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Cinememories
481 abonnés
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3,0
Publiée le 18 juin 2022
Si George Miller se fait plus rare dans le paysage du moment, c'est bien pour prendre du recul sur la création et la manière dont elle traverse les générations. Le titre ne cache rien et il passera effectivement par près de trois millénaires pour arriver à ses fins. Après la prouesse d'un « Mad Max : Fury Road » survolté, il nous revient avec un pseudo huis-clos, plus malin qu'il n'y paraît. En revisitant la nouvelle de A. S. Byatt (The Djinn in the Nightingale's Eye) et en remaquillant les contes de « Mille et Une Nuits », il conçoit le portrait de l'imaginaire, où l'humanité et les récits se transcendent mutuellement. Le devoir de mémoire serait ainsi un détail dans ce format, qui justifie une envie de se ressourcer le temps d'une balade romantique, vocalement saisissant.
Le cinéaste australien place alors la narratologue britannique Alithea (Tilda Swinton) dans le sillage d'un récit qui démarre en amont, à l'époque de la reine de Saba et du roi Salomon, par exemple. L'intermédiaire pour s'y plonger n'est autre qu'un Djinn (Idris Elba), qui se questionne encore sur la nature humaine et leur sensibilité. L'ensemble est exploré sous l'angle de l'amour, aussi bien celui qui émeut, qui passionne ou celui qui trahit ses promesses. Ce génie, condamné à revivre les moments les plus difficiles de son existence, remet également en cause celle des humains qu'il a servis ou suivis. On en oublierait presque que trois vœux sont à exaucer pour la conférencière, de passage à Istanbul. Connaissant les risques qui affecteraient son âme, elle préfère passer son tour ou bien faire durer le suspense.
L'intrigue s'éparpille ainsi avec une facilité déconcertante, car le sens des transitions, des ellipses et par conséquent de la narration est à l'œuvre. Le sujet du film est en lui-même l'essence de son existence. Encore faut-il que le spectateur y croît, car tout le discours du long-métrage tourne autour de cet aspect mélancolique, qui affecte la qualité de lecture par endroit. Le voyage à monde ouvert se fait par l'incursion dans les souvenirs d’un Djinn ravagé et résilié, ce qui ne facilite pas la démarche d'Alithea, afin d'aider cet être à en faire le deuil. Ce qui manque alors cruellement à cette étape, c’est bien sûr une émotion, celle qui envoûte, celle qui enchante jusque dans la fantaisie que le réalisateur semble pleinement embrasser. Malheureusement, il n’y parvient pas toujours et il faudra sans doute attendre le dénouement pour se convaincre que toute cette odyssée n’était pas vaine. Hélas, ce sera bien trop tard pour que l’on profite de cette nouvelle complicité.
Pour le peu de moyens qu'on lui a laissé, Miller garantit un certain standing vis-à-vis de son film, qui ne cherche pas à être aussi épique qu'il puisse prétendre. Évidemment, des séquences sondent l'interprétation du conteur et celui du spectateur par la même occasion, mais l’on sent un peu trop de retenue et d’allers-retours dans ce « Three Thousand Years of Longing » (3000 ans à t'attendre). On le sent ainsi piégé dans le même réceptacle que son Djinn, qui est ici pour faire rêver les plus jeunes, tout en couleur. Mais pour ceux qui seraient un poil plus exigeant dans la manière de faire communiquer les époques et d’éponger la solitude qui les traverse, il y aura quelques obstacles à éviter avant d’atteindre la fascination.
Un film curieux sur "un génie dans une bouteille" comme un conte de fee sur 3 siècles et les perennations de ce génie dit "djinn" en anglais malchanceux. Tous protagonistes féminins tombent amoureux de lui ou des qu'on lui demande les 3 vœux qu'il s'empresse de faire pour remercier la personne qui libère du flacon ou petite bouteille...un film curieux à voir pour le jeu du génie ou djinn à la Aladdin des temps modernes jouée avec superbe avec un Isris Elba en pleine forme..Tilda Swinton aussi est tres convaincante..À voir une bonne curiosite..
Un très bon George Miller, sans être un grand film ni même un chef-d'oeuvre (un film voisin qui aborde par ailleurs des thématiques similaires lui est supérieur : Le Labyrinthe de Pan)
Ceci dit, Three Thousand Years of Longing est une proposition de cinéma terriblement réjouissante et jubilatoire : une véritable ode à l'imaginaire et à la puissance évocatrice des mythes (thématique qui traverse absolument toute la filmo de Miller, que ce soit les Mad Max, les Happy Feet ou même Lorenzo).
Tilda Swinton est trucculente comme il faut en narratologue solitaire, et Idris Elba un monstre de charisme en Djinn(mais rien d'étonnant, le duo porte le film à lui tout seul).
Je pense par ailleurs que le film divisera un tantinet : cela n'a rien à voir avec ce que George Miller a fait auparavant, on est sur un plus petit film, presque un huis-clos en somme avec un goût assez prononcé pour le grotesque et même un côté anar.
Une conversation de 1h40 entre ces 2 individus, se racontant des histoires pour en apprendre un peu plus sur l'autre. Les digressions du Djinn sont celles où l'imaginaire entre en scène, malgré quelques FX voyants (là encore pas un gros budget), mais la maestria de Miller et la photo de John Seale (qui vient de prendre sa retraite) suffisent à donner du corps à l'univers visuel digne des 1001 Nuits (temple de Saba, palais ottoman et autres joyeusetés).
Sans trop en dévoiler non plus, tout le coeur du film fait sens à la toute fin (peut-être amenée un tantinet rapidement si je devais chipoter), en prodiguant là encore l'importance des histoires que l'on raconte.
Bref un très bon film pour ma part, extrêmement bien écrit en terme de dialogue et intellectuellement très stimulant. Même la BO de Junkie XL est assez inédite pour lui (on dirait du Patrick Doyle avec ce magnifique thème romantique lorgnant vers la musique ethnique)