Après un passage du côté de chez Marvel, les frères Russo avaient à cœur de pouvoir enfin montrer leur véritable talent. Et c'est exactement ce que l'on ressent après le visionnage de "Cherry". C'est un film avec une certaine ambition artistique, et on ressent clairement l'envie des réalisateurs de prouver quelque chose durant la totalité du film. Que ce soit au niveau du style visuel, mais aussi au niveau du ton et de l'écriture. On y ressent même une certaine prétention sur certaines séquences, il faut bien l'avouer. Cependant, je serai de très mauvaise langue de dire que je n'ai pas apprécié le résultat. Porté par un excellent Tom Holland (qui avait à prouver lui aussi, car il montre qu'il peut avoir un minimum de charisme), le film est totalement centré autour de son personnage principal. Nico Walker est un héros que l'on apprend rapidement à apprécier durant la première partie du projet, et que l'on aura donc du mal à voir sombrer dans la deuxième partie, mais au sens positif de la chose. Tout le film tourne autour d'une envie de montrer l'horreur de la guerre avec un profond respect, mais surtout les répercussions psychologiques pour ces soldats. Si on y voit un aspect se rapprochant un poil de "Forrest Gump" sur la première partie, tout change dès le lancement de l'intrigue principal. Les séquences de guerre sont certes peu nombreuses, mais elles suffisent clairement à marquer de par leur aspect très cru. On est très rapidement pris dedans, et on n'aura donc aucun mal à suivre la descente aux enfers de notre héros. Tout se fera d'une manière assez intelligente, dans une envie qui va à l'encontre même du cinéma basique hollywoodien. C'est peut-être encore une des idées des frères Russo pour se démarquer, mais faire un film qui dénonce autant le système militaire américain n'est pas si commun. Généralement, on cherche très souvent à le vanter et à être à la limite de la propagande. Le ton est donc plutôt intéressant, car assez peu vu dans ce domaine-ci. Le seul bémol va peut-être venir du final à vrai dire, qui sera un peu vite expédié, malgré sa symbolique.
Je comprends que l'on veut témoigner de la libération de notre personnage, de son évolution vers le positif. On met cette scène en parallèle avec la scène où il revient de la guerre. Dans celle-ci, il était acclamé et décoré, mais ce fut pourtant le début de l'enfer pour lui. Mais dans cette dernière séquence, il est seul, personne ne l'attend à part Emily. Ce n'est peut-être pas flamboyant donc, mais bien plus prometteur pour lui. Sur le papier, j'avoue donc avoir beaucoup apprécié la symbolique. Mais dans les faits, cela passe beaucoup trop vite à mon sens. Il change totalement de point de vue sur sa vie actuelle en une seule scène, celle qui précède le braquage. Et toute la partie qui témoigne de sa renaissance est montrée dans un montage musical qui ne nous fait pas vraiment ressentir son changement. L'idée était donc bonne, mais l'exécution me laisse un poil perplexe. Et encore, j'ai vraiment du mal à accepter l'idée que la prison a été bénéfique pour lui, par rapport à la guerre. C'est vraiment préféré la peste au choléra.
Cependant, c'est le seul vrai défaut que j'ai trouvé à redire sur ce film. Tout le reste est de très bonne qualité. La mise en scène des Russo par exemple, qui viennent vraiment montrer qu'ils ont plus de talents que l'on veut bien nous le faire croire. C'est donc un assez bon moment que j'ai passé devant ce film, et que je vous recommande. C'est un long-métrage qui prend beaucoup de choses à contre-pied, et plutôt de la bonne manière. Pour conclure, une belle petite expérience.