Chine toujours! Mais tourné, cette fois ci, par une sino-américaine. Moins ambitieux que Séjour dans les monts Fuchun (avec lequel il y a cependant beaucoup de points communs... on y reviendra) ou Le lac aux oies sauvages, cette comédie autour de la mort est extrêmement touchante, là encore par l'exaltation de la force des liens familiaux, le sentiment d'appartenance, le lieu-d'où-l'on-est.... et intéressante quant aux relations entre les autochtones et leur diaspora.
Nai Nai (Shuzhen Zhao) est une charmante vieille dame, coquette et dynamique. Mais elle va mourir dans trois mois: et elle ne le sait pas. Elle ne traîne pas les suites d'une bronchite, mais un cancer du poumon à un stade très avancé. C'est sa soeur cadette, une autre vieille dame rigolotte (aux accoutrements incroyables), Lu Hong, qui veille sur elle (et pour cela a laissé son mari à Shenzen), qui a prévenu les deux fils, celui qui vit aux Etats Unis, Haiyan (Tzi Ma) et celui qui vit au Japon. Il faut organiser une dernière belle réunion de famille.... mais pourquoi? Eh bien, le mariage d'Hao Hao, sommé d'arriver avec sa fiancée japonaise, qu'il n'avait pas du tout prévu d'épouser si promptement. Mais la famille.....
Elle est heureuse Nai Nai, elle s'occupe de tout, cela sera une belle fête, il y a si longtemps que la fratrie ne s'est pas retrouvée ensemble à Changchun, auprès de la matriarche....
Mais dans la famille il y a aussi la petite fille américaine, Billi. La rapeuse Awkwafina, qui l'interprète, est incroyable! Billi est pianiste, elle a trente ans, un trop bel appartement, la bourse sur laquelle elle comptait lui a été refusée, elle ne s'entend pas très bien avec sa mère.... elle traverse la vie à grands pas, comme un petit taureau, le cou rentré dans les épaules, l'air généralement malgracieux. Ses meilleurs souvenirs de petite enfance sont chinois. Elle adore Nai Nai. Mais, américaine jusqu'au bout des doigts, elle a une doctrine claire: on doit la vérité à un malade incurable, pour qu'il règle ses affaires, et parce qu'il a droit à la vérité, un point c'est tout. Elle refuse l'omerta familiale.... elle n'est pas loin de convaincre Haiyan. Mais, le père d'Hao Hao lui explique: là bas, vous croyez à l'individualisme. Mais pour nous, ce qui compte, c'est la famille. Si l'un de nous a un problème, c'est à la famille de le prendre en charge. Sans doute parce que, vivant au Japon, il est resté immergé dans les valeurs bouddhiques...
Finalement, elle va jouer le jeu, Billie, au point de se demander si au fond, sa vie ne serait pas là: se réinstaller en Chine....
Le générique de fin nous fait comprendre que Lulu Wang nous a raconté une histoire personnelle.
Sa grand mère, diagnostiquée il y a six ans, est toujours parmi nous....
J'ai beaucoup aimé ce petit film....