Katia Lewkowicz a reçu des producteurs de Quad la première version du scénario de Forte écrit par Frédéric Hazan et Melha Bedia. C'est après avoir vu sur scène cette dernière que la réalisatrice a accepté le projet. Quant à Melha Bedia, elle affirme n'avoir eu « aucune velléité à faire du cinéma », bien que son agent lui demandait régulièrement si elle n'avait pas une idée de scénario. Elle a eu l'idée de Forte lorsqu'elle s'est rendue dans un club de pole dance : « […] j’ai ressenti un grand décalage entre les danseuses et moi. Depuis toute petite on m’a rabâché que j’étais un garçon manqué mais un jour moi aussi j’ai eu envie d’être mignonne. J’ai toujours cherché cette part de féminité mais c’est comme si je n’avais pas eu le mode d’emploi. […] Et puis surtout, l’image de moi en train de tourner autour d’une barre me faisait beaucoup rire. ».
Katia Lewkowicz a réécrit la première version du scénario de Frédéric Hazan et Melha Bedia pendant un ou deux mois puis l'a retravaillé scène par scène avec cette dernière et Anthony Marciano. Celui-ci est décrit par Melha Bedia comme « un dictateur de la structure : il place les séquences dans des tableurs Excel, c’est dire ! Mais il était essentiel au projet car moi, je n’étais bonne que pour inventer des dialogues et des situations ».
Katia Lewkowicz reconnaît avoir eu des préjugés sur les danseuses de pole dance avant de les rencontrer : « j’ai compris que c’était aussi un sport et une façon très efficace de s’accepter ». Elle revient sur sa première incursion au Pink Paradise, club de pole dance : « Les filles volaient, elles défiaient les lois de la gravitation avec chacune leur identité. Je suis restée à les observer pendant une heure et ce moment était si fort que j’en ai écrit une scène, celle où Melha est éblouie lorsqu’elle passe la porte de la salle de danse ».
De son côté, Melha Bedia a dû aussi dépasser ses a priori et ses craintes : « quand les cours ont commencé, je trouvais plein de bonnes raisons pour ne pas me lancer, je disais que c’était Ramadan. Mais j’ai réussi à faire des petites choses, j’ai pris confiance et je voyais bien qu’en quittant le cours, je me sentais plus légère. Physiquement, et mentalement ».
La réalisatrice a immédiatement pensé à Valérie Lemercier pour interpréter la prof de pole dance. Ensemble, elles ont conçu la silhouette du personnage : son look, ses faux ongles et ses extensions. Concernant leur relation, Melha Bedia admet que « ce n’était pas évident car elle était sur la réserve et moi, comme j’étais intimidée et que j’ai un besoin maladif d’être aimée, j’en faisais des tonnes pour lui plaire. Mais au fil des jours, la pression est retombée et on s’est trouvées, notamment grâce à notre amour commun des blagues grivoises. Aujourd’hui, on s’appelle tous les jours, elle est devenue une vraie grande soeur pour moi ».
L'héroïne de Forte s'inspire grandement de la personnalité de Melha Bedia, qui explique : « Je ne suis pas une actrice de composition : plus il y a de moi dans le personnage, plus je pense être juste. La passion du foot, le côté garçon manqué et le « syndrome meilleur pote », c’est moi tout craché ». Cependant, la naïveté du personnage a été accentuée pour en faire « une Bridget Jones orientale » qui vit dans sa bulle.
Adèle Exarchopoulos fait une petite apparition dans le rôle d'une vendeuse en cosmétique. L'actrice est très amie avec Melha Bedia, qui trouvait logique qu'elle soit dans le film : « Elle a vécu toute l'écriture de ce film, toutes les étapes, du financement au casting, au choix des décors. C'était normal qu'elle soit dedans et c'est la meilleure comédienne de sa génération ».