Film d'horreur original dans ses idées et son traitement, le "Candyman" de 1992 avait été quelques peu souillé par des suites médiocres. 20 ans plus tard, on apprend que Jordan Peele, le nouveau maître de l'horreur sociale et politisée, va produire et écrire une nouvelle version. On en salive d'avance ! Alors, quid de ce "Candyman" version 2021 ? D'abord, chose étonnante, il ne s'agit pas d'un remake mais d'un requel. Comprenez par là, un reboot qui fait explicitement suite au film d'origine, se basant sur ses événements et ses personnages mais sans tenir compte de ses suites. L'intrigue se déroule donc en 2019, où un artiste de Chicago en mal d'inspiration entend parler du célèbre tueur au crochet et des légendes associées. Il va évidemment réveiller la bête... "Candyman" bénéficie d'une mise en scène indéniablement soignée. La photographie est très propre, les acteurs font le job, et plusieurs scènes de mise à mort sont très inventives visuellement. Là où le bas blesse, c'est pour le reste... Le film de 1992 traitait du street-art et des légendes urbaines, et présentait Candyman comme un esprit violent, existant à travers la peur qu'il inspire, et se manifestant quand on doute de lui par la fameuse incantation devant un miroir (gimmick aussi efficace que génial !). Dans cette version 2021, Candyman est devenu un vengeur se battant principalement contre le racisme et les violences que subissent la communauté noire, principalement par les policiers. Pourquoi pas, c'est à la mode. Sauf que c'est ici abordé avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Les répliques ou l'intrigue sont assez grossières, ne laissant que peu de marge d'interprétation. Tandis que le film flirte dangereusement, voire bascule complètement dans le racisme anti-blanc gratuit. La plupart des "Caucasiens" étant des personnages (très) peu sympathiques, et constituant l'immense majorité des victimes de Candyman. Alors il y a bien une critique envers les artistes pseudo-branchés qui participent à la gentrification des ghettos. Mais d'une part ce n'est encore une fois pas très subtil. D'autre part, il s'agit d'une mise en abyme bien étrange, le film étant lui-même une tentative de reconstruire de manière esthétique et politisés une franchise laissée à l'abandon ! Enfin, elle a beau être jolie, cette version de 2021 souffre de la comparaison quand elle tente d'imiter son aîné. Tony Todd (qui n'apparait ici que quelques secondes) a infiniment plus de classe que les nouveaux acteurs. Tandis que la BO tente de référencer l'instrumentation des magnifiques composition de Philip Glass, sans leur arriver à la cheville. Parti avec un bon potentiel, "Candyman" édition 2021 est donc malheureusement une déconvenue amère.