« J’irai où tu iras », après un début hésitant, finit par dessiner très finement le portrait de ces deux sœurs, qui ainsi vont se révéler à nos yeux, entre souffrance et solitude, et ce avec surtout beaucoup de justesse et d’émotion...
Géraldine Nakache en tant que réalisatrice, a ciblé avec beaucoup de tact et d’exactitude, tout ce qui fait la nature humaine dans sa complexité, que ce soit au niveau de son rapport à soi-même et évidemment également par conséquence aux autres.
En effet, toute la problématique de la différence, tant au niveau du caractère, du vécu, de l’éducation, et de l’enfance rejaillit ici dans ce que ces deux jeunes femmes ont à nous montrer et à nous prouver d’elles-mêmes.
Si l’une est distante, fermée et verrouillée, alors que l’autre semble plus ouverte et chaleureuse, est-ce si évident que cela si on creuse vraiment ?
N’a-t-on pas à faire à une façade qui se craquelle doucement au fur et à mesure des retrouvailles de ces deux sœurs ?
Si l’on comprend ce que vit et traverse chacune, aucune des deux ne détient la vérité, d’autant plus que les fêlures de la vie auront des répercussions différentes sur leur état d’âme, sur leur comportement.
Si l’une semble plus fragile et l’autre plus forte, rien n’est moins sûr que ce soit l’inverse sur le fond !
Qui est réellement la plus égoïste des deux ?
Tout est en effet dans l’image et dans le désir d’y être fidèle et conforme afin de correspondre aux attentes de l’autre sans le décevoir ou le surprendre !
Leila Bekhti et Géraldine Nakach à ce jeu, sont parfaites et d’une sensibilité rare, et si on ajoute le très délicat Patrick Timsit en père aimant qui cache sa maladie et son angoisse en jouant de lui-même et avec lui-même, on finit par avoir un trio tendre et très touchant !
Il est même étonnant d’aborder la relation humaine avec autant de simplicité et de vérité, sans qu’aucun artifice ou rebondissement facile ne viennent entacher ou caricaturer cette histoire, au fond presque banale, mais tellement proche de tout un chacun.
Entre moments drôles, plus difficiles et éprouvants, cette comédie nous atteint donc profondément en mettant à nu mais avec beaucoup de pudeur, toute la difficulté de communiquer afin de surmonter le danger de la solitude...
Un très beau film sans esbroufe, sans chichi mais tout simplement essentiel et juste !