Plus sa carrière avance, plus Wes Anderson nous gratifie de castings incroyables que même les plus grands cinéastes à ce jour ne se sont peut-être jamais offert. Comme si tout le monde voulait tourner avec le metteur en scène. Et dans « The French Disptach » c’est du jamais vu tant les nationalités, les écoles d’artistes, les genres et les âges sont nombreux et variés à l’affiche. Tout comme les habitués du cinéaste et de sa grande famille de cinéma présente ici, on ajoute encore une foultitude de nouveaux venus pour une distribution tout bonnement monstrueuse. Jugez plutôt : Bill Murray, Timothée Chalamet, Léa Seydoux, Adrien Brody, Benicio del Toro, Willem Dafoe, Elisabeth Moss, Saoirse Ronan, Christophe Waltz, Frances McDormand, Owen Wilson, Tilda Swinton, Jeffrey Wright, Edward Norton, Mathieu Amalric, Cécile de France, Rupert Friend, Liev Schreibr, Anjelica Huston, Jason Schwartzman, Alex Lawther, Denis Ménochet, Bob Balaban, Félix Moati, Lyna Khoudri, Hippolyte Girardot, Benjamin Laverhne, Guillaume Galienne, Pablo Pauly, ... C’est tout juste incroyable qu’il y ait autant de talents du cinéma et de célébrités en un seul film. Mais au final, il y a un effet pervers peu étonnant : cette réunion mirifique aboutit à des acteurs sous-employés pour la plupart ou juste venus faire coucou. Et tout cela ressemble donc davantage à une exposition d’un carnet d’adresses flamboyant et prétentieux plutôt qu’à une réelle utilité narrative et surtout cinématographique. C’est clairement frustrant et il semblerait que le cinéaste a voulu se faire plaisir mais qu’il ne savait même plus quel rôle donner à certains... Au moins, eux ont l’air de s’amuser ce qui est moins le cas du spectateur pour ce qui est certainement l’œuvre la moins intéressante de son réalisateur. Une sorte de film musée, joli mais poussiéreux, en forme de sketches qui cristallisent tout le style et les obsessions du cinéaste. Le résultat est un trop-plein, un film somme trop chargé, qui n’intéresse au final que partiellement.
Avec « The French Dispatch » on a donc l’impression que l’exercice de style auquel Anderson nous a habitué avec presque tous ces films est ici poussé à son paroxysme jusqu’à la saturation. Certes, il y a un fil conducteur dans son film mais on est loin de ces scénarios décalés et farfelus avec une vraie histoire dont il nous avait gratifié jusqu’à présent. Ici c’est le journalisme qui sert de lien, ténu et prétexte, à cet étalage de jolies images. Et on est loin de ses films si singuliers qui nous emportaient dans des univers iconoclastes et bigarrés avec un aspect poétique pareil à nul autre. Ici tout semble poussiéreux et voué à satisfaire les nostalgiques de la France d’antan et ceux se nourrissant aux images d’Épinal. Le type de films que les intellos américains vont adorer par exemple. Tout cela semble trop fabriqué, voire futile et vain. Ou alors il faut prendre ce film comme une Madeleine de Proust, passéiste et généreuse. Néanmoins, le fait qu’il soit découpé en sketches (de qualité égale pour une fois) mais tous moyennement intéressant et fondus sous un rythme qui confond vitesse et précipitation, n’arrange rien. En revanche, on ne peut que louer le sens du détail d’Anderson et l’obsession maniaque avec laquelle il compose chacun de ses plans. Il y a un travail énorme sur les décors, le moindre accessoires ou les costumes mais aussi sur la manière dont est conçue chaque image. Un souci microscopique du détail conforme à l’univers et la filmographie de cet artiste à l’œuvre reconnaissable entre tous. C’est joli à regarder, comme une pièce de musée donc, mais sans émotion aucune. Comme si on feuilletait un catalogue d’images. On est donc moyennement emballé par cette démonstration de réseau social privé et de maniérisme formel. Il manque de la vie à ce film et on a hâte que le cinéaste revienne à un cinéma moins prétentieux, plus classique et surtout plus emballant.
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