"I love the smell of napalm in the morning...".
Apocalypse now est peut-être le film le plus immarsif, hallucinant et intense que j'ai vu de ma vie. Je vois que beaucoup de gens n'aiment pas trop ce véritable chef-d’œuvre signé Coppola car trop onirique, trop démesuré, faux historiquement, etc. et préfèrent des films comme Platoon ou Full Metal Jacket. Comprenons-nous bien, ces deux autres films sont eux aussi des coups de maître en matière de cinéma et des fresques magistrales concernant la guerre du Vietnam. Ce qui différencie Apocalypse Now des ces deux autres films c'est que ce n'est pas un film sur le Vietnam. Il est basé sur le livre de Joseph Conrad "Au coeur des ténèbres", qui reprend le voyage au coeur de la jungle de Charles Marlow qui part retrouver le mystérieux Kurtz dont on est sans nouvelles. Le scénario du film reprend la trame principale du livre mais dans le contexte de la guerre du Vietnam. Tout comme le livre, A.N. est une aventure aussi synesthésique que terrifiante au cœur de l'horreur ("l'horreur... l'horreur...") de la futile guerre du Vietnam. Le voyage au bord du bateau plonge son équipage de soldats, et le spectateur par la même occasion, dans une autre dimension, irrationnelle, cauchemardesque, hallucinatoire, où trône à l'égal d'un dieu parmi une tribu sauvage le présumé cinglé Colonel Kurtz. Au fur et à mesure que l'équipage chargé de retrouver le colonel renégat s'enfonce dans la jungle, s'opère un changement hallucinant d'atmosphère; tout l'équipage à part peut-être leur capitaine Benjamin Willard (joué avec brio par Martin Sheen) sombre dans la folie pure et simple; l'admiration progressive de Willard vis-à-vis de Kurtz s'intensifie; la rencontre avec Kurtz et son monologue resteront à jamais gravés dans ma mémoire (Marlon Brando nous donne une interprétation terrifiante et mémorable dans ce film, comme dans de nombreux films d'ailleurs). Le thème est donc assez différent de ceux des autres films sur le Vietnam, car il s'agit de la rupture envers la société et soi-même, le repli volontaire, idéologique et primitif de l'homme face à la déchéance des cultures et le conflit permanent. De plus, on peut observer un parallélisme entre l'injustice et l'horreur rationnelle et "civilisée" et son homologue irrationnel et lunatique; car quand on y pense, est-ce que Kurtz est vraiment fou à lier, ou c'est le reste du monde qui a perdu la raison? Cet homme considéré cinglé ne s'est-il pas éveillé et coupé du reste du monde? Est-il le seul homme vraiment sain d'esprit? Le film ne donne aucune réponse, et c'est tant mieux, puisque son but et de nous faire réfléchir par nous-même par rapport à ce que l'homme considère juste ou injuste. La version redux n'apporte pas grand-chose à l'histoire original, mis à part une vraie introduction avec un titre et des crédits de fin (chose qu'ils auraient pu laisser intact vu que c'est ce manque d'intro et de crédits de fin qui donne un aspect plus individuel au film d'origine.
Bref, quatrième chef-d’œuvre de Coppola, tout simplement fantastique. Pour ma part, l'un des meilleurs films jamais réalisés.