Pour le réalisateur Guillaume Nicloux, Thalasso est né d’un désir, celui de retrouver la même source d’inspiration, la même procédure filmique, la même liberté et spontanéité que L’Enlèvement de Michel Houellebecq et The End. Le metteur en scène souhaitait inclure ensemble Michel Houellebecq et Gérard Depardieu dans ce dispositif de l’immédiateté. Se rassembler et fabriquer un huis clos ludique en s’appuyant sur des faits tangibles, des mensonges et des certitudes. C’est un processus d’écriture particulier. En dehors de la trame fictionnelle, c’est l’alchimie entre l’écrit et la fabrication d’un tournage qui fascine le cinéaste.
Dans Thalasso, Guillaume Nicloux joue avec l’identité de Houellebecq et Depardieu. Ce sont des personnages de fiction, des célébrités identifiées par le grand public et des êtres qui ont leur propre histoire. "Rétrospectivement je constate que mes films poursuivent une thématique récurrente, depuis La Religieuse, qui tend vers une exploration de l’intime où troubles existentiels et quête de l’identité demeurent une constance. Mais ce qui rend ce projet si particulier c’est qu’il repose entièrement sur la confiance que m’accordent Michel Houellebecq et Gérard Depardieu. Sans eux, Thalasso ne peut pas exister, contrairement à la plupart des films où les acteurs sont interchangeables. Ici, ce n’est qu’avec leur accord que le film est envisageable", analyse le cinéaste.
Avec Thalasso, dont l’univers est comique mais également fantastique, Guillaume Nicloux semble vouloir faire converger deux veines de son cinéma, la veine comique de L’Enlèvement et celle plus émouvante de Valley of Love… "Je tends souvent vers un double traitement : poursuivre les thèmes explorés dans mes précédents films, la disparition et la quête identitaire, mais en rebattant les cartes du genre. Ici cela prend une forme plus drolatique, en tordant les événements tragiques pour en donner une vision parfois grotesque. Mais l’élément supplémentaire à L’Enlèvement de Michel Houellebecq, puisqu’il y a une évidente filiation, c’est le surnaturel et la dimension mystique."
Pour Guillaume Nicloux, Michel Houellebecq et Gérard Depardieu sont des figures médiatiques dont la parole publique a été la plus libre, la plus provocante, la plus subversive, la plus débridée. "Il me semble qu’il y a une concordance entre ce qui est en train d’apparaitre dans l’ère du temps, cette volonté de libérer les supports de communication de toutes entraves, l’affirmation d’une transparence outrancière, et celle que s’impose dorénavant ces deux hommes. Le quasi silence. En dehors de la sphère privée, je souhaite qu’ils continuent de me parler par le biais du cinéma. J’ai besoin de les entendre et de les filmer."
Des personnages de L’Enlèvement de Michel Houellebecq ressurgissent Dans Thalasso. "Plusieurs personnes/rôles ont poursuivi leur vie dans mes films. Parce qu’en réalité les acteurs m’intéressent peu, ce sont les personnalités qui me fascinent. Il en va de même pour les décors. Guillaume Canet et Vanessa Paradis dans La Clef sont enlevés par les mêmes ravisseurs que ceux qui kidnappent Michel Houellebecq sept ans plus tard. Séquestré dans la même maison, celle de The End, domicile de Dédé et Ginette, protagonistes de L’Enlèvement et Thalasso", explique Guillaume Nicloux.