Dans ‘Irrésistible’, on trouve de vrais morceaux de ‘Doc Hollywood’ et de tous ses imitateurs, avec le citadin sophistiqué de la East coast qui se retrouve plongé dans la cambrousse très profonde et y découvre une certaine vérité sur l’Amérique éternelle..sauf que c’est écrit, réalisé et produit par Jon Stewart, qui est ce que l’Amérique possède de plus proche d’un journaliste-humoriste anar (donc, très éloigné de la notion qu’on en a - ou qu’on devrait en avoir ici. En français : il est plus proche de Yann Barthès que du Groland). Jon Stewart, donc, adjoint à sa comédie une réflexion politique, qui rejoint les préoccupations qui étaient celle du parti Démocrate au beau milieu de l’ère Trump : celle d’un parti qui, à force de défendre minorités spécifiques et communautés urbaines aisées, s’est presque totalement coupée de l’Amérique ouvrière, agricole et rurale. A l’usage, ‘Irrésistible’ est plutôt pas mal, occasionnellement drôle, plus rarement cinglant, mais forcément très américano-centré et américano-orienté, ce qui fait qu’une bonne partie des clichés qui sont instinctivement amusants là-bas seront plus difficilement perceptibles de ce côté-ci de l’océan, à moins de passer par un décryptage préalable : sans un minimum de maîtrise de la culture politique et médiatique américaine, c’est un peu comme si on montrait ‘Bienvenue chez les Ch’tis’ à des Russes. Reste le fin mot de l’histoire, possiblement très subversif politiquement pour un spectateur américain (encore que la croyance en un Etat incapable de gérer correctement l’argent public soit sans doute l’opinion la mieux partagée sur place) mais qui se garde prudemment d’adopter la moindre position trop tranchée et qui, d’un point de vue européen, ne fera que faire découvrir ou au contraire confirmer un a-priori sur le fonctionnement parfois très archaïque de la politque américaine. Jon Stewart a sans doute réussi son pari, à savoir filer un petit coup de coude, sans avoir l’air d’y toucher, à l’électeur américain un peu intéressé par la question et qui en serait arrivé à se dire “Il serait pas un peu revoir, ce système qui nous a donné le Special Needs qui squatte à la Maison Blanche ?’ . Malgré tout, pour un regard étranger et question satire - car c’est bien ce que ‘Irrésisitlbe’ - écrivez ‘IrRESISTible’ pour plus de clarté - se pique d’être - , le résultat s’avère plutôt inoffensif.