distinctes dans ce film : un "avant" l'arrivée au camp de Kurtz, et un "après". L'avant auquel j'aurais donné un 4,5 et l'après qui me donnerait envie de mettre un 1,5. Je me suis contenté de faire la moyenne des deux.
Avant, tout est presque parfait, tant du côté du scénario que de la mise en scène, avec les petites choses qui marquent tous ceux qui regardent le film. On s'enfonce dans la jungle et dans la folie en parallèle, on voit les soldats tuer uniquement par manque de sang froid, et au contraire le capitaine tuer de sang-froid. Je m'attendais à endurer encore l'horreur de la guerre, jusqu'à plonger réellement dans la folie de Kurtz, en le rencontrant. C'est là que commence la deuxième partie ; au lieu de continuer à m'immerger dans la folie, elle m'a plongé dans le scepticisme, puis très vite l'ennui et le désintérêt.
A la place d'un homme qui aurait été certes brisé, mais intraitable, rationnel, qui aurait pu, sinon me convaincre, au moins me faire voir des arguments susceptibles de me faire douter, de me faire toucher la folie même de ceux qui ont fait la guerre, je me suis retrouvé face à un gourou dont seules les atrocités et la peur qu'il suscite rendent fous ceux qui l'entourent, dont les discours sont aberrants, sans queue ni tête au premier abord parce que généralement déclamés mot par mot selon la triste inspiration du moment, et vides de sens quand on comprend le contenu. Pour moi, il n'y a plus de subtilité, plus de lien avec "la guerre" et ce qu'elle inflige à ceux qui la font ; juste un fou. Et c'est d'autant plus dommage que jusqu'à ces passages déplorables, depuis le début du film, le terrain était préparé pour une approche plus "psychologique", les réflexions du capitaine, et le jugement qu'il portait à Kurtz s'effritant face aux horreurs et à la réalité de la guerre.
Mais cela est totalement balayé d'une part par le spectacle grossier du camp de Kurtz, digne d'un mauvais film d'horreur de ces années, et l'impossibilité de s'identifier au capitaine, ce qui nous laisse au bord de la route, à contempler des scènes grotesques, et des protagonistes visiblement tourmentés sans qu'on comprenne vraiment pourquoi.
Et puis, au delà même du ridicule de cette partie, c'est la "trame" même de l'histoire qui devient totalement loufoque ; que la folie se soit emparé du camp, c'est une chose ; mais même un fou a ses motivations, ses raisons pour agir ainsi et pas autrement, qui au final se comprennent grâce au travail d'amont présenté par le film pour le cerner. Là, non. Au mieux on essaie de se dire c'est parce qu'on ne connait pas les mœurs, les croyances des "autochtones", et qu'au final, Kurtz a juste trouvé une communauté qui a servi de terreau à sa folie. Mais même ça, ça ne peut pas sauver cette partie, pas sans avoir au préalable développer un peu cet aspect ; de même, celui qui avait été envoyé avant le capitaine, dont la présence au camp est annoncée plus tôt via le courrier, aurait pu être employé pour creuser le côté psychologique, mais se borne à être dans le "comité d'accueil", sans bouger.
Dommage.