Extraordinaire. Je viens de lire presque toutes les critiques des abonnés d'Allociné concernant Minamata. Les commentaires divers et variés nous rappellent qu'au 21e siècle, le spectateur s’attend principalement à du sensationnel. S'il n'y en a pas dans un film, il est mal noté (C.F. les paroles d'Eli Wallach dans "The Holiday", lorsqu'il évoque le cinéma moderne...) Bref, lorsqu'une mise en scène est classique, que le film a des ressemblance avec des longs-métrages existants, ou que le personnage est stéréotypé --> BORING !!
Sauf que...Il faut savoir extraire les bonnes informations : c'est un biopic d'un Grand Photographe qui a marqué une époque, reconnu par ses pairs depuis plus de 50 ans, et filmé dans un pays ayant des codes bien particuliers. La photographie y est magnifique, les compositions gérées d'une main de maître par Benoît Delhomme, dont je salue le travail par ailleurs, n'ayant jamais été déçu. L'univers tout autant que les personnages sont justes, ni trop ni trop peu, avec une intensité assez dingue qui nous transporte dans un storytelling relativement simple, mais efficace.
En conclusion, je pense que pour apprécier ce film à sa juste valeur, il faut être photojournaliste ou photographe documentaire. Seul cette espèce en voie de disparition peut comprendre la mesure de l'humanité de cet homme au sein de ses vulnérabilités (à l'instar d'un monde ou l'image est devenu un consommable ayant la durée de vie d'un tampax). Ce métier, il faut le souligner, est un don de soi. Nombreux sont ceux qui mettent leur vie en péril, tous les jours, pour rétablir un semblant de justice dans ce monde narcissique.