Un Vrai bonhomme est beaucoup de choses, une chronique sur l’adolescence, un film sur la relation entre frères de la même famille, une œuvre sur le deuil. Un Vrai bonhomme est beaucoup à partir de choses si simples, de procédés a priori si anodins qui construisent non pas un simple récit mais une expérience de cinéma bouleversante dans laquelle nous, spectateurs, vibrons à l’unisson d’un cœur qui bat, dont les pulsations ralentissent ou s’accélèrent brutalement, d’un esprit qui trouve dans la projection imaginaire du traumatisme – un traumatisme au visage d’ange – à la fois un modèle et un contre-modèle. Rares sont les premiers films à imposer une telle vision, précieux sont ces films qui annoncent la naissance d’un grand réalisateur, Benjamin Parent. Son long métrage est un appel à la vie, l’élan pris trop vite, un poing de côté puis le souffle retrouvé. Il ne prône pas la performance à tout prix, non il saisit les égarements d’un jeune homme qui se cherche, en quête d’un affranchissement et d’une renaissance à soi ; l’identité se révèle par à-coups, en buttant sur l’existence et les artifices d’un lui plaqué sur un moi. Les acteurs sont en état de grâce. Mention spéciale aux deux jeunes comédiens, Thomas Guy et Benjamin Voisin. Mention spéciale, aussi, aux deux comédiens confirmés, Isabelle Carré et Laurent Lucas. Il leur suffit d’un regard, et tout est dit. Un Vrai bonhomme, chef-d’œuvre.