Never Grow Old s'attache à un personnage présent dans presque tous les westerns mais qui n'a, pourtant, jamais été vraiment exploré dans aucun film du genre : le croque-mort. Ivan Kavanagh explique : "Habituellement dépeint comme un marginal insignifiant, notre protagoniste, Patrick Tate, est ici présenté comme un homme simple qui aime ses proches et qui travaille dur pour subvenir à leurs besoins. Ces derniers se battent quotidiennement pour s'en sortir, mais leur vie est bouleversée le jour où leur paisible petite ville est prise d'assaut par une bande de hors-la-loi. Tous les personnages emblématiques du western sont ici réunis : le shérif, le hors-la-loi, le pasteur et les habitants de la ville, dévots pour la plupart, envisagés quasi exclusivement du point de vue de Patrick."
Pendant la phase de recherches, Ivan Kavanagh et son équipe ont consulté un nombre important de photographies de l’époque. Ils ont alors été frappés par l’aspect des villes et de leurs habitants. Le cinéaste se rappelle : "Ce ne sont pas les villes de westerns classiques qui semblent souvent trop propres, mais des villes sales et aux rues couvertes de boue. On voit que des gens y ont vécu. C’est la réalité qui frappe, le fait que c’étaient des vrais gens avec de vraies inquiétudes et de vrais combats. Leurs épreuves et leurs combats se lisent sur leurs visages burinés par le temps. C’est parfois très émouvant de regarder ces photographies. Au cours du tournage, nous avons cherché à recréer cette sensation grâce aux acteurs, aux décors, aux costumes, à la photographie, à la musique et au son."
Le chef-décorateur John Leslie et son équipe se sont beaucoup inspirés des photographies d’époque pour tous les aspects visuels du film, plutôt que de se servir d’autres westerns comme référence. "Nous étions à la recherche d’une authenticité vécue : si quelqu’un avait pris une photo des décors avec un vieil appareil photo de l’époque, on aurait voulu qu’il n’y ait pas de différence. Pour moi, c’est le but ultime vers lequel tendre : réussir à créer une authenticité réaliste et sans concession, et en même temps des décors au service de l’histoire et de l’ambiance du film. Aucun décor n’a été construit en studio. Tous les bâtiments qu’on voit dans le film – intérieurs et extérieurs – sont de véritables bâtiments qui ont souvent été bâtis en partie avec les techniques de construction de l’époque", précise Ivan Kavanagh.
Never Grow Old a été tourné avec une caméra Arri Alexa en utilisant des éclairages naturels autant que possible et en privilégiant des couleurs riches et profondes. Pour se rapprocher de l’iconographie des années 1970 que le chef-opérateur Piers McGrail et Ivan Kavanagh se sont servis d’objectifs anamorphiques Panavision des années 70. "Dans ce cadre, l’authenticité viscérale qui caractérise le cinéma d’Ivan devrait permettre au spectateur de ressentir les aspirations, les tensions, les joies, les épreuves et les moments de violence que traversent les personnages au cours du film", note le réalisateur.
Les thèmes les plus profonds abordés dans le film sont l’immigration, la famille et les mesures que les gens sont prêts à prendre pour assurer leur sécurité et celle de leur famille. "L’histoire de Patrick est celle d’un immigré politique et économique qui fuit l’oppression brutale des Britanniques qui occupent l’Irlande et part à la recherche d’une nouvelle vie en Amérique, une terre d’espoir et d’abondance", précise Ivan Kavanagh.
La plupart des films du genre se passent en effet après la Guerre de Sécession, tandis que Never Grow Old a lieu en 1849, ce qui est assez inédit pour un western. Ivan Kavanagh explique : "Grâce à nos recherches, nous avons appris que les vêtements de la plupart des gens venaient tout droit d’Europe. Il s’agissait le plus souvent de vêtements d’occasion de sorte que les gens portaient des tenues vieilles de dix ans ou plus, constamment reprisées et recousues. Ils fabriquaient leurs propres vêtements et en changeaient rarement. La plupart des travailleurs, comme les fermiers, avaient une tenue pour travailler et une tenue pour l’église le dimanche. Les vêtements allaient rarement bien à leurs propriétaires, et ils étaient usés jusqu’à la corde."
Pour les extérieurs, Ivan Kavanagh et son équipe ont essentiellement tourné dans le Connemara, à l’ouest de l’Irlande (terre ancestrale du grand maître du western John Ford) et dans la région des Terres Rouges du Luxembourg. "Les couleurs et les textures de la terre et de la végétation des Terres Rouges constituent le cadre idéal pour la maison de Patrick et notre ville fictive de Garlow, sorte d’oasis posée sur la longue route qui traverse le continent américain en direction de la Californie, à l’est des Rocheuses. C’est là que nous avons construit la maison de Patrick et d’Audrey, à proximité de la «piste de la Californie» menant à Garlow. Nous avons bâti Garlow dans le Connemara et construit le saloon, l’église, le magasin de Schuster (avec intérieurs et extérieurs)", confie-t-il.