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AZZZO
301 abonnés
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2,5
Publiée le 16 novembre 2018
Des octogénaires chinois témoignent de la famine et des exactions commises par le régime maoïste lors du Grand bond avant. Le propos est fort mais la réalisation n'est malheureusement pas à la hauteur. Wang Bing se contente de poser sa caméra pour laisser parler ses interlocuteurs. Chaque témoignage dure plus d'une demi-heure, sans aucun mouvement. Il n'y a quasiment pas de montage pour supprimer les détails inutiles. On suit ainsi pendant plus de cinq longues minutes un berger longer un champs de maïs ou encore un homme chercher un vieux papier qu'il ne trouve d'ailleurs pas. On est loin de Raymond Depardon ou de Jean Rouch. Il n'y a pas de mise en perspective. C'est le niveau zéro du documentaire. Pour en savoir plus sur les horreurs de cette période, mieux vaut lire "Stèles rouges" de Yi Zheng ou la plupart des romans de Mo Yan et de Yu Hua.
Un chef d’œuvre, tout simplement. Wang Bing, dans ce très long film de 8h30, aborde les camps de « rééducation » dans la Chine maoïste entre 1957 et 1961 durant la purge des droitiers. Le film est pour moi clairement à la hauteur de Shoah, j’ai pu lire dans d’autres commentaires que le travail de mise en scène était inexistant et je me sens fermement d’un autre avis. La longueur du film n’a pas ici pour but la précision des témoignages, ceux-ci sont tellement longs que l’on sait à peu près tout des conditions de vie en général dans le camp au bout de deux témoignages, il faut donc chercher ailleurs la raison de cette accumulation des témoignages et de la longueur du film. Et c’est là qu’est pour moi le travail de cinéma et de mise en scène, la longueur du film se veut clairement représentative de la dimension nationale de ces purges et de l’immensité de la souffrance endurée par le Chine de Mao. Si l’enterrement que filme Wang Bing en première partie est si bouleversant, c’est parce qu’il filme plus que l’enterrement d’un simple ancien droitier, mais bien la mort d’un part entière de l’histoire contemporaine de son pays. Une autre scène me revient : des anciens détenus du camp reviennent faire une cérémonie clandestine en hommage à leurs camarades morts. Une découverte attise particulièrement le groupe, celle d’une petite pierre où l’on inscrivait le nom du mort, qui sont semées partout dans ce désert, mais où le nom de celui qu’elle portait est encore lisible. Wang Bing filme alors l’eau que ces vieilles personnes versent sur la pierre afin de rendre le nom lisible et de le déchiffrer, et nous voyons la pierre lavée de toute la poussière et du sable que le temps et le désert avaient posé sur elle. Si cette scène est si belle c’est parce qu’elle condense toute la volonté du film, de retrouver de restaurer et de laver un passé effacé. La longueur des scènes et des entretiens permet notamment à ces moments plus narratifs d’acquérir une incroyable puissance fictionnelle et métaphorique, comme cet ancien détenu rendu un peu fou depuis par l’alcoolisme mais qui possède dans son taudis un piano parfaitement propre, et qui le frotte et en prend soin comme s’il s’agissait de son âme. Le film regorge de ces moments, où la longueur et la précision des entretiens racontent une histoire qui semble tellement folle et lointaine que le film prend des tonalités quasi mythologiques. Pour moi, je le redis, il s’agit là vraiment d’une œuvre à la hauteur des souffrances et de l’histoire qu’elle choisit de raconter.
"Les âmes mortes" est un long documentaire consistant principalement en une succession d'interviews de citoyens chinois, considérés comme droitiers, ayant survécus à leur séjour dans des camps de rééducation à la fin des années 50, peu de temps après ce qu'on appelé "La campagne des 100 fleurs", initiée par Mao Tsé-Toung. Des camps où, en l'espace de 2 ans environs, 90 % de ces populations déportées sont décédées, de faim, de froid, de maladie. Osons le dire : si ce documentaire fait froid dans le dos, il faut quand même admettre qu'il y a énormément de redondance dans ce qu'on entend. On revient toujours sur la faim, sur le froid, sur les œdèmes, sur les rapports ou l'absence de rapports avec les familles. Si voir une des 3 parties présente un intérêt certain, il n'est pas indispensable de voir les 3. J'aurais tendance à conseiller le choix de la 2ème partie, même si la 3ème commence par un moment fort : l'interview d'un illuminé chrétien, excellent "comédien" par ailleurs, qui voit partout le combat entre son seigneur et Satan.
Nous n’avions pas osé nous enfermer 8h26 dans une salle au Festival de Cannes. Fort heureusement, le distributeur a fait le choix judicieux de découper son documentaire en trois parties pour les projections publiques. « Les Âmes Mortes » est un travail historique et précieux sur les purges de la Chine maoïste de la fin des années cinquante. Près du désert de Badain Jaran, environ 2500 prisonniers politiques ont trouvé la mort entre 1957 et 1961 dans le camp de la ferme de Jianbiangou, alors qu’ils étaient 3 000. Wang Bing a recueilli de longs témoignages de survivants se confiant sur ce qui s’est réellement passé. C’est donc là-bas qu’étaient envoyés tous les camarades communistes. Certains avaient juste le malheur d’exprimer leur avis sur les progrès de la révolution. Immédiatement considérés comme des ultra-droitiers, on les envoya dans un soi-disant camp de rééducation. Il n’y avait en réalité rien sur cette terre et il incombait aux détenus de tout construire. Il n’y a aucune mise en scène alors il est certain que le film est trop long et que la fatigue pointera souvent le nez du spectateur. Mais le réalisateur approfondi sans cesse ses recherches en relançant ses témoins de questions et en revenant les voir quelques années plus tard pour préciser au mieux les souffrances oubliées par les décennies. Si la faim était omniprésente dans le camp, les maladies physiques et mentales l’étaient de plus en plus. Le désespoir en aura même forcé au cannibalisme. Malgré son zéro pointé d’un point de vue cinématographique, « Les Âmes mortes » est une œuvre magistrale qui rend hommage aux 3 000 âmes perdues mais jamais oubliées. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Présenté en deux parties en séance spéciale lors du festival de Cannes 2018, c’est finalement en trois volets cumulant huit heures et demi de visionnement que le documentaire de Wang Bing a été distribué en salle. Les âmes mortes émerge de six cents heures de rushes et de cent vingt témoignages captés entre 2005 et 2008 puis complétés en 2016 auprès de survivants. Ce documentaire-enquête sur la période appelée « la campagne anti-droitiste » menée en Chine nait aussi de la fiction-reconstitution Le fossé (2010) que le documentariste chinois avait aussi réalisé. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
film documentaire indispensable sur les camps de travail en Chine. Une mise en parallèle avec "shoah" vient à l'esprit. Mais le film de Lanzmann est incomparable. Un grand film qui laissera des traces.