Grosse production de l’année 1987, George Miller cassait son image de réalisateur violent avec ces Sorcières d’Eastwick, s’entourant d’un casting féminin de qualité, et d’un casting masculin porté par l’excellent Jack Nicholson.
Soyons franc, Les Sorcières d’Eastwick c’est avant tout d’excellents numéros d’acteurs. Jack Nicholson est vraiment énorme dans son rôle, jubilatoire pourrait-on dire, se montrant tour à tour drôle, séduisant, inquiétant, dans une prestation grandiloquente et exubérante, mais jamais surjoué. Mémorable, il fait face à trois actrices à la fois très différentes et très complémentaire. Si Susan Sarandon est convaincante dans son rôle, lequel fait un peu référence à son propre parcours finalement, si Michelle Pfeiffer est solide, surtout pour séduire, Cher est la surprise du métrage, portant son rôle, le plus exubérant du lot, avec une belle conviction. En dehors de ces rôles principaux on se retrouve aussi avec le numéro halluciné et hallucinant de Veronica Cartwright.
Les excellents numéros d’acteurs portent ce film qui, par ailleurs, est assez faible scénaristiquement parlant. Le concept est intéressant, il y a quelques dialogues très affutés, le rythme n’est pas mauvais, mais le métrage dégage une réelle impression de superficialité, n’ayant pas vraiment de but, et on ne comprend pas trop la clairvoyance (si c’est le cas) de Cartwright. Les Sorcières d’Eastwick apparait comme un film gentiment critique, caustique, mais on ne sait pas trop où il veut aller, s’il a un but d’ailleurs, et c’est relativement frustrant, car il y avait la place de créer une histoire costaud et plus envoutante encore !
Sur la forme on sent un budget confortable. De beaux décors, une photographie de qualité, quelques effets spéciaux jouant la surenchère et d’une utilité plutôt discutable tant ils sont utilisés avec parcimonie et ne donnent pas l’impression d’être indispensables. Les Sorcières d’Eastwick est un métrage filmé avec maitrise par George Miller, qui semble complètement s’amuser, et cette aisance est appréciable, tout comme la jolie bande son.
En fait, et c’est à la fois ce qui fait le charme et les défauts de ce film, Les Sorcières d’Eastwick donne l’impression d’être une pause pour Miller, qui filme ce qui lui plait, cherchant peut-être à s’éloigner de l’univers violent de Mad Max et se distrayant avec des acteurs talentueux et survoltés. Du coup le métrage est léger et fun, mais il est aussi clairement brouillon et un peu trop superficiel. 3.5 car ça reste très propre dans l’ensemble.