Le road movie raconte comment des routards tracent la route, des rencontres aléatoires, et bien souvent une quête d’un idéal libertaire. Mais surtout, le road movie raconte souvent la rencontre entre deux mondes : celui du routard et celui des sédentaires. Ça peut bien se passer ou être une catastrophe, mais un road movie suit un routard et le confronte aux sédentaires, que l’on va bien souvent forcer à prendre la route à leur tour, sans que rien dans leur vie ne les ait prédestinés à quitter leur petite vie bien rangée. Curieusement, ce Tu peux compter sur moi est indissociable du road movie : il en est l’exacte antithèse. On suit Samantha, mère de famille divorcée, qui travaille dans la banque du patelin où elle est née, habite la maison héritée de ses parents, passe au temple tous les dimanches… Samantha est très exactement le contraire d’un routard. Sa vie est éternelle, en quelque sorte, en cela que rien n’y changera jamais. Son frère Terry, lui, est routard. Le vrai, le pur, celui qui a besoin de bouger dès qu’il a un dollar en poche et ne peut s’arrêter plus de quelques heures. Et le jour où il doit se retrouver chez sa sœur, la rencontre classique entre ces deux mondes si différents est inversée. Ce n’est plus le sédentaire qui se retrouve poussé sur la route dans un road movie, c’est le routard qui se retrouve coincé à la maison dans ce qu’on pourrait appeler un home movie.Et finalement, c’est sans doute là le grand intérêt de ce film : que peut-il advenir lorsqu’un nomade perpétuel se retrouve sédentarisé ? Dans les road movies, la seule chose susceptible d’arrêter durablement un routard, c’est la prison. Et, finalement, quelque part… ici aussi. Hélas, le gros problème de ce film, c’est que, à coté de cet anti-road movie qui renverse habilement le point de vue ordinaire du cinéma américain, on a pas mal de guimauve assez écœurante qui, en enchaînant les scènes lentes et assez caricaturales, laisse au spectateur l’impression de s’être pas mal emmerdé.