La Zone d'intérêt se concentre à la fois sur la vie de famille du commandant SS Rudolf Höss et sur un territoire aux abords du camps d'Auschwitz qui s'appelait la zone d'intérêt.
L'œuvre nous montre comment la banalité peut co-habiter avec l'industrialisation d'un massacre.
Quand le film commence, Rudolf Höss travaille déjà en tant que chef du camps nazi d'Auschwitz Birkenau. Poste que l'on peut considérer comme haut placé.
Le film se compose de deux parties, la première prendra fin quand Höss sera nommé à un grade supérieur. Elle se déroule uniquement dans la zone d'intérêt
Des éléments évolueront de la première à la deuxième partie, tandis que d'autres disparaîtront. Comme la nature, au début fleurie, qui périra, et les couleurs qui deviendront froides alors qu'elles étaient chaudes.
Dans la seconde partie, les enfants ne seront plus visibles tandis qu'ils jouaient constamment dans la première partie.
Tout au long du film, nous ne verrons jamais ni l'intérieur du camp, ni de vraies scènes de violence.
Pourtant des éléments rappellent constamment au spectateur que l'horreur est proche. Ce qui, dès le début du film, créera chez le spectateur une forme de préoccupation qui se mêlera vite à de la frustration.
Par exemple des plans larges découpés en deux qui montrent : d'un côté la famille épanouie du commandant d'Auschwitz et de l'autre les murs du camp avec parfois la fumée de cheminée du crématorium.
Des plans qui font ce parallèle seront très souvent utilisés. Ils donnent l'impression de voir d'un côté la famille et d'un autre le camp d'Auschwitz, pourtant nous ne le voyons jamais vraiment, mais nous sentons constamment sa présence.
Cela génère chez le spectateur une sensation d'enfermement à la fois physique car il est constamment bloqué à l'extérieur du camps, mais aussi de perspective dans l'histoire qui ne changera pas. Paradoxalement tous ces éléments vont agacer le spectateur de ne jamais voir concrètement le massacre
Ce résultat est obtenu en partie par le son : tirs pour exécuter, hurlements, bruit que fait le crématorium en fonction.
D’une autre, la musique qui ressemble à des hurlements en orchestre qui interviennent brusquement dans la bande son.
Les murs du camp qui sont souvent montrés au spectateur, la fumée des corps de juifs brûlés qui monte dans le ciel, le commandant SS qui observe quelque chose dans l'eau lors d'une séance de pêche, ce qui force le spectateur à imaginer ce qu’il a vu et on s'en doute, c'est peut être des cadavres.
Une catégorie d’éléments à part entière titillent le spectateur à imaginer la violence, sauf que dans ces cas là, aucun élément ne peut le justifier.
Le spectateur en vient à la spéculation.
Lors de la séance de pêche du commandant, nous n’avons absolument aucun indice pour dire qu’il s’agit de corps.
Par la suite, quand les enfants prennent des bains car ils se baignaient au même moment, nous n’avons aucune preuve, même subtile, qu’il y avait un rapport avec l’extermination. D’autres scènes de nettoyages dans le film laissent le spectateur imaginer que les allemands se lavent car ils étaient peut-être en contact avec des juifs. Encore une fois, rien ne le prouve.
Ce phénomène s’applique aussi pour les histoires que le commandant SS raconte à ses enfants, on s’interroge si les scènes diffusés à l’écran sont réelles.
Cette impression d’enfermement que donne le film provient aussi des personnages car nous sommes coincés dans leur vie et leur indifférence exprimées par une banalité omniprésente : des scènes de jeux entre enfants, des scènes du quotidien comme les repas, les échanges, les fêtes de famille, la douceur entre une mère et son nouveau-né, des activités paisibles comme des baignades ou du bronzage.
Alors que nous spectateur, nous imaginons constamment le pire.
Le film nous coince à vivre la violence dans notre esprit.
La seconde partie ne se limitera plus à la zone d'intérêt. Le spectateur vivra plus souvent le film par la perspective du commandant SS. Elle expose d'une autre manière les émotions contradictoires du spectateur. Elle est censée être la partie la plus désagréable, car les sujets de la guerre et des massacres sont réellement présents. Pourtant elle soulagera le spectateur de ne plus être piégé dans le mécanisme de la première partie. Tandis que le commandant SS paraîtra de plus en plus préoccupé, car comme la suite le confirmera, le camp d’extermination lui manque.
Souvent la femme du SS Rudolf Höss, Edwig Hensel, transportera le sujet de la nature dans le scénario.
Lors des premières scènes elle dira aux enfants de ne pas aller dans un champ car elle a probablement identifié une plante comme des ronces ou des orties (chose qu’on peut supposer qu’à la fin du film).
Peu de temps après elle fera sentir a son nouveau-né l'odeur de différentes fleurs. En plus des images, les dialogues confirmeront qu'elle fait de nombreux efforts pour son jardin et ses nombreuses plantes, autant dans un intérêt décoratif que alimentaire car il y a aussi un potager avec des légumes pour les enfants.
Durant le film elle accueillera sa mère, personnage qui dès son arrivée dans le scénario montre une préoccupation par rapport au camp. Elle demandera à sa fille pendant qu'elle visitera les lieux, si le mur au bout du jardin est celui d'Auschwitz.
Sa fille lui dira d'observer les fleurs qu'elle a fait pousser pour orner le mur…
Mais les fleurs ne se limitent pas à Edwig.
Les fleurs concernent surtout la zone d'intérêt et illustrent la beauté de la nature qui entoure le camp d'extermination. De plus, lors d'une discussion téléphonique du commandant SS Rudolf Höss, il dira que les arbres de lilas ont été placés autour du camp pour l'embellir et que si des SS en veulent, ils ont l’interdiction d'abîmer la plante en l'arrachant entièrement.
Les fleurs sont souvent admirées ou senties par les personnages.
Une scène montre des personnages à cheval qui cherchent une espèce rare de héron originaire d'Asie tandis qu'un convoi de prisonniers juifs est perceptible grâce à la bande son.
Le film fonctionne par des parallèles.
Les paradoxes entre la beauté qui entoure le camp et l'horreur à l'intérieur de celui-ci. La banalité face à un massacre historique.
Le film est esthétique, au début les couleurs chaudes et la beauté de la nature sont censées réjouir le spectateur, alors qu’il est presque torturé par ce qu’il imagine constamment.
Les fleurs très présentes, symbolisants la vie et l’amour alors que la mort et la haine sont proches.
Si on ne supporte pas ce film, c’est que nous ne sommes pas des nazis.
La première partie, la plus difficile, nous plonge dans leur peau, tandis que la deuxième nous prouve que nous ne le sommes pas.
Le commandant lui, montre qu’il l’est, car pendant une luxueuse soirée de la haute société, il réfléchira à comment gazer les participants.
Le mémorial d'Auschwitz est un monument aux morts. Dans la scène où il apparaît, on pourrait croire qu'il existait pendant la guerre, à l'époque de l'holocauste, mais qu'il servait de musée dont les nazis pouvaient être fiers.
L'écran noir à la fin du générique était si long que j'ai cru que le projecteur avait un soucis.
Il annonce la couleur, dans tous les sens du terme.
Ce que le film sera : un enferment dans le noir.
Un noir avec du rouge, comme les couleurs SS.