Nouveau et apparemment ultime rejeton d'un univers qui n'aurait jamais dû exister ce Kraven a beau se la jouer plus grand chasseur de toute la planète il a pourtant du mal à pister assez de spectateurs pour combler les salles le projetant. Un comble.
Après les larcins qu'ont été les comédies Venom, le suceur de dollars Morbius et la Madame Web qui n'a même pas réussit à prédire son flop, je me suis rendu compte que l'on m'avait enlevé mon âme très lentement, c'est donc dans un état de décomposition avancé et les yeux toujours saignants que je me lance dans cette traque vendue comme frénétique.
Tout sur le papier attise la curiosité. Rien de mieux
que J. C. Chandor pour sauver cet univers du naufrage et de la dérive mortelle en pleine mer, ceux qui ont vu son chef d'œuvre All is Lost comprendrons, mais a t'il les épaules pour faire face à un studio détruisant toute vision créative ? A voir...et surtout rien de mieux qu'Aaron Taylor Johnson, nouveau maître étalon du charisme, pour donner vie à l'un des seuls personnages de l'univers de Spider-Man qui mérite légitimement un film rien qu'à lui. De quoi rendre confiant, mais les premières secondes avec ce maudit logo Sony qui apparait à l'écran peut détruire à lui seul toute envie d'espérer.
Après ces 2h deux constats. Le premier c'est que Kraven est insipide, visuellement lisse, toute vision artistique tombant dans un néant absolu, si ce n'est quelques jolis plans bien emballés ainsi que les 30 premières minutes quasi irréprochables. Techniquement rien ne ressort, rien n'attire le regard, rien n'imprègne notre rétine ni même nos oreilles. Ce qui a été fait précédemment s'en retrouve respecté si on peut dire.
Mais à côté de ça j'ai cru retourner en enfance. J'ai toujours aimé Kraven, je garde surtout le souvenir de ses apparitions dans la série animée Spider-Man des années 90, d'abord ennemi puis allié, et surtout la version papier vue dans la dernière chasse de Kraven dont la couverture me hante encore. Et donc second constat, c'est le seul volet de cette saga qui donne l'impression de se soucier de ce qui a été dessiné, écrit, et imaginé depuis la création du personnage. L'intrigue n'est pas à la hauteur et n'est que prétexte à une énième origin story, le rythme est en dent de scie ou de lion, mais le plaisir de voir ce personnage prendre vie est bien là.
Ce Kraven est hargneux, violent, agile, tue à main nue ou à pleine dents, il n'est certe pas un tueur d'animaux ce qui en gênera plus d'un mais il se revendique comme chasseur et tueurs d'humains parmi les plus dangereux, les barons du crimes et autres assassins tombant les uns après les autres.
Pour le reste du casting et des personnages, quel plaisir de retrouver Russel Crowe et Alessandro Nivola, et on se lèche les babines avec ce superbe Rhino à l'écran, bien que trop peut présent.
Durant cette chasse je n'ai donc pas pris mes jambes à mon cou contre toute attente, je suis resté caché et j'ai pu assister au spectacle avec un plaisir non dissimulé. C'est divertissant et ça ne donne pas l'impression de se moquer de nous.Tout en restant relatif c'est indéniablement le meilleur volet de cette horrible saga.