Voici sans doute l’un ou peut-être le film de guerre le plus connu de l’histoire du cinéma. Il s’agit bien évidemment du ô combien célèbre « Apocalypse Now ». Mais, voyez-vous, considérer entièrement le film de Francis Ford Coppola comme étant un film de guerre serait à la fois vrai et faux. Car en réalité, « Apocalypse Now » est beaucoup plus profond que cela. Il s’agit en fait d’une étude que l’on pourrait qualifier de métaphysique sur les tréfonds de l’âme humaine et sur l’incapacité de celle-ci à faire face aux situations parsemées d’horreurs et qui semblent durer tout une éternité. Ici, nous suivons le capitaine Willard, qui une fois sorti de sa torpeur va se voir confier une mission. Trouver et éliminer le colonel Kurtz dont les agissements sont considérés comme malsains par l’armée américaine. Ce qui est intéressant dans le film de Coppola, en dehors des scènes de conflits, c’est l’évolution du capitaine Willard. En effet, plus la descente du fleuve se poursuit, plus Willard lit les faits d’armes de Kurtz et plus ils se rend compte que son jugement était erroné et que l’homme qu’il s’apprête à rencontrer n’est pas celui que l’on croit. Dans « Apocalypse Now », l’accent est très clairement mis sur l’aspect psychologique de la guerre. Et de toutes les blessures et traumatismes qu’elle provoque. Mais attention, les affrontements ne manquent pas. On n’oubliera pas de mentionner l’attaque du bled vietnamien par les hélicoptères, l’arrestation musclée du sampan et le duel entre flèches et balles alors que le périple semble se terminer. Venons-en maintenant à la fin. Et justement, c’est peut-être là que le bas blesse. En effet, combien d’entre nous ont imaginé je ne sais quoi pour la rencontre tant attendue entre le capitaine Willard et le colonel Kurtz? A mes yeux, cette dernière partie du film est assez décevante. En revanche, la toute fin est imprégnée de symbolisme. Le fait de voir Willard s’asseoir quelques secondes au bureau de Kurtz et voir ensuite les indigènes se mettre à genoux devant lui ne font que suggérer une chose. Willard finira sans doute, un jour ou l’autre par suivre le même chemin que Kurtz. Le chemin d’un homme brisé, lassé, vidé. Marqué au fer rouges par les horreurs qu’il a pu voir auparavant et par celles qu’il a commises et qu’il sera amené à commettre. C’est un passage de relais en quelque sorte. Sur le plan esthétique, « Apocalypse Now » est une réussite incontestée et surtout incontestable. Que ce soit la mise en scène, la reconstitution des lieux et surtout l’utilisation des couleurs, c’est vraiment du top top niveau. D’ailleurs les couleurs elles aussi ont une importance capitale. Mais là où ça frappe fort aussi, c’est au niveau du casting. Entre un Martin Sheen discret mais excellent, un Robert Duvall survolté et un Marlon Brando (même si on ne le voit que lors des 45 dernières minutes à peu près) toujours aussi imposant et juste sans oublier Frédéric Forrest lui aussi impeccable dans le rôle de Chef. Vraiment, en ce qui concerne les acteurs, c’Est-ce qu’on appelle la crème de la crème. Que dire au final de cet « Apocalypse Now »? C’est fort, même très fort, mais qualitativement parlant, deux de ses cadets lui sont supérieurs: je pense bien évidemment à « Platoon » et à « Full Métal Jacket ». Mais ne vous méprenez pas. Le film de Coppola reste une référence et un incontournable.