Un démarrage un peu lent pour ce grand Opus de Mocky, qui s’emballe ensuite et déroule sur un rythme endiablé. On suit un trio de sorte de « Pieds Nickelés » même si leur leader est un professeur émérite de lycée, féru de culture, qui est atterré par la faible culture de ces élèves, formidable Bourvil qui retrouve la verve, la dynamique du « Paroissien » , avec son petit côté troublant , coquinet diablotin, irrévérencieux et malicieux. Nous sommes en 1968 et Mocky s’inscrit dans la lignée du mouvement, en critiquant férocement la télévision en pleine croissance, que regardent le enfants le soir à la maison ce qui fait que ceux-ci s’endorment en classe. Il se lance dans une opération « terroriste » de destruction des antennes TV de chacun des parents de ses élèves, sur les toits parisiens. C’est désopilant et féroce, son compère un dentiste obsédé sexuel, joué par Francis Blanche, lui aussi au Top de son jeu. Le film prend toute sa dimension avec l’arrivée de Jean Poiret en PDG d’un groupe de médias privés (prémonitoire Mocky) . Le film n’a pas vieilli d’un poil, on pourrait mettre de noms contemporains sur le rôle de Poiret. Celui-ci très imbu de sa personne veut éliminer les pieds Nickelés qui nuisent à son business. Un rythme forcené, des gags à profusion et bien sûr Mocky en roue libre, en anar, rebelle (il fait partie de ceux qui feront annuler le festival de Cannes , cette même année 68) . Il défend la culture, l’intelligence, contre la bêtise et la culture de masse. Il fait d’ailleurs hisser un drapeau noir/corsaire sur les toits d’un immeuble parisien ,par Francis Blanche à la fin de sa mission. Les acteurs sont absolument au Top ( Lonsdale , Tissier ) et Mocky encore une fois les dirige d’une main de maitre , tous se donnent à fond pour lui, y compris le seconds rôles. Le scénario original reste contemporain, et le film monte en intensité vers la fin, pour finir comme un feu d’artifice sur la Tour Effeil. Un très bon millésime de Mocky, qui va bien au-delà de la simple comédie que l’on s’attendait à voir , un de ses meilleurs films , à redécouvrir.