L’idée de Relic est venue à Natalie Erika James alors qu’elle rendait visite à sa grand-mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Ce voyage, qu’elle repoussait depuis longtemps, est arrivé trop tard : sa grand-mère ne la reconnaissait plus. La réalisatrice s’est sentie extrêmement coupable : “En un sens, c’était presque pire que la mort – voir une personne que l’on aime disparaître progressivement pour devenir une étrangère”.
Marquée par l’histoire de sa grand-mère et témoin de l’abandon dont font l’objet les personnes âgées par les membres de leur famille, la cinéaste a conçu Relic comme “Une histoire multigénérationnelle pour créer un film d’horreur centré sur les personnages et émotionnellement fort – je voulais explorer la douleur et les horreurs de la démence due au grand âge, l’importance des rapports humains et le changement des rôles et de la dynamique au sein d’une famille”.
La maison d’Edna est un personnage à part entière et est le reflet de l’état mental de sa propriétaire. Il s’agit d’un mélange de deux maisons et d’une partie en studio. Le chef décorateur Steven Jones-Evans a choisi de ne pas utiliser une palette de couleurs trop sombres et a surtout créé des espaces où les choses sont cachées, où l’obscurité est au bord du cadre et ne révèle pas tout aux spectateurs.
Le compositeur Brian Reitzell et l'ingénieur du son Robert MacKenzie ont étroitement collaboré pour entremêler la musique et le design sonore. La réalisatrice a utilisé des sons diégétiques, en particulier pour provoquer le peur : “J’ai utilisé des vrais sons mais aussi le silence, et je n’ai mis de la musique que sur certaines scènes, sans imposer d’émotion aux spectateurs”.
Relic est le premier long-métrage de Natalie Erika James. Après son film de fin d’études, elle est repérée par la société de production australienne Carver Films, à qui elle propose un traitement écrit dans la précipitation. Si le projet n’aboutit pas, elle reste en contact avec les producteurs, qui se montrent intéressés par Relic, qu’elle commence à écrire en 2014. Un premier développement donne d’abord lieu à un court-métrage, Creswick, qui circule dans plusieurs festivals de films de genre et permet à James d’avoir un agent aux USA.
La réalisatrice a grandi avec le cinéma d'horreur asiatique, Shining et Videodrome. Pour Relic, ses références sont à chercher du côté de Kill List pour la montée progressive de l’horreur et de la tension et L’Orphelinat et Les Autres pour “leur poids émotionnel allié à des aspects terrifiants de l’histoire”.
Le visage de l’Autre a été sculpté à partir de celui de Robyn Nevin, en mêlant prothèses et animatronique. ”Nous avons tenté de l’imiter tout en le poussant jusqu’à un extrême surnaturel”, explique la réalisatrice. Consciente du basculement délicat de l’horreur à l’émotion, elle souhaitait éviter tout manichéisme et susciter l’empathie. “Pour ce qui est du visuel final, c’est ce qui arrive aux gens dans la vie. On se craquelle et cela provoque une profonde compassion. Emily [Mortimer] et moi en avons parlé comme d’un rite funéraire, comme lorsque l’on lave le corps de son proche avant les obsèques. C’est un acte très intime qui peut paraître grotesque mais qui est une véritable épreuve... Nous avons essayé de saisir ce sentiment”.