L'Oeil du tigre est le premier long-métrage de Raphaël Pfeiffer. L'idée du film s'est imposée à lui après qu'il a rencontré Laurence Dubois par le biais d'un ami. Alors qu'il envisageait de lui consacrer un portrait d'une dizaine de minutes, il s'est vite rendu compte que la personnalité riche de son sujet méritait un traitement plus approfondi : "Le sport était un peu secondaire, il y avait chez elle quelque chose de fascinant, notamment dans son rapport à sa famille. Cela touchait à des thèmes qui dépassaient le quotidien d’une personne en situation de handicap. Il fallait creuser, il fallait rester, filmer".
L'Oeil du tigre met en scène Laurence, née avec un glaucome. À 17 ans, elle perd son premier oeil puis devient complètement aveugle à 33 ans. Paradoxalement, cette cécité lui permet de se lancer dans le sport qu'on lui avait jusque-là interdit à cause de sa fragilité oculaire. Le réalisateur explique : "Laurence a toujours été fan des sports de combat, des films d’action, elle connaît par coeur la filmographie de Sylvester Stallone ! [...] Elle symbolise cela dans son rapport à la victoire, au succès, elle a intégré pas mal d’éléments de narration de ces films-là. Elle est aussi très coquette, mais son sens de la mode s’est arrêté quand elle a perdu la vue : elle se teint les cheveux en rouge, elle porte le manteau qu’on voit dans Matrix, etc".
Le titre du film est une référence à la chanson phare de Rocky III interprétée par le groupe Survivor. Laurence Dubois est en effet fan de Sylvester Stallone et des films d'action des années 80.
Les prises de vue ont été faites en plusieurs sessions qui ne dépassaient pas deux semaines. Elles ont été réalisées avec des caméras Red. "On a filmé sans éclairage, il y a une grande résolution qui permet de tourner en basse lumière, et une grande richesse dans le contraste. Mais la lourdeur de la caméra, qu’on ne peut pas tenir à la main, nous forçait à nous rapprocher d’une prise de vues de fiction : on ne peut pas s’agiter, si l’on choisit de filmer quelqu’un, on est obligé de rester sur lui, même s’il se passe quelque chose ailleurs…", explique le réalisateur.
C'est la Fondation VISIO qui a financé la mise en audiodescription du film afin qu’un maximum de personnes déficientes visuelles ou aveugles puissent découvrir l’histoire vraie de Laurence. La Fondation VISIO, implantée à Angers, qui lutte contre les maladies cécitantes et développe de nouvelles technologies d’aide et d’assistance à la mobilité des personnes déficientes visuelles, intervient également depuis plusieurs années auprès des réalisateurs et des maisons de production afin de les inciter à avoir recours de manière beaucoup plus fréquente à l’audiodescription de longs métrages.