Monkey Man s’inspire de la légende de la divinité hindoue Hanuman, symbole de sagesse, de force, de courage, de dévotion et d’autodiscipline. La légende du singe divin remonterait entre 1 500 et 1 200 avant notre ère et apparaîtrait pour la première fois dans un verset du Rig Veda, un recueil de cantiques anciens considéré comme l’un des quatre textes canoniques sacrés hindous.
Tel qu’il est décrit dans les épopées sanskrites du Mahabharata (La Grande Inde) et du Ramayana (La légende de Ram), Hanuman le Dieu singe est le patron des lutteurs et il apparaît comme un symbole de liberté. Physiquement invincible, mais profondément humain, il met en garde ses partisans contre la "nature précaire d’un pouvoir débridé".
Selon la légende, Hanuman s’est cassé la mâchoire en tombant du ciel après avoir tenté d’attraper le soleil lorsqu’il était enfant. Bien-aimé de ses disciples et partisans, Hanuman se connecte depuis au Divin en se mettant au service du peuple.
Monkey Man transpose cette légende dans le monde moderne, où un jeune homme brisé, Kid, devient une arme puissante et l’ange destructeur de la vengeance contre les dirigeants puissants et corrompus qui oppriment ceux-là mêmes qu’ils sont censés servir. Le film se déroule dans la ville indienne fictive de Yatana, un mot sanskrit qui peut signifier lutte ou effort, mais aussi vengeance.
Dev Patel a passé environ huit ans de sa vie, entre deux projets, à peaufiner le scénario de Monkey Man, un projet lui tenant particulièrement à cœur : "Il s’agit de prendre l’une des légendes les plus anciennes de la mythologie indienne et de lui donner une tournure moderne, alors j’espère que cela permettra à cette histoire d’être connue un niveau international et pourquoi pas créer une toute nouvelle épopée de super-héros, quelque chose de totalement original. C’est un film qui vibre d’énergie, d’âme et de cœur, avec des scènes d’action insensées »."
Dev Patel s’est inspiré des genres cinématographiques qu’il admire depuis toujours, notamment les films d’action coréens qui ont pour thème la vengeance ou les séries de films à grand succès comme John Wick. Le jeune réalisateur confie : "Nous y avons incorporé des éléments dramatiques. Parmi mes films préférés il y a Man From Nowhere et Oldboy, ainsi qu’un merveilleux film indonésien, The Raid."
"Une partie de l’équipe qui avait travaillé sur The Raid a d’ailleurs travaillé sur notre film. Ainsi qu’une partie de l’équipe de John Wick, qui sont les producteurs de Thunder Road. Nous avons mis tout ce beau monde dans un mixeur et épicé le tout à l’indienne, avec notre fameuse touche de Masala."
Le tournage du film s’est principalement déroulé à Batam, en Indonésie. Dev Patel se souvient : "Mon équipe a été merveilleuse et a sué sang et eau là-bas. C’était une aventure folle et pleine d’action – du sang, de la sueur, des larmes, des os brisés, littéralement, pour ce film de vengeance basé sur la spiritualité et la foi. L’action se déroule dans une Inde modernisée, et nous avons choisi l’un des mythes les plus anciens qu’elle possède pour lui donner une toute nouvelle résonance."
"Nous nous sommes servis de quelque chose d’antédiluvien et en avons fait du jamais vu. Le film vibre d’énergie, d’âme et de culture, et de certaines scènes d’actions les plus folles."
Monkey Man devait initialement sortir sur Netflix, mais une fois le tournage terminé, Dev Patel et ses collègues producteurs ont recherché les partenaires pour permettre au film d’atteindre une dimension supérieure via une sortie en salles. Win Rosenfeld et Ian Cooper, de l’équipe de production de Jordan Peele chez Monkeypaw, se sont très vite manifestés. Cooper explique :
"Lorsque Monkey Man a changé d’orientation au niveau de sa distribution en salle, nous en avons entendu parler et avons pu bénéficier d’un premier aperçu. Nous sommes immédiatement tombés amoureux de l’histoire et avons travaillé pour faire avancer le film. Nous l’avons transmis à Universal, qui l’a pris en charge pendant tout le processus de post-production, jusqu’à la dernière ligne droite pour sa sortie."
Dev Patel voulait que le film soit aussi viscéral et brut que possible, mais qu’il ait aussi, à la manière de Blade Runner, une dimension et un souffle épique. Le directeur de la photographie Sharone Meir précise : "Je préfère me positionner à l’intérieur de la scène. Respirer et vivre l’instant présent, avoir le sentiment d’être l’un des personnages, plutôt que de le regarder de l’extérieur."
"J’aime être proche des acteurs, physiquement avec la caméra, plutôt que de les photographier à distance avec un objectif long. J’aime briser le quatrième mur, faire disparaître l’avant-scène, pour être au cœur de l’action avec les protagonistes."
Le chef décorateur Pawas Sawatchaiyamet, en collaboration avec Dev Patel, a créé la ville indienne fictive de Yatana en s'inspirant de l’univers des super-héros. Il se rappelle : "Dev voyait l’histoire se dérouler dans ce type de monde bien spécifique. En considérant Gotham comme une version obscure de New York, nous avons créé Yatana comme la version sombre de Mumbai. C’était une idée brillante et intelligente qui m’a incité à envisager une nouvelle façon de concevoir le film."
"Dev était extrêmement passionné par son histoire et savait clairement ce qu’il voulait. Je suis tellement fier de faire partie de son premier film."
Ceinture noire de taekwondo depuis ses 16 ans, Dev Patel s’est encore entraîné afin d’avoir une forme physique impeccable pour Monkey Man. Le coordinateur des combats Brahim Chab raconte : "Dev est l’un des cinéastes les plus appliqués avec qui j’ai jamais travaillé. Il venait s’entraîner avec moi et l’équipe de cascadeurs tous les matins et de nouveau l’après-midi. Il a suivi la chorégraphie que j’ai créée pour le film mais a également apporté ses propres suggestions qui ont toujours fait sens pour moi afin de relier les combats à l’histoire."
Côté silhouette physique et musculature, Dev Patel a cherché à se rapprocher le plus possible de Bruce Lee. Un objectif qui devait nécessairement passer par un régime strict, en parallèle de l'entraînement physique (principalement à base de poids de corps, de bandes élastiques de musculation et bien sûr de multiples répétitions des chorégraphies) : "Je mangeais du saumon, de la patate douce et de la laitue trois fois par jour, tous les jours de la semaine, pendant neuf mois".
Selon le directeur des effets spéciaux David Mesloh, la scène de l’incendie du village a été la plus compliquée à concevoir : "Tous les bâtiments qui brûlaient et s’effondraient étaient des effets visuels donc concrets et faits avec les moyens du bord à la main, pas du retouchage en numérique."
"Nous avions du feu à l’extérieur, ainsi que des toits de chaume partout que nous devions empêcher de brûler au mauvais moment, plus environ 120 figurants, dont des enfants, courant dans toutes les directions, et le tout de nuit dans un champ de terre boueux, priant pour que la pluie ne se remette pas à tomber."
Les flashbacks du jeune Kid et de sa mère, quand ils sont forcés de quitter leur village, ont été tournés rapidement dans un parc en Indonésie. La plupart de ces plans nécessitaient des extensions de décor numérique, ainsi que des figurants numérisés. Dev Patel se remémore :
"L’équipe VFX a travaillé sur de nombreux plans tout au long du film, mais une grande partie du travail a été faite sur le terrain avec des effets visuels qui ne se remarquent même pas à l’écran, y compris dans cette séquence de village. Tous les départements ont travaillé avec des ressources limitées et se sont unis pour réaliser le tournage dans un délai très court."