Ghosts of Mars a reçu de mauvaises critiques, pourtant il faut reconnaitre au film de Carpenter une belle efficacité dans l’action, et une belle capacité de distraction, même si, c’est certain, on est loin d’un chef-d’œuvre.
D’abord on ne peut nier que l’interprétation est sympathique. Honnêtement Henstridge s’en tire bien. Certes ce n’est pas une actrice démentielle, mais là elle trouve un rôle qui lui sied à merveille, elle fait parfaitement parler son charisme, et elle se défend réellement pour porter avec conviction le rôle principal. C’est une belle surprise donc, et en plus elle est très charmante, alors que demander de plus ? A ses cotés on retrouve Jason Statham dans un rôle pas si différent de ce qu’il fait habituellement. C’est le gros bras, un peu rugueux, pas super sympa mais que l’on n’aime bien quand même au bout du compte. Il est un peu sous-exploité ici, mais c’est certain qu’en 2001 il n’était pas non plus la vedette qu’il est aujourd’hui. Ice Cube n’est pas le plus enthousiasmant du lot, mais il s’en tire pas si mal, et fait au moins preuve d’un réel engagement dans son rôle et semble s’être bien amusé. A noter la petite présence de Pam Grier. Il y a quelques seconds rôles un peu faible en revanche, mais bon, dans l’ensemble c’est solide.
Le scénario part sur de bonnes bases. L’idée n’est pas très originale, mais se défend et est toujours bien efficace. Après le traitement peut apparaitre assez gênant. Le film est très haché, et le gros souci c’est sa fluidité. Les événements s’enchainent mal, c’est heurté (pas aidé par le choix de narration), parfois il y a de grosses ellipses de temps qui brouille un peu la compréhension du film, et j’ai le sentiment que Carpenter est parfois un peu passé à coté de son sujet. Il y a avait de quoi plonger dans une sorte de Hellraiser infernale et BDSM à souhait, mais finalement on reste sur un film d’action assez simpliste, alors que quelques scènes horrifiques laissaient espérer dans la première partie surtout quelque chose de plus sombre et sadique. C’est relativement dommage, même si au bout du compte le spectacle est assuré et le rythme soutenu (surtout dans la seconde partie).
Visuellement Carpenter livre une mise en scène proche de l’action, nerveuse, et dans laquelle on retrouve tout à fait son style brut. Dommage que le montage ne donne pas pleinement les mêmes résultats, puisqu’il y a souvent des moments dans les séquences d’action qui paraissent déconnectés. La photographie est correcte, et restitue à peu près convenablement l’ambiance martienne, avec, et il faut le saluer, aucun abus du coté du rouge dégoulinant. Parfois lorsqu’un film se passe sur Mars tout est absolument rouge, et même si ca peut se défendre, artistiquement parlant ce n’est pas très agréable. Les décors sont un peu pauvre en revanche, et révèle clairement que le film n’a pas non plus bénéficié d’un budget énorme pour une production de SF. Niveau action Carpenter a lâché les chevaux. Fusillades, explosions, combats, course poursuite, c’est très riche. Ca dézingue par dizaine, ca coupe, ca matraque, bref c’est une grande boucherie franchement jouissive pour les amateurs du genre. La course à dix contre deux cents dans le village en mitraillant dans tous les coins est franchement excellente et donne presque envie de se lancer dans cette baston générale. Par contre c’est quand même assez répétitif par moment, surtout au niveau des explosions, et pas toujours très crédible. Il aurait peut-être été préférable de mettre moins d’action, et un plus de séquences horrifiques comme sur le début du film. Enfin la bande son est sous-exploité. Le début sur une musique minimaliste typique de Carpenter promet quelque chose de franchement sympathique, mais ensuite c’est assez pauvre, alors que j’imaginais un bon hard rock à l’ancienne à la vue des monstres.
En conclusion Ghosts of Mars n’est pas un grand film c’est clair, mais il s’avère un petit défouloir bien sympa. Il y a de l’action à gogo, un peu d’horreur, le charme de Natasha Henstridge, la rivalité virile de Statham et Ice Cube, et au bout du compte malgré un joli chapelet de lacunes, le film emporte le morceau par sa générosité et sa roublardise. J’accorde 3, mais malheureusement pas davantage.